L'Assemblée générale de la Banque de Tunisie s'est déroulée mardi 26 mai 2009 à l'Acropole aux Berges du Lac. Une Assemblée présidée par Alia Abdallah, PDG de la banque, en présence d'un très grand nombre d'actionnaires. Au vu des résultats de la banque pour l'année 2008, au vu des commentaires des quelques actionnaires qui ont pris la parole au cours de l'Assemblée et au vu de l'optimisme et de l'enthousiasme dont fait preuve la PDG, la BT semble faire le bonheur de sa famille. Au point que l'un des actionnaires présents a déclaré, au cours de l'Assemblée, tout en soulignant sa fierté : la Banque de Tunisie est la reine des banques. La Banque de Tunisie évolue. Elle communique mieux, elle semble plus ouverte sur son environnement et s'est éloignée de son vase clos qui a un peu trop duré. Son PNB est passé de 103,977 MDT en 2006 à 115,894 MDT en 2007 et à 125,837 MDT en 2008. Son résultat net est passé l'année dernière à 62,788 MDT contre 39,885 MDT en 2006 et 60,153 en 2007. Ces résultats ont une incidence directe sur le titre boursier de la banque qui est passé de 65,200 dinars en 2004 à 111,030 à la fin 2008 et à plus de 135 dinars à la date du 26 mai 2009. Une évolution conséquente qui fait le bonheur de tout actionnaire. Au vu de ces signaux, tous au vert, Alia Abdallah aborde l'Assemblée sur du velours. Et ceux qui cherchaient à l'"agacer" en ont eu pour leur frais. L'un des actionnaires interroge ainsi la PDG si la suppression du prix Abou El Kacem Chebbi était liée à la crise internationale. «Combien nous sommes difficiles ! Vite, vous évoquez la crise ! Mais vérifiez d'abord !», répond tout de go Mme Abdallah avant d'inviter par la suite son actionnaire à suivre le journal de 20 heures et à lire les journaux tunisiens. Il se trouve que ces journaux ont couvert en long et en large la remise des prix de ce prestigieux concours qu'organise la Banque de Tunisie en coordination avec le ministère de la Culture. Un prix dont le montant a été augmenté, précise Mme Abdallah en soulignant qu'en tant que banquière, elle ne peut juger de la qualité des poèmes envoyés et que le ministère de la Culture est nettement plus apte pour ce faire. Un autre actionnaire l'interroge pourquoi a-t-elle choisi les Berges du Lac pour abriter l'Assemblée. « Un peu, et on va me dire que le rideau choisi pour égayer la salle n'est pas joli », réplique Mme Abdallah. Il est évident, et elle l'a souligné, que certains ne trouvant rien à redire quant aux résultats de la banque, essayent de chercher "la petite bête". Ou, plutôt, de faire savoir qu'ils n'ont rien à dire. Curieusement, ce ne sont pas ceux qui nous ont habitués à "pimenter" les assemblées avec leurs sévères critiques, qui sont derrière ces quelques questions. On pense notamment à Mohamed Riahi et à Mustapha Chouaïeb, deux actionnaires qu'on voit dans plusieurs assemblées et qui commencent à devenir les "bêtes noires" de certains dirigeants. On se rappelle encore de la sortie de M. Riahi à l'AG de l'UBCI où il est administrateur (voir notre article à ce sujet). Ainsi, Mohamed Riahi a entamé son intervention par une belle série d'éloges à l'égard du management de la banque, rappelant ses excellents chiffres, les promesses formulées et tenues de la PDG, les prix obtenus à Londres et aux Etats-Unis. Il ne manquera pas de rappeler aussi que Alia Abdallah a été élue banquière de l'année. Applaudissements dans la salle. Il s'interrogera cependant pourquoi d'autres banques ont eu l'ISO et pas la BT et l'apport du CIC faisant remarquer que certaines opérations de cet important actionnaire français de la BT se font ailleurs. Le même invite l'Astrée, filiale de la BT à être plus présente dans le pays avec une meilleure visibilité et une meilleure