Ils sont sept. Mais ils veulent se transformer en un seul corps, cohérent et homogène pour pouvoir s'imposer et imposer le respect. Ne dit-on pas que l'union fait la force ? Il s'agit, en réalité, de sept partis politiques qui prétendent être unis par des principes et des idéaux communs, à savoir les idées prônant le socialisme et la démocratie, d'où la dénomination prise, dans un premier temps, de « coalition social-démocrate » ou de « front social-démocrate ». Alors qu'à y regarder de plus près, on constate que cette alliance ne comprend que des formations politiques ayant subi un revers cuisant, voire une véritable raclée, lors des élections de 2014, que ce soit législatives ou présidentielle.
Mais jetons un coup de plus près sur les identités des partis en question et des éventuels points communs les liant. On citera, ainsi : Al Joumhouri, Ettakatol, l'Alliance démocratique, Attayar démocratique, le Mