Les indiscrétions relatives au cabinet du futur président de la République, Béji Caïd Essebsi, commencent à filtrer. Cinq noms ont été fuités par notre confrère Hafedh Ghribi directeur d'Assabah et confirmés à Business News par l'un des membres de ce futur cabinet présidentiel. Il s'agit de Ridha Belhadj, Khemaies Jhinaoui, Moez Sinaoui, Rafâa Ben Achour et Mohsen Marzouk. Ces futurs conseillers, qui auront très probablement le rang de ministres, ont été reçus hier par Béji Caïd Essebsi. Quatre des cinq ont figuré dans son équipe de 2011, sauf M. Marzouk qui a été directeur de sa campagne électorale à la présidentielle. Les cinq ont brillé dans leur mission couronnée de succès. Les quatre premiers ont mené le pays jusqu'aux élections de l'ANC et le scrutin a été jugé transparent et réussi. Le cinquième a mené son poulain à une victoire nette. Quels sont les postes qu'occuperont ces futurs conseillers ? D'après nos informations, Ridha Belhadj devrait être le directeur du cabinet présidentiel, Moez Sinaoui devrait être le porte-parole de la présidence de la République, Khemais Jhinaoui, devrait être conseiller chargé des Affaires étrangères, alors que Mohsen Marzouk devrait être le super conseiller politique. Le profil de juriste de Ridha Belhadj le place en pôle position pour diriger le cabinet présidentiel dont les affaires administratives sont nombreuses et complexes. Né en 1962 à Tunis, il a été secrétaire général du gouvernement puis ministre délégué auprès du Premier ministre, au sein du gouvernement de Béji Caïd Essebsi, en 2011. Né en 1954, Khemaies Jhinaoui est avocat et diplomate de carrière. Entre mars 1999 et octobre 2004, il a été ambassadeur de Tunisie au Royaume-Uni, puis chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères, avant d'être nommé directeur général des affaires politiques, économiques et de coopération pour l'Europe et l'Union européenne les années 2006 et 2007. En 2008, il devient ambassadeur de Tunisie à Moscou, avant d'être nommé en mars 2011 secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Béji Caïd Essebsi. Moez Sinaoui est également diplomate de carrière. A la fin des années 2000, il rejoint l'équipe de Nessma pour diriger sa communication, avant d'être nommé en 2011 directeur de la communication du Premier ministère, sous Béji Caïd Essebsi. C'est grâce à lui, et la cellule de communication qu'il a créée au sein du ministère, que les points de presse périodiques ont été institués. Son court mandat s'est distingué par une communication apaisée avec les journalistes et une coopération sans relâche, mais aussi sans polémique. Fin 2011, l'Union pour la Méditerranée fait appel à lui et il est nommé à Barcelone. Il sera loin de toutes les polémiques partisanes connues sous la troïka, mais il ne quitte toutefois pas la Tunisie des yeux avec une surveillance quotidienne de l'information et des voyages réguliers à Tunis. Rafâa Ben Achour est un juriste né en 1952. Professeur de droit à la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis, il a été élu président de l'Université des sciences, des techniques et de médecine de Tunis, de 1997 à 2000, et directeur de l'unité de recherche en droit international public des juridictions internationales et de droit constitutionnel comparé depuis 1994. M. Ben Achour a présidé l'Association tunisienne de droit constitutionnel de 1981 à 2000 et a été vice-président de l'Association tunisienne pour les Nations unies et de l'Association des études internationales de 1983 à 1999. Il est un membre fondateur de l'Académie internationale de droit constitutionnel en 1985 et secrétaire général de cette académie de 1988 à 1998, en plus d'être membre de l'Association française de droit international depuis 1995. Il a eu une brève apparition gouvernementale entre janvier 2001 et septembre 2002 en tant que secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education chargé de l'Innovation pédagogique. En mars 2011 Béji Caïd Essebsi fait appel à lui pour le nommer ministre délégué auprès du Premier ministre, puis en juillet 2011, comme ambassadeur de Tunisie au Maroc. Né en juillet 1965, Mohsen Marzouk a perdu son père dès son jeune âge et a dû faire des petits boulots depuis son enfance, pour subvenir à ses besoins et ceux de sa maman et financer ses études. Militant des Droits de l'Homme et grand actif au sein de l'UGET, il a dû subir les pires prisons de Ben Ali, notamment celle de Rejim Mâatoug, un véritable bagne. Il a travaillé dans différentes organisations internationales, telles Freedom House, la Fondation Arabe pour la Démocratie, la Fondation Al Kawakibi ou encore Eltaller, une ONG internationale fondée par Nelson Mandela. En 2011, au lendemain de la révolution, il sera celui qui appelle de toutes ses forces à un référendum, mais c'est l'idée de la Constituante qui a été finalement retenue. On ne voulait pas de « son » Pacte républicain, la solution généralement retenue dans les périodes de transition entre dictature et démocratie. Après les élections de 2011, il rejoint l'équipe de Nidaa Tounes et sera une de ses plus grandes chevilles ouvrières. Son ton direct et sans langue de bois lui attirera les critiques et accusations les plus basses du pouvoir de la troïka.