publicité. Il suggèrera également de placer l'emblème "Groupe BT" devant certaines filiales du groupe dont Carthago. Mohamed Riahi ne manquera pas, à la fin de son intervention, d'adresser ses remerciements au personnel qui, sans lui, ces résultats n'auraient pu être obtenus. Il est vrai, et Mme Abdallah le soulignera plus tard (voir plus bas), que sans ce personnel, la banque n'aura jamais pu atteindre ces résultats. L'autre actionnaire, qui nous a habitués à ses interventions sévères, est Mustapha Chouaïeb. Alia Abdallah ne le sait que trop et ne manquera pas de le lui dire par la suite : « Si Mustapha, l'AG n'est jamais belle sans vous ! ». Mais de critique sévère, on n'en verra point ou presque. Il souligne haut et fort que l'on n'a pas de problèmes à la BT puisque ces problèmes ont été supprimés. Merci qui ? Suivez son regard. Le même propose d'augmenter le capital d'une manière importante (125 MDT) quitte à réduire le dividende de 3 dinars à 1,4 dinar de telle sorte que le reliquat serve à l'augmentation. La salle, habituée à un Chouaïeb d'un autre genre, est surprise et ne manque que de se pincer pour croire ce qu'elle entend ! Il achève son intervention en conseillant ses pairs de ne jamais vendre leurs actions, c'est le meilleur placement. Il le dira trois fois en faisant remarquer qu'un portefeuille qui valait 200 dinars en 1986 vaut actuellement 70.000 dinars ! En dépit des éloges qui lui ont été adressés, Alia Abdallah a tenu à apporter des précisions sur son action. « Est-ce normal que vous me demandez pourquoi je provisionne ? Nous, on connait la responsabilité ! Vous devez m'applaudir ! ». La salle l'applaudit chaleureusement. Et Mme Abdallah de continuer les explications de sa démarche, soulignant qu'elle tient à être digne de la confiance de ses actionnaires. Elle abordera ainsi les questions de la réduction du TMM, le surcroît de travail, la nécessité que certains fassent preuve de sacrifices, mais aussi la question de la culture de la banque caractérisée par l'absence de son sens commercial. « Chez nous, on attendait que le client vienne chez nous, dit-elle. Et bien ! Les choses ont changé ! Et Dieu sait combien il est difficile de changer une culture ». Elle soulignera également qu'elle visite tout le temps les agences et les bureaux et qu'à 8 heures, lorsque le personnel arrive, elle est déjà là. A propos de personnel, elle soulignera son engagement et sa présence à des heures tardives le soir. « On travaille nous ! », dit-elle. Il est vrai, et nous en témoignons, que son personnel est engagé pleinement pour réussir avec elle les objectifs fixés. Des engagements sans limite sont observés chez des salariés de la banque comme Héla Bousnina (débauchée d'une autre banque) ou l'homme de médias Karim Ben Amor qui, là où ils vont, essaient de médiatiser l'avancement de la banque en faisant preuve d'une extraordinaire volonté de la hisser vers le meilleur. C'est cet engagement que Alia Abdallah ira chercher auprès des actionnaires. « Mais regardez combien nous sommes nombreux, dira-t-elle à l'assistance. Si chacun de vous ramène des clients, on multipliera nos résultats par 3 ou 4. Travaillons la main dans la main et que les clients-actionnaires nous soutiennent et cessent de vouloir récupérer de la main droite ce qu'ils ont perdu de la main gauche ». Il est clair, au vu de ses réponses, que Alia Abdallah n'est pas allée par quatre chemins pour dire ce qu'elle pense et montrer la voie qu'elle s'est tracée. De quoi donner l'exemple à plusieurs autres PDG. Ou, comme l'a dit un actionnaire au début de la séance des questions-réponses, la Banque de Tunisie est la reine des banques et on demande aux autres banques de suivre son exemple. C'est tout un exemple ! Nizar BAHLOUL