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Face à face gouvernement et patrons de presse
Publié dans Business News le 03 - 04 - 2012

Près de trois heures de débat franc, direct, serein et respectueux. Hamadi Jebali n'est pas allé par quatre chemins pour dire ce qu'il pense des médias et de l'image négative qu'ils véhiculent de son gouvernement et du pays. Les patrons de presse, en retour, n'ont pas mâché leurs mots et ont rappelé au chef du gouvernement le rôle des médias dans une démocratie et les défaillances du gouvernement en matière de communication.
La rencontre a, également, permis d'aborder les sujets liés à la sécurité, à la justice et à l'économie, le tout dans la bonne humeur.
C'est la deuxième rencontre en quelques jours entre les patrons de presse et un haut responsable d'Ennahdha. Jeudi dernier, c'était avec Rached Ghannouchi et Ameur Laârayedh (voir notre article à ce sujet) et hier lundi c'était avec Hamadi Jebali et Samir Dilou, ministre des Droits de l'Homme en présence de Ridha Kazdaghli, chargé de la communication et Abderrahman Ladgham, ministre délégué chargé des affaires de malversation.
A la différence de la première, la seconde rencontre était une invitation de l'Association tunisienne des directeurs de journaux. Objectif : débattre franchement de la crispation actuelle entre les médias et le gouvernement. Des deux cotés, on est conscient qu'il y a quelque chose qui cloche, que l'on ne communique pas assez, que l'on ne se comprend pas assez.
Chacun a essayé d'expliquer son point de vue. Et chacune des deux parties est rentrée espérant avoir convaincu l'autre partie de la justesse de sa position.
Première question, cette réunion peut-elle être rendue publique ou doit-elle rester « out of record » ? « Je n'ai rien à cacher ! Je veux la transparence. C'est ça qu'il faut si l'on veut construire notre pays selon le modèle basé sur la démocratie et les libertés. Posez les questions que vous voulez, sans limite aucune, à part le respect », a répondu M. Jebali avant d'identifier les principaux problèmes de l'actuelle situation. Il évoquera la non promulgation du Code de la presse et la nécessité d'organiser un débat pour dépasser les différentes réserves sur le projet, la création d'une Instance supérieure chargée de l'audiovisuel… Il rassurera les présents sur un point fondamental : « En matière de respect des libertés ou de la domination du parti au pouvoir, il n'y a rien à craindre. Nous ne reviendrons jamais comme avant », a promis le chef du gouvernement.
Prenant la parole, Zyed Krichen directeur de la rédaction du Maghreb, a rappelé que la virulence actuelle des médias a été déjà observée sous les gouvernements Ghannouchi 1 et 2 et BCE. « Au point qu'à un certain moment, la Wataniya 1 a été surnommée Salafia 1 », a rappelé le confrère avant d'indiquer que les médias n'ont pas un problème particulier avec ce gouvernement, mais avec le pouvoir tout court. « Les médias veulent travailler librement, a-t-il dit tout en admettant que la porte des libertés s'est ouverte soudainement et qu'il peut donc y avoir des dérapages. »
Revenant sur l'historique des uns et des autres, Moncef Ben Mrad a indiqué que sous Ben Ali, on travaillait la gorge nouée tellement le système imposait certaines choses. On ne veut plus de cela, on a peur d'un gouvernement-Ennahdha remplaçant le gouvernement-RCD.
En réponse, Hamadi Jebali admet qu'il y a une véritable crise de confiance de part et d'autre, mais que ceci est tout à fait naturel dans une étape post-révolutionnaire.
« Nous ne sommes pas nés aujourd'hui, chacun d'entre nous est venu avec ses antécédents et son historique. Il n'y a pas de coupables d'un côté et des innocents de l'autre. Je souhaite cependant que les médias soient justes, qu'ils me critiquent mais qu'ils critiquent également la partie adverse », indique le chef du gouvernement soulignant qu'il sait déjà à l'avance la position du journal sur tel ou tel sujet avant même qu'il ne l'ouvre et ne lise l'article.
Abordant le sujet de l'information publique, M. Jebali indique ne pas voir la nécessité du gouvernement d'avoir ses propres supports et qu'il tient à l'indépendance des médias publics. Il précise cependant que cette information doit répondre aux normes professionnelles, tout comme le travail de l'INS (par exemple) répond aux normes du travail statistique.
Il ne manquera pas de critiquer les journaux qui donnent une mauvaise image du pays et prend l'exemple du Maghreb qui met sur ses unes des images de salafistes qui font peur.
