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Tunisie- La lassitude gagne les rangs à l'Assemblée constituante
Publié dans Business News le 23 - 10 - 2012

Il est minuit passé, le 23 octobre 2012. Pour beaucoup, la légitimité de l'Assemblée constituante prend fin à cet instant. Pour d'autres, il s'agit de fêter et célébrer le premier anniversaire des premières élections que la Tunisie ait connues. À minuit passé donc, en cette date symbolique, Oussama Al Saghir, élu Ennahdha, s'essaie à un peu d'humour : « Je suis encore légitime ? Je vais peut-être trouver la porte de l'Assemblée fermée demain ! ». Quelques minutes plus tard, il lancera : « Mourrez de dépit ! ». Un bon début pour un jour historique.
Plus tard dans la matinée, les trois présidents sont à l'Assemblée. Des discours comme il y en a eu beaucoup : « Nous sommes disposés à accélérer les travaux ; il faut mettre en place les trois instances (magistrature, médias, élections) ; nous nous sommes mis d'accord sur un calendrier ; nous vous proposons une date pour les élections ; nous sommes ouverts au consensus »… Ce discours, entendu maintes fois durant ces derniers mois, n'a plus l'effet escompté, des paroles entendues vaguement comme un écho rythmé de cette dernière année. Les trois présidents prononcent leur discours devant un hémicycle à moitié vide, des invités venus pour la forme. Si l'Histoire s'écrit ici, elle ne se ressent pas.
À l'extérieur, un attroupement se forme, de part et d'autre de la place jouxtant l'Assemblée. Quelques dizaines de manifestants hostiles au pouvoir en place et scandant la fin du mandat de la Constituante, d'un côté, des sympathisants du régime et autres membres des ligues de protection de la révolution, de l'autre, un peu plus nombreux. Là encore, une impression de déjà-vu. Des confrontations verbales, deux camps qui s'opposent, le Bardo s'y est habitué, l'image ne surprend que le novice. Beaucoup de drapeaux tunisiens d'un côté, beaucoup de banderoles, de drapeaux salafistes ou de drapeaux d'Ennahdha de l'autre. Le premier camp traitait le second de « lèche-botte » et de RCDiste barbu, le second traitait le premier de déchet et… de RCDiste tout court. Et cela pendant des heures, séparés les uns des autres par des cordons de policiers. La lassitude gagne les deux camps, le temps se fait long…
La lassitude n'est pas ressentie uniquement à l'extérieur de l'Assemblée constituante, mais aussi, voire surtout, à l'intérieur. Toujours la même rengaine. Aucun planning, aucun horaire n'est respecté. La sonnerie retentit pour annoncer le début de la plénière de l'après-midi, dont l'ordre du jour était de discuter le projet final du préambule et des principes fondamentaux de la future Constitution. Les élus, eux, ne sont pas pressés. D'aucuns sont tranquillement installés, pour prendre le café entre « amis », d'autres discutent entre eux dans le hall, et les autres, enfin, ne sont (toujours) pas arrivés. Ons, jeune tunisienne vivant à Paris, séjournant en Tunisie et désireuse de vivre un instant de ce moment historique de l'écriture de la Constitution s'étonne : « Mais prennent-ils seulement leur tâche au sérieux ? Si j'étais à leur place je travaillerais jour et nuit ! Ont-ils seulement conscience de l'importance historique de leur mandat ? », s'indigne t-elle, devant la lenteur et les retards répétés et institutionnalisés, entrecoupés de pauses prolongées et d'absences injustifiées.
La plénière de l'après-midi débute. Moins d'une centaine d'élus sont présents pour écouter Abdelmajid Najar, rapporteur de la commission chargé du Préambule et des principes fondamentaux, lire le rapport final de la commission. Sur un ton monocorde et monotone, M. Najar lit les différentes étapes qui ont conduit à ce projet final, une lecture rythmée par le bruissement des feuilles du rapport, tournées par les élus. Pour la première fois, le projet du Préambule et des principes fondamentaux est solennellement lu en public et en plénière, à l'Assemblée constituante. Mais la voix sans entrain du rapporteur et les nombreuses absences des députés, ne lui donnent aucune dimension. L'Histoire s'écrit ici, mais elle n'est pas ressentie.
Un an après les élections, après neuf mois de travaux en commission, le bureau de l'Assemblée constituante a voulu marquer le coup, par le début des débats sur la Constitution. Le résultat concret, après ces mois de travaux, est ce projet d'un début de Constitution, non encore débattu, non encore amendé, non encore approuvé. Un an après les élections, l'Assemblée constituante n'est pas encore dotée des moyens technologiques nécessaires à la diffusion de l'information, le site de l'ANC, pour exemple, est fonctionnel une fois sur deux et les informations y sont publiées au compte-goutte. Un an après les élections, si un accord de principe a été trouvé pour le régime politique qui sera adopté, les détails n'ont toujours pas été finalisés et le sujet s'éternise dans la commission mixte chargée de la coordination et de la rédaction du projet final. Un an après les élections, les élus débattent encore de la place de la religion dans la Constitution et de la nature des droits de l'Homme qui y seront inscrits.
Pendant un an, depuis les élections, les élus, novices pour leur grande majorité, en matière de droit constitutionnel, ont voulu faire de la Constitution un fourre-tout de leurs idéologies, de leurs préjugés, de leurs valeurs ou de leurs principes. C'est ainsi que des débats se sont engagés sur l'inscription de la Chariâa, sur la notion de famille et ce qu'elle devrait être, la place de la femme et sa définition par rapport à l'homme, sur la possibilité pour l'Etat d'assurer aux citoyens les moyens de se marier, sur les devoirs conjugaux entre époux et les relations sexuelles des prisonniers avec leur femme…
Un an après les élections, le projet final de la nouvelle instance indépendante pour les élections n'a toujours pas été approuvé, les différends et désaccords sont encore d'actualité. Il en est de même pour l'instance de régulation des médias qui, légalement, devrait exister, en vertu de l'application du décret 116. Après plusieurs mois de travaux, aucun planning n'a été mis en place, les réunions des commissions sont annulées pour des plénières, des voyages ou encore des congrès.
Encore une pause-prière ou une pause tout court à l'Assemblée constituante, où les élus, tous bords confondus, discutent et plaisantent entre eux, en toute amitié… Des déclarations aux médias, une cigarette à fumer, un contact à rencontrer… Les quelques dizaines de manifestants sur la place ou la poignée de personnes venues quotidiennement frapper à la porte de l'Assemblée, rejetée par les forces de l'ordre qui gardent le lieu, sont devenus monnaie courante. Plus rien n'a d'importance, ni le temps, ni l'Histoire.


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