• La décision présidentielle de faire du 26 mai de chaque année le rendez-vous annuel du théâtre tunisien constitue un précieux et remarquable cadeau offert aux femmes et aux hommes qui se sont dépensés, sans retenue, pour que la flamme ne s'éteigne jamais • A l'instar des Molières en France, la «Scène d'or» est l'appellation donnée à l'ensemble des prix décernés à cette occasion Mohamed Mediouni, maître-assistant à l'Université de La Manouba, maître de conférences associé à l'Inalco (Institut national des langues et des civilisations orientales de Paris), directeur de l'Isad (Institut supérieur des arts dramatiques) de 2003 à 2009 (deux mandats successifs), assume depuis 2009 la charge de président du Comité du centenaire du théâtre tunisien. A ce titre, il a bien voulu nous entretenir des ultimes préparatifs de ce grand événement, la Nuit du théâtre tunisien. Comment évaluez-vous la situation du théâtre tunisien un an après le centenaire fêté le 26 mai 2009 ? Outre le fait que cette célébration, vécue il y a 101 ans, met en évidence l'introduction de la langue arabe sur une scène tunisienne, jusque-là du domaine exclusif des troupes européennes (cela se passait au Théâtre Rossini, l'actuel le Palace), cette date est aussi une occasion propice pour jeter toute la lumière sur son impact et son influence sur le développement de la culture théâtrale contemporaine, et aussi pour inculquer les hautes valeurs de la culture citoyenne chez le Tunisien avec tout ce que ce terme comporte comme droits et devoirs, et aussi pour souligner la grandeur et la noblesse de cette discipline dans l'histoire de l'art. Maintenant, si on doit évaluer tout ce qu'on a réalisé depuis la cérémonie du Centenaire de théâtre tunisien de 2009, je peux affirmer, en connaissance de cause et sans risque d'être démenti, que nous avons réalisé plein de choses dont nous sommes tous fiers. A commencer par cette belle action que nous devons à l'initiative du ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, consistant à réunir et assembler le répertoire des pièces, des textes en collection, ce qui rendrait le théâtre tunisien plus visible. Il faut dire que jusqu'ici aucun auteur tunisien n'a songé à publier intégralement son œuvre, exception faite pour Ezzeddine Madani dont l'ensemble de l'œuvre a été réuni par les soins d'un pays du Golfe en hommage et à titre de récompense pour un prix qui lui a été décerné à cette occasion. Aujourd'hui, nous sommes parvenus à créer une collection réunissant les œuvres intégrales de cinq auteurs tunisiens‑: Hassen Zmerli (800 pages), Mustapha Fersi et Tijani Zalila, Taoufik Achour et Ezzeddine Guerouachi, les premiers à avoir traduit en arabe les œuvres de F.G. Lorca et Luigi Pirandello, Samir Ayadi (1.450 pages) et enfin une réédition d'un ouvrage déjà publié par Mohamed Skangi et Ezzeddine Madani. Il s'agit de textes écrits par dix auteurs tunisiens, des précurseurs, publiés depuis 1910 jusqu'à l'Indépendance; il s'agit de Khélifa Stambouli, Mohamed Jaïbi, Mohamed Lahbib, etc. Ici, on n'est pas dans l'éphémère, le passager. Notre projet s'inscrit dans le durable, dans la sauvegarde du patrimoine en instaurant une véritable tradition. Parmi les nouveautés, nous avons réalisé des panneaux commémoratifs établissant une fiche d'identité de chaque théâtre antique ou moderne, contemporain. Dans cette perspective, nous allons installer dans l'avenue H.-Bourguiba et à travers toute la ville des panneaux indiquant qu'à cette adresse et à un moment donné se trouvait un théâtre‑: David Cohen, Tapia, Paradiso, Gringa, Théâtre-Palace, Théâtre variété, théâtre de l'Avenue, etc. Qu'avez-vous prévu comme nouveautés pour cette deuxième édition? En premier lieu, le Comité du centenaire a décidé de récompenser par des «Scènes d'or» (l'appellation donnée à l'ensemble des prix qui seront décernés à cette occasion). Toutes les productions théâtrales réalisées dans le cadre des structures professionnelles, durant la saison allant du 27 mai de l'année en cours au 25 mai de l'année suivante, sont concernées par les prix mentionnés dans notre statut. Ces «Scènes d'or», à l'instar des Molières en France, couvriront les différents domaines touchant au quatrième art en tant que pratique artistique et technique et en tant qu'acte culturel. L'objectif est de mettre en valeur les efforts déployés par les individus et les institutions en vue de consacrer le théâtre et de le faire évoluer. Chaque «Scène d'or» est constituée d'un diplôme d'honneur et d'un trophée, ainsi que d'une récompense financière dont le montant sera fixé à chaque session. Les domaines concernés par la «Scène d'or» sont‑: Le Prix de l'acte théâtral, la «Scène d'or» de la production et de la distribution, la «Scène d'or» de l'espace théâtral, la «Scène d'or» pour la diffusion de la culture théâtrale, les «Scènes d'or» du public, la «Scène d'or» de la critique théâtrale, enfin la «Scène d'or» du parcours théâtral. Qu'en est-il de la cérémonie de la Nuit du théâtre ? La fête aura lieu le mercredi 26 mai au Théâtre municipal. Elle débutera à 19h30 et sera retransmise en live par Canal 21. Un écran géant sera installé à l'extérieur pour permettre au public de suivre la cérémonie des «Scènes d'or» qui sera rehaussée par la présence du ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine. Le terre-plein en face du théâtre verra une grande animation à partir de 17h00 avec un spectacle édifiant où les sonorités musicales, les couleurs chatoyantes et les rythmes gais et endiablés de la fête illumineront le ciel de cette Nuit du théâtre tunisien qu'on veut propice et favorable pour le développement de la culture tunisienne contemporaine et aussi pour l'émergence d'une culture de la citoyenneté chez le Tunisien.