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Tunisie L'UGTT a-t-elle perdu la face ?
Publié dans Business News le 12 - 12 - 2012

Finalement la grève générale, prévue pour demain jeudi 13 décembre 2012, n'aura pas lieu. Elle a été carrément annulée, suite à une décision prise par la Commission administrative de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), aujourd'hui mercredi 12 décembre 2012.
Cette décision a été prise par consensus après un long débat au sein du bureau exécutif et de ladite Commission administrative. Il faut dire que le suspense s'est avéré, en fin de compte, artificiel puisque dès midi, le ministre de l'Agriculture, Mohamed Ben Salem, avait parlé d'un accord sur une annulation pure et simple du débrayage du jeudi 13 décembre. Lotfi Zitoun avait tenu, auparavant, les mêmes propos, sur le journal Echourouq.
Le ministre nahdhaoui avait l'air très sûr de lui et a même précisé, sur un ton hautain, que le gouvernement n'acceptait rien et ne signait rien d'autre qu'un accord portant sur l'annulation pure et simple du débrayage. El la suite des événements lui ont donné raison.
Il est clair, donc, que la Tunisie vient d'échapper, in-extrémis, à une recrudescence de la tension et à une escalade aux conséquences aussi imprévisibles que dangereuses, mais peut-on dire, pour autant, que le bras de fer entre gouvernement et UGTT est terminé ?
Sans revenir aux faits et aux péripéties enregistrés depuis le 4 décembre, date de l'agression subie par les militants de l'UGTT et reconnue par tous, y compris par le ministère de l'Intérieur et par les deux partis alliés d'Ennahdha au pouvoir, la question qui se pose est la suivante : Comment et pourquoi en est-on arrivé là ? Pourquoi a-t-on failli arriver à ce point de non-retour ? Et, surtout, comment sera le rapport de forces entre le pouvoir et la centrale syndicale ?
Commençons, d'abord, par les raisons qui auraient aidé à la conclusion d'un tel accord. Il est indéniable que le commun des citoyens tunisiens, non politisés, se sentent soulagés par ce dénouement, en soi. Mais la classe politique ainsi que de nombreux syndicalistes semblent déçus par cette fin, du moins pour le principe, dans la mesure où ils estiment que l'UGTT n'a rien obtenu en contrepartie de sa décision d'annuler la grève.
Pourquoi avoir fait tout ce tapage, remonté les esprits et, surtout, fait monter les enchères par l'annonce de la grève générale pour, finalement y renoncer sans contrepartie consistante et apparente. Car, qu'on le veuille ou pas, cette crise entre le gouvernement, plus précisément Ennahdha et l'organisation syndicale a pris les allures d'un vrai bras de fer entre les deux parties.
Certains analystes sont allés jusqu'à dire que le parti islamiste a aidé à la montée de l'escalade et a multiplier les provocations afin de pousser l'UGTT à « l'extrémisme » pour aboutir à l'affrontement. C'était une sorte de test pour le parti d'Ennahdha en vue de mesurer le vrai poids de la centrale syndicale et sa capacité de mobilisation des masses.
Cette provocation était visible dans cette manie d'organiser des contre-manifestations hostiles à l'UGTT dans tous les gouvernorats, ou presque, où il y a eu des grèves générales régionales ou des marches à l'appel des syndicalistes. La provocation était double dans le sens où toutes ces contre-manifestations étaient organisées par les Ligues de protection de la révolution et scandaient des slogans appelant à « l'épuration de l'Union ».
Et toutes ces contre-manifestations avaient des couleurs religieuses et islamistes, plus particulièrement celles ayant eu lieu à Sfax avec une participation massive des imams « enturbannés ». Une première du genre en Tunisie.
Pourtant, l'UGTT avait le vent en poupe avec une mobilisation de toutes les forces démocratiques du pays, y compris les militants et les officiels d'Ettakatol et une bonne partie du CPR, sans oublier la solidarité significative et inconditionnelles des organisations syndicales internationales.
