Le militant islamiste Rached Ghannouchi est arrivé dimanche 30 janvier 2011 à l'aéroport TunisCarthage. A son accueil, des milliers à vue d'œil de sympathisants. Les voitures étaient garées à des centaines de mètres jusqu'à la Route Tunis-Bizerte perpendiculaire au boulevard menant à l'aéroport. On dénombre, parmi les présents, de nombreux barbus et de femmes voilées lançant des vivats, entonnant l'hymne national et criant victoire. La majorité acclamait un Etat démocratique et rejetant tout Etat théocratique en Tunisie. Plusieurs parmi les sympathisants ont rappelé les souffrances endurées, deux décennies durant, par le régime de Ben Ali. Le nombre d'opposants à Rached Ghannouchi était fort insignifiant. Pas plus de quelques dizaines. Quant aux forces de l'ordre, elles ont été discrètes et ne l'ont pas arrêté au moment de son arrivée, en dépit de sa condamnation par contumace. Le cinéaste tunisien Néjib Belkadhi était là pour filmer l'événement en vue d'un documentaire. Né en juin 1941, Rached Ghannouchi est parti en exil à Londres en 1991 après une vaste campagne des forces de l'ordre visant les milieux islamistes, accusés d'avoir fomenté des attaques terroristes dans le pays. Il est considéré comme un islamiste radical par les observateurs, en dépit de sa position dite modérée ces dernières années. Il a été condamné à la perpétuité sous Bourguiba et a passé près de vingt ans dans les prisons tunisiennes. La semaine dernière, M. Ghannouchi a déclaré sans ambigüité qu'il ne briguait aucun mandat politique.