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La loi des comiques
Publié dans Business News le 05 - 07 - 2010

Cette fois-ci, il ne joue pas la comédie. Il ne rit plus Taoufik Jebali. Je dirai même qu'il est bien fâché, après avoir été bien vexé.
Il n'est pas drôle le monde dans lequel on vit. On n'arrête plus d'importuner les artistes qui nous font rire, qui nous donnent un peu de joie dans un quotidien de plus en plus morose. De l'espoir pour un avenir de plus en plus incertain. Au lieu de les chouchouter, de les cajoler, de les envoyer nous représenter un peu partout dans les festivals du monde, on fait tout pour leur pourrir l'existence. Comme si leur existence n'était déjà pas suffisamment pourrie, nos artistes.
Et de quoi se plaint Taoufik Jebali ? Si je vous le dis, vous allez rire, mais il se trouve qu'on est dans la réalité et, du coup, cela ne fait plus rire.
Retour en arrière, à la fin du mois de mai, à l'occasion de la journée du Théâtre. L'organisateur en chef de l'événement, Mohamed Mediouni, décide ce jour-là d'exclure de la compétition les pièces produites par Taoufik Jebali. La raison ? Jebali ne fait pas appel à une majorité de professionnels, comme l'exige la loi. Et s'il ne trouve pas son besoin parmi les soi-disant professionnels ? Peu importe.
Comme Mediouni ne peut pas nier que Jebali est l'un des meilleurs hommes de théâtre du pays, il décide de lui accorder un os sous forme de « prix de la Scène d'Or du meilleur espace théâtral ».
Le plus naturellement du monde, Jebali ne peut accepter qu'on l'insulte de cette manière et refuse le prix. Début de la polémique, acte I scène I.
Pour les besoins de ses pièces, Taoufik Jebali a fait appel à de jeunes talents qu'il a formés dans son espace « El Teatro ». Des talents qui ne sont pas passés par la filière classique de l'institut des Arts dramatiques (ISAD), mais qui ont suffisamment de don pour jouer dans une pièce d'un Guitry. Pardon, d'un Jebali.
C'est contraire à la loi, ont crié les comédiens du syndicat. Relayés bientôt par une armée d'artistes professionnels qui en ont marre des intrus dans leur secteur. D'autant plus que ces « intrus » travaillent gratuitement. C'était l'acte I de la Scène II de cette tragique comédie.
Et Taoufik Jebali de rappeler que ladite loi est caduque, qu'elle n'est plus appliquée, qu'elle n'a plus raison d'être. Chiffres à l'appui, il fait observer que le syndicat regroupe 170 personnes dont 80% (selon lui) ne respectent pas la loi. Que même son président ne peut pas être considéré comme un professionnel, puisqu'il est enseignant universitaire. Il pousse le bouchon et rappelle que les sociétés de production emploient quelque 600 professionnels alors que le ministère de la Culture ne recense que 400-500 professionnels, toutes spécialités confondues.
Acte II de la scène II. Branle-bas de combat, les artistes « professionnels » se sont regroupés vendredi dernier devant la chancellerie et demandent l'application de cette loi caduque. En clair, fermer la porte devant les amateurs et les talents et tous ceux qui n'ont pas de carte professionnelle.
Vous ne saviez pas que l'on pouvait se regrouper devant un ministère en Tunisie ? Moi, non plus ! Mais puisque je vous disais qu'on était dans une comédie ! Passons et faisons comme si ça ne l'était pas.
Au diable Jebali et son « école » donc. Au diable, les amoureux du théâtre qui veulent monter sur scène. Au diable tout talent qui n'est pas passé par l'ISAD et/ou qui ne possède pas de carte professionnelle.
Désormais pour leur casting, réalisateurs et metteurs en scène devront exiger des candidats qu'ils soient encartés. Si pour les besoins de la scène, ils veulent un homme moche, il faut que le moche soit encarté. Si le moche n'a aucun don, mais qui, par miracle, est encarté, le réalisateur se doit de le recruter. Il n'a pas le choix de toute façon, c'est la loi. Et s'il faut une blonde aux yeux bleus qu'on ne trouve pas parmi les encartées, eh bien tant pis, on annule la scène et on remplace la blonde par une brune. Borgne s'il le faut ! L'essentiel est qu'elle soit encartée !
Et s'ils cherchent un bébé, il faut que le bébé soit encarté aussi ?
Cela fait des années qu'on crie et qu'on répète que le ridicule ne tue plus. Mais là, j'ai comme l'impression que le ridicule va tuer notre théâtre.
A un moment, on a échappé au ridicule et on a mis la loi au frigo. Les résultats ne se sont pas fait attendre et on a vu naître énormément de talents. Pas uniquement chez Jebali. Pas uniquement en Tunisie. Certains métiers, notamment artistiques et de création, ne peuvent en aucun cas obéir à des cursus académiques et des règles syndicales.
Cette loi n'a aucune raison d'être, elle n'est pas appliquée, elle n'est plus appliquée. Par ceux-là mêmes qui appellent, aujourd'hui, à son application juste pour exclure Jebali !
En ligne de mire, peut-être, d'autres réalisateurs, d'autres producteurs qu'on voudrait envoyer sur les cactus. De la comédie à l'état pur, vous dis-je !
Certes, il faut légiférer, il faut organiser pour barrer la route aux intrus et parasites. Nous ne le savons que trop, dans le secteur de la presse qui, lui aussi et partout dans le monde, ne peut obéir uniquement au cursus académique. Mais barrer la route aux intrus et parasites ne veut en aucun cas dire interdire l'accès aux talents, aux dons, aux amoureux, aux … artistes sans diplôme.
Jebali l'a compris (et il n'est pas le seul) et grâce à lui, on a découvert beaucoup d'artistes et une flopée de talents.
Il se trouve que cette reconnaissance du public dérange. Elle exaspère les encartés et les diplômés. Elle agace ceux qui sont dans leur faculté et s'ingèrent dans les affaires de terrain. Elle irrite ceux qui, en dépit de leur carte professionnelle et diplôme académique, ne remplissent pas les salles et ne sont pas reconnus.
En Tunisie, quand on est agacé, quand on est irrité, on ne cherche jamais à atteindre le niveau de celui qu'on jalouse. On fait plutôt tout pour lui mettre les bâtons dans les roues. Dernier acte de la scène finale.
Courage Taoufik, vous n'êtes pas le seul à évoluer dans un environnement rempli d'idiots.


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