La Tunisie commémore, mardi 6 avril 2010, le 10ème anniversaire du décès du Leader Habib Bourguiba, premier président de la Tunisie indépendante. Sans lui, la Tunisie d'aujourd'hui ne serait jamais comme elle l'est : moderne et en avance sur moult pays arabes et européens. La femme tunisienne également. Elle a obtenu son droit de vote avant la Portugaise, la Monégasque ou la Suisse et le droit à l'avortement avant la Française ! Que serait la Tunisie sans le Code du Statut Personnel ? Imaginez le nombre de Tunisiens et leur situation matérielle, s'il n'y avait pas de Planning familial ! Que serions-nous devenus si l'Education n'était pas gratuite et obligatoire ? Le Tunisien vivrait-il aussi longtemps si le système de Santé n'était pas gratuit et accessible à tous ? Après lui, Zine El Abidine Ben Ali a poursuivi le chemin, sans remettre en question absolument aucun de ces acquis. Il a consolidé et ajouté, reconnaissant toujours l'apport de son prédécesseur à qui il a décidé, le 25 mars 2010, l'élaboration d'un « programme varié en vue de mettre en exergue les qualités du Leader disparu ainsi que ses contributions à la libération du pays et à l'édification de l'Etat national moderne ». Feu Habib Bourguiba, né le 3 août 1903 à Monastir, est devenu, à l'âge de 31 ans, lors du célèbre congrès extraordinaire du Parti, le 2 mars 1934 à Ksar Hellal, secrétaire général du Néo-Destour, dirigé par feu Mahmoud El Materi. Après les flux et reflux ayant marqué le mouvement national de la lutte pour la libération, la Tunisie finit par obtenir son indépendance le 20 mars 1956. Et c'est Bourguiba qui est chargé, le 14 avril de la même année, de former le premier gouvernement de la Tunisie indépendante. Ainsi, après avoir été Premier ministre de Lamine Bey, Bourguiba décide de proclamer le régime républicain, le 25 juillet 1957 dont il est désigné président avant d'être largement élu le 8 novembre 1959. Après l'élection de l'Assemblée constituante, le 8 avril 1956, la promulgation du Code du statut personnel (CSP), le 13 août 1956 et la promulgation de la Constitution le 1er juin 1959, Bourguiba entame la marche inexorable vers la mise en place de l'Etat moderne. Prônant un modèle unique en son genre, à l'époque, il met en place, progressivement, mais assez rapidement, les piliers d'un Etat moderne.et rationnel. Le pays est, désormais, divisé, en 14 gouvernorats dotés d'une administration moderne. La priorité est donnée, contrairement à plusieurs autres pays, même parmi le voisinage, à l'éducation et à la santé au détriment de l'armement. En effet, l'école devient publique et gratuite, les soins de base et la santé, en général, sont à la portée de tous, les femmes accèdent, grâce au CSP, à un statut inédit dans le monde arabe, voire dépassant celui des Françaises dans certains domaines, la polygamie est interdite, le divorce autorisé et l'avortement légalisé. Surnommé le « Kemal Attaturk » des Arabes, Bourguiba a le mérite d'avoir osé et anticipé sur son époque sans avoir peur de choquer parfois. Comme c'est le cas lors de l'instauration de la politique du planning familial dont un Office a été créé à cet effet. Et après l'épisode raté, à la fin des années soixante et le début des années soixante-dix, de la collectivisation décidé par le super-ministre de l'époque Ahmed Ben Salah, Bourguiba a l'audace et le courage de changer complètement de cap (180°) en faisant appel à feu Hédi Nouira, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et réputé pour ses orientations d'économiste libéral, au poste de Premier ministre. Cette nomination ne tarde pas à porter ses fruits puisque la Tunisie a connu, en l'espace de quelques années seulement (fin des années soixante-dix), une dynamique économique inédite et positive grâce à l'encouragement de l'initiative privée et l'introduction, puis la généralisation, du phénomène de la « 404 bâchée ». Mais c'est à la fin de son « règne » que Bourguiba prend conscience de l'importance de l'infrastructure de base et des communications, d'où les balbutiements en matière de construction de ponts et autres échangeurs et de mise en place du métro léger de Tunis. Toujours est-il, force est de reconnaître que toutes ces mesures avant-gardistes ont eu l'avantage de faire de la Tunisie un pays en avance par rapport à son temps et par rapport à son entourage. Imaginons, en effet, un peu l'état de la démographie en Tunisie sans le planning familial ! Imaginons la Tunisie sans un enseignement généralisé depuis plus de cinquante ans ! Imaginons une Tunisie sans la démocratisation de la santé publique instaurée dès la fin des années 50 ! L'uvre réalisée par Bourguiba, en 30 ans de pouvoir, est importante sur les deux plans qualitatif et quantitatif, surtout si l'on sait la conjoncture, les mentalités et le rythme de vie régnant à l'époque. Avec l'avènement du Changement du 7-Novembre 1987, le Président Ben Ali a eu le mérite de ne pas rompre avec le passé. Au contraire, continuant dans le même esprit, il a consolidé l'uvre réalisée et, surtout, accéléré le rythme de la dynamique nationale et multiplié les acquis. Enseignement obligatoire et réformé dans tous les cycles, situation de la femme renforcée passant du statut de l'égal à celui de partenaire de l'homme, implication profonde dans les secteurs porteurs à haute valeur ajoutée dont notamment les nouvelles technologies de l'information et de la communication et la recherche scientifique, l'emploi, le développement régional, la corrélation entre les dimensions sociales et économiques, les mégaprojets, l'infrastructure de base, les transports publics, la santé, la protection de l'environnement, l'amélioration des conditions de vie Tout y passe et rien n'est laissé au hasard grâce à un suivi rigoureux et, désormais, légendaire du chef de l'Etat. C'est dire que le Président Ben Ali a remis la Tunisie sur la bonne voie, tracée par Bourguiba, pour avancer inexorablement vers le progrès grâce à un projet de société clair et complémentaire.