Plusieurs présents lui ont alors répondu que le danger réel pour la démocratie tunisienne est de ne pas montrer ces images. « Ce n'est pas l'image du salafiste qui a escaladé l'horloge qui nuit au pays, c'est le salafiste lui-même qui nuit au pays et l'impunité des autres », a-t-on indiqué avant de rappeler que les unes des quotidiens français ont publié il y a quelques jours les images de Mohamed Merah, sans pour autant que ces quotidiens ne soient accusés de nuire à l'image de la France. Rappel aussi des scandales d'Abou Gherib ou du Watergate qui ont éclaté grâce à des journalistes.
Prenant la parole, Samir Dilou a adhéré totalement à ce point soulignant qu'il est important que les médias fassent leur travail. En aparté, il nous indiquera que son plus grand souhait est de voir des émissions tunisiennes de la qualité des Guignols ou du Petit Journal de Yann Barthès sur Canal + en France. Des émissions qui épinglent les hommes politiques du matin au soir !
Le sujet de la liste noire des journalistes a été évoqué et, à l'unanimité, les patrons de presse présents ont demandé à ce que le gouvernement dévoile les noms de ceux qui ont collaboré, contre rétribution, avec l'ATCE et ceux qui faisaient des rapports au ministère de l'Intérieur. « Nous les connaissons, mais nous n'avons pas de preuves contre eux, donc il nous est impossible de donner leurs noms. Si vous voulez réellement bien réformer le secteur, il faut donner cette liste et écarter ces journalistes », a indiqué M. Krichen. Hamadi Jebali, visiblement gêné, a évoqué la liste noire des magistrats et a laissé entendre qu'il lui est impossible de fournir ce type de listes.
Zyed Krichen attirera, par la suite, l'attention du chef du gouvernement sur le laxisme observé devant le profanateur du drapeau, de ses propres agresseurs ou encore devant ce haut cadre du ministère des Affaires religieuses qui appelle publiquement à la mort sans même que ne soit prise une quelconque sanction, même administrative ! Au contraire, il est défendu par son ministre !
A ce propos, Hamadi Jebali a indiqué que les services de sécurité lui ont fait voir l'enregistrement et qu'il n'y a pas d'ambigüité dans les propos haineux de ce prédicateur. Il a appelé, de ce fait, à ce que soient prises à son encontre les mesures administratives qui s'imposent.
Dans le même ordre d'idées, on lui rappelle que celui qui a insulté le prophète a écopé de sept ans de prison immédiatement, alors que les salafistes continuent à jouir de leur liberté, malgré leurs menaces et leurs actions spectaculaires et contraires à la loi.
A ce propos, Hamadi Jebali jure qu'il n'y a pas de justice deux poids deux mesures.
Abordant le sujet des récents limogeages de certains hauts cadres de l'administration et leur remplacement par des membres d'Ennahdha, le chef du gouvernement a indiqué que les personnes écartées ont failli à leur mission, ont laissé les problèmes se tasser ou encore ont refusé de collaborer avec le gouvernement. Quant aux nominations des siens à certains postes, il souligne que le critère de loyauté ou d'appartenance est, certes, pris en compte, mais jamais en tant que premier critère. Les personnes sont choisies, d'abord et avant tout, en fonction de leurs compétences, jure-t-il, soulignant qu'il n'y a aucune raison de ne pas nommer un membre d'Ennahdha à un poste administratif important et que ce n'est pas parce qu'une haute compétence n'est pas membre d'Ennahdha qu'elle n'est pas nommée à un poste important.
M. Jebali a été alors tout de suite contredit et on a attiré son attention sur la nomination de certaines personnes, membres d'Ennahdha, alors qu'elles ne sont pas du tout compétentes.
Le chef du gouvernement a admis qu'il peut y avoir des erreurs de casting, qui seront corrigées, mais relativise en rappelant que le manque d'expérience est un élément à prendre en considération également et qu'il faut un peu de temps d'adaptation pour certains.
« On s'exerce à être justes », a indiqué Hamadi Jebali en réponse à ceux qui lui ont dit que nos médias veulent être justes et ne font pas de calcul politique, quand bien même ils ont une ligne éditoriale bien déterminée.
A la fin, aussi bien Hamadi Jebali que les patrons de presse, ont donné l'impression d'avoir compris les attentes et les positions de l'autre. On était d'accord sur l'essentiel, il fallait donc juste rassurer qu'il n'y a pas d'intentions malsaines d'un côté comme de l'autre. On a convenu de multiplier ce type de rencontres en les élargissant à d'autres patrons de médias espérant que, d'ici là, le pays aille mieux.


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