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Tunisie L'UGTT joue son va-tout contre Ennahdha
Publié dans Business News le 07 - 12 - 2012

Les dés sont jetés et l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) n'entend pas revenir sur sa décision historique : La première grève générale sur l'ensemble du territoire tunisien, depuis le 26 janvier 1978, aura bien lieu. La terrible Centrale syndicale, bête noire des gouvernements de transition à la suite de la chute de Ben Ali, est déterminée à se venger de l'affront subi le 4 décembre dernier par des membres des Ligues de protection de la révolution, majoritairement sympathisants du parti islamiste au pouvoir.
« La porte des affrontements est ouverte, c'est eux qui l'ont voulu ! », disait Houcine Abassi peu après l'attaque perpétrée Place Mohamed Ali, sanctuaire de l'UGTT. Plus de 24 heures plus tard et après une journée et une soirée entières de délibérations de la Commission administrative nationale de l'UGTT, la décision tombe comme un couperet : Grève générale nationale le 13 décembre 2012 et sans conditions. L'UGTT joue son va-tout contre Ennahdha… La force ou l'affaiblissement de l'une ou l'autre partie se jouera donc lors de cette journée décisive.
Ali Laârayedh, ministre de l'Intérieur au sein du gouvernement Jebali, ne sait plus à quel Saint se vouer… finies les explications alambiquées, les justifications fumeuses et les théories du complot. « Que sont-ils allés faire Place Mohamed-Ali ? », se serait-il exclamé lorsqu'il a pris connaissance des affrontements devant le siège de l'UGTT, bastion de la résistance syndicale et force incontournable en Tunisie. Le communiqué du ministère de l'Intérieur, publié vers 18h30 en ce mardi 4 décembre 2012, se détache sensiblement de la position adoptée par les ténors d'Ennahdha, malgré quelques détours : Il s'agissait bien de la présence de membres de la « Ligue de protection de la révolution » (LPR) qui a conduit aux affrontements entre ces derniers et les syndicalistes de l'UGTT.
Mais les déclarations alambiquées, les justifications fumeuses et les théories du complot ont bien été exprimées par les irréductibles théoriciens du parti islamiste, parmi lesquels Néjib Gharbi, membre du bureau exécutif en charge de la communication, ou encore Sahbi Atig, président du bloc parlementaire. Ce dernier s'était déjà distingué, lors des évènements de Siliana, en reprochant aux élus de l'opposition leur connivence avec les « syndicalistes corrompus »… Coïncidence (ou pas), quelques jours plus tard, à la veille de la commémoration du soixantième anniversaire de l'assassinat du Leader syndicaliste Farhat Hached, les Ligues de protection de la révolution demandent l'épuration ou l'assainissement (selon les traductions et les intentions) de la principale force syndicale de Tunisie.
Un témoignage partiel d'un journaliste français présent sur place (rectifié ou contextualisé le lendemain) et des images des membres du Service d'ordre de l'UGTT munis de bâton… il n'en fallait pas plus pour attraper la perche tendue et en faire son leitmotiv : Les locaux de l'UGTT regorgent de bâtons, armes blanches, cocktails Molotov et autres trésors et les syndicalistes sont responsables des violences. Les médias tunisiens, quant à eux, n'ont qu'à bien se tenir, les préposés aux plateaux télévisés et accessoirement ministres, tels que Mohamed Ben Salem ou encore Abdellatif Abid sont prêts à dégainer le précieux témoignage du journaliste, français qui plus est… peu importe si ledit témoignage posté sur les réseaux sociaux doit être déformé ou décontextualisé, tous les moyens sont bons.
« Lorsque j'ai eu connaissance des affrontements place Mohamed Ali, j'ai pleuré », a avoué le secrétaire général de l'UGTT, l'air grave. Au lendemain de ces affrontements, la Commission administrative nationale de l'UGTT se réunit dans une salle de l'hôtel El Hana (L'international), sur l'avenue Habib Bourguiba. Les militants syndicalistes sont au rendez-vous, réunis devant l'hôtel dans l'attente des délibérations. Plusieurs personnalités politiques de l'opposition, ainsi que des élus de l'Assemblée nationale constituante sont également présents… il s'agit de montrer son soutien à l'UGTT et de condamner les attaques perpétrées par les Ligues de protection de la révolution ou autres sympathisants d'Ennahdha.
Ces derniers, motivés par les dernières déclarations des leaders islamistes, ne comptent pas en rester à leur exploit de la veille. Appelés en renfort devant l'hôtel où se déroulait la réunion de l'UGTT, drapeaux tunisiens ou autres pancartes à la main, plusieurs manifestants et manifestantes viendront provoquer des syndicalistes éprouvés, les nerfs à fleur de peau. La confrontation est inévitable et des slogans inamicaux sont échangés. « Le peuple veut Ennahdha de nouveau ! » ou encore « Le peuple veut l'épuration (assainissement) de l'Union (NDLR : UGTT) » d'un côté, et des slogans hostiles au parti islamiste, à la gloire de le Centrale syndicale, de l'autre. Quelques altercations et insultes plus tard, la police parviendra finalement à séparer les deux camps et les sympathisants islamistes rebrousseront chemin.
De longues heures d'attente, des rumeurs, des hypothèses… Grèves sectorielles ou régionales ? Grève générale ? Pour quelle date ? Chacun récolte les informations fuitées, les bribes de conversation entendues derrière la porte restée close de la salle de réunion. Et puis les esprits s'échauffent… les syndicalistes ont eu vent de la conférence de presse tenue le jour même par le leader d'Ennahdha, Rached Ghannouchi : « L'UGTT fait de la politique et une fouille doit être opérée au sein de ses locaux ». Les journalistes d'Al Jazeera sont pris à partie, considérés comme les collabos des islamistes et du Qatar, on cherche à les « dégager ». Là, la rumeur d'une grève générale se fait plus pressante, plus réelle, il ne reste plus qu'à en fixer la date… les débats se prolongent dans la soirée. « Il n'y aura pas de vote sur une grève générale, il faut que la décision soit unanime », entend-on à travers la porte.
« Il s'agit de défendre notre honneur et notre Syndicat contre ceux qui veulent nous affaiblir. Une grève générale est la moindre des choses après ce qu'ils nous ont fait subir, depuis la grève des agents municipaux, le dépôt d'ordures et l'incendie de certains de nos locaux, et à présent les agressions physiques à l'encontre des syndicalistes », affirme un responsable de l'UGTT.
« Leur position est claire : nous sommes des sauvages qui avons attaqués des manifestants bienveillants venus commémorer la mort de Farhat Hached. Quelles améliorations peut-il y avoir pour que nous annulions la grève générale ? Il n'y en a eu aucune, au contraire, Rached Ghannouchi continue à jeter de l'huile sur le feu, nous ne reviendrons pas sur notre décision », a déclaré Houcine Abassi, le lendemain, jeudi 6 décembre 2012, refusant de rencontrer le président d'Ennahdha, malgré l'accord de principe de ce dernier et ses multiples tentatives d'apaisement enregistrées aujourd'hui (notamment lors de sa rencontre avec le fils de Farhat Hached, mais aussi dans son prêche pour la prière du vendredi).
Le CPR et Ettakatol, les deux autres partis de la Troïka, ont également pris leurs distances de leur allié islamiste, en apportant leur soutien à la Centrale syndicale. « On ne vient pas à un mariage pour y insulter les présents », rétorquera Samir Ben Amor à Mohamed Ben Salem. « Ennahdha doit présenter des excuses à l'UGTT », ajoutera Mohamed Bennour, porte-parole d'Ettakatol. Plus que jamais isolé, le parti islamiste se retrouve livré à la colère de l'Union qui a décidé de jouer le tout pour le tout, quitte à prendre des risques.
Mercredi, tard dans la soirée, les responsables de l'UGTT, après une journée entière de délibérations, les traits tirés, épuisés, se lèveront pour chanter l'hymne national. « Vive, vive l'Union, la plus grande force du pays ! », scanderont-ils ensuite avant de laisser la parole au leader de l'UGTT : « Nous décrétons une grève générale pour la journée du jeudi 13 décembre 2012, sur l'ensemble du territoire tunisien ». Monia Ben Hamadi


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