En effet, jamais une aussi forte et vaste mobilisation anti-Ennahdha n'a été enregistrée dans le pays et tous les ingrédients étaient réunis pour faire réussir la grève générale et faire vaciller, une fois pour toutes, le parti islamiste au pouvoir.
Certains diront que la centrale syndicale a bien agi dans l'intérêt supérieur de la nation, comme on dit, mais alors, pourquoi avoir ameuté toute la population et avoir placé la barre très haut pour, finalement, faire machine arrière sans pour autant obtenir de concessions dignes de ce nom.
En effet, à lire le texte de l'accord, on n'y trouve rien qui puisse justifier le revirement à 180 degrés de « l'Union ». C'est un accord qui aurait pu être ficelé sans avoir besoin de tout ce branle-bas et de tout ce suspense. L'argument de l'intérêt supérieur de la Tunisie qui passe par une conjoncture sécuritaire très délicate, notamment avec les derniers affrontements armés et les découvertes d'armes et de munitions est, certes à prendre en considération, mais on pouvait y faire référence, dès le début, pour ne pas décréter la grève générale et tenir toute la scène nationale et internationale en haleine.
Cet accord est tellement en contradiction avec les dernières déclarations des leaders de l'UGTT que certains bruits ont couru quant à l'existence de certaines pressions et autres intimidations faites par le pouvoir à propos de l'ouverture de certains dossiers de corruption impliquant, éventuellement, certains responsables syndicaux.
Si c'est le cas, ceci nous rappellerait, alors, des pratiques de l'ancien régime sous Ben Ali qui parvenait à enchaîner une bonne partie des opposants sous la menace de faire sortir – à tort ou à raison – les « sales dossiers ».
Toujours est-il que des observateurs imaginent certains scénarios pour l'avenir dont notamment la mise en veilleuse, de fait, de ces maléfiques Ligues de protections de la révolution (LPR). Et tout le monde sait que ces organisations agissent sous le commandement du parti islamiste d'Ennahdha qui a démontré, par le passé, qu'il était capable de mettre en branle ces « redoutables machines » ou de les faire assagir, comme il a déjà fait avec les salafistes ou, encore, les fameux groupes « Ekbess », dont on n'entend plus parler depuis un bon bout de temps. Comme par enchantement…
On imagine aussi que les représentants d'Ennahdha éviteront, à l'avenir, tout comportement arrogant ou triomphaliste, comme l'a fait, aujourd'hui même, le ministre de l'Agriculture.
Cette crise a permis, toutefois, de mesurer la force et les capacités de chacun des deux camps, nahdhaoui et Ugététiste, sans avoir besoin d'aller jusqu'au bout de la démonstration de force. Et c'est peut-être tant mieux ainsi.
Mais il demeure évident, pour d'autres observateurs, qu'Ennahdha a tout fait, en usant du double langage, pour cacher ses véritables desseins en matière de modèle sociétal, mais a fait apparaître, à maintes reprises aussi, sa volonté d'instaurer en Tunisie un nouvel ordre, une sorte d'antithèse du projet de société concocté par le leader syndicaliste Farhat Hached et mis en pratique par Bourguiba. Un projet nahdhaoui fondé sur des valeurs inadéquates avec la personnalité tunisienne et à contre-courant des exigences du monde contemporain. Un projet illustré lors des manifestations et les discours tenus, récemment, par ces LPR et autres imams.
En attendant une dernière réunion, ce soir, entre des représentants de l'UGTT et du gouvernement, et la tenue demain jeudi de la conférence de presse de l'UGTT pour avoir une idée précise et définitive sur la teneur de l'accord entre les deux parties, la confrontation entre les forces progressistes et celles fondamentalistes tirant ver le bas s'annonce rude et de longue haleine, d'où la nécessité de rester vigilant. L'exemple égyptien, où les Frères musulmans font tout pour imposer leur loi, récupérer voire voler la révolution au peuple tout en imposant la dictature religieuse par un nouveau « Pharaon », est bien là pour que les Tunisiens soient bien avertis.


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