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Les salafistes sont leurs enfants, mais les autres Tunisiens sont de Mars !
Publié dans Business News le 17 - 06 - 2012

Les Egyptiens ont raté leur révolution. L'armée est de retour et a pris en main les rênes de l'Etat. Les « fouloul » (le mot est tunisifié par certains dépendants de l'Orient) sont au pouvoir au grand dam de ceux qui criaient, il y a trois jours à peine « moutou bi ghaydhikom » (mourrez par dépit).
En Tunisie, les choses se passent différemment. Le meilleur gouvernement de l'Histoire (comme autoproclamé) n'a raté que son bac pour le moment.
La sécurité va bien (selon eux) et l'économie se porte à merveille (toujours selon eux).
Et puisque la sécurité et l'économie vont bien, le « peuple » applaudit les exploits de la troïka.
Par « peuple », j'entends les 1,5 million d'électeurs d'Ennahdha. Car selon certains de nos dirigeants, ces 1,5 million représentent l'ensemble du peuple.
Quant au reste de la population, soit 8,5 millions de personnes, qu'il aille boire de l'eau de la mer, comme dirait l'autre.
La semaine dernière, le « peuple » était donc fâché, inquiet, énervé, affligé, attristé, consterné que ses croyances religieuses soient offensées par des artistes peintres exposant dans une salle de la Marsa.
Le « peuple », en bon expert en arts plastiques, n'a pas aimé une série de tableaux qui, selon lui, porte atteinte à la religion et aux sentiments. Pour le peuple, un slip ou une femme dénudée est une offense et il faudrait donc lui cacher ce sein qu'il ne saurait voir.
Les dignitaires religieux représentants de ce « peuple » sont allés jusqu'à proclamer la mort de ces artistes et créateurs, mécréants, ennemis du « peuple » et de la religion, sans que le ministère public ne se sente obligé de bouger le petit doigt. Il est vrai que ce même ministère public se sent lui aussi offensé, à l'instar du « peuple », par la vue d'une femme dénudée.
Communément appelés salafistes, nos braves soldats représentants du « peuple » et avocats autoproclamés de Dieu et de son prophète, sont allés exprimer leur colère à leur façon. Et quand le « peuple » est offensé, le « peuple » exprime sa colère en toute liberté. Ils cassent, ils pillent, ils menacent, en toute liberté et, surtout, en toute impunité.
Pourquoi ? « Parce que ce sont nos enfants, parce qu'il faut leur expliquer calmement ce qu'est la démocratie et ce qu'est la loi », a indiqué Rached Ghannouchi. Le même, suivi par plein de ministres, a rappelé que les « autres » aussi doivent respecter les sentiments des autres et ne pas toucher au sacré du « peuple » tunisien.
D'un côté, il y a donc les salafistes qui sont nos enfants et qui défendent le « peuple » tunisien et son patrimoine religio-culturel. De l'autre, il y a les « autres », qui offensent le peuple et ses croyances.
Qui sont les autres ? Les déchets de la francophonie, les artistes, les journalistes, les créateurs, les patrons de chaînes, les mécréants, les athées….
Ces artistes seraient les ennemis du « peuple ». Ils n'ont pas le droit de blasphémer et encore moins de toucher au « sacré » et de mettre en doute l'existence de Dieu ou de critiquer le Prophète. C'est une ligne rouge à ne pas dépasser. Soit. Mais même quand ils ne la dépassent pas, ils sont taxés de tous les maux.
Un artiste ou un créateur, qu'il soit musulman ou athée, est d'abord et avant tout un Tunisien. Et, en tant que tel, il est culturellement musulman, même s'il n'est pas croyant.
Aujourd'hui, on lui interdit de critiquer cette culture et cette religion, ce qui est à la limite compréhensible vu le tabou du sujet.
Mais que l'on élargisse le rayon des interdits aux nus dans les arts plastiques, cela montre que l'on va dépasser la sphère religieuse pour aller jusqu'à l'infini. Aujourd'hui, c'est un nu, demain c'est un dénudé et après-demain c'est la peinture de tout être vivant qui sera bannie de l'art plastique tunisien. Nos artistes ne peindront que du « halal ».
De même, et si l'on suit le principe de nos salafistes et de nos imams, les chansons d'amour seront interdites, tout comme les chanteuses et les danseuses.
Et, pour ne pas s'arrêter en si bon chemin, les comédiennes devront quitter les planches de leur théâtre et les actrices les plateaux de tournage. Il n'y aura plus d'arts plastiques, ni de théâtre, ni de cinéma, ni d'art.
A ce rythme, dans dix ans, la création artistique ressemblera à celle de l'Afghanistan ou de la Somalie. Même pas l'Iran où les ayatollahs semblent être plus tolérants que les imams tunisiens, puisque le cinéma iranien est un des meilleurs au monde.
Que Rached Ghannouchi et nos gouvernants nous disent que les salafistes sont nos enfants, ceci est indéniable. Mais qu'ils n'oublient pas que nos artistes et nos créateurs sont également nos enfants.
Les salafistes sont offensés quand Dieu est blasphémé ou critiqué, mais les « autres » sont également offensés quand on leur parle du mariage d'une gamine de 10 ans.
Les salafistes sont offensés à la vue d'une femme dénudée, mais les « autres » sont également offensés à la vue d'un niqab.
Les salafistes sont offensés par le baiser d'un jeune couple, mais les « autres » sont également offensés en voyant un polygame de 80 ans convoler avec une femme de 50 ans sa cadette.
Les salafistes sont offensés à la vue d'une bouteille d'alcool ou d'un ivrogne, mais les « autres » sont également offensés par les lapidations, les mains coupées et les pendaisons en public.
En Tunisie, et durant des siècles, les Tunisiens ont appris à vivre ensemble et à accepter leurs différences.
Chacun a sa vision de la société, mais nul ne peut et ne doit imposer sa vision et son mode de vie à l'autre.
La Tunisie est un Etat de droit où la primauté de la loi doit être garantie. Ceux qui veulent que l'Etat se transforme en califat et que la loi se transforme en Chariâa doivent savoir qu'ils vont mener ce pays à un bain de sang, parce que les « autres » ne vont pas accepter de se laisser imposer ce mode de vie. Et ces « autres » ne viennent pas de la planète Mars. Ils sont aussi Tunisiens que les salafistes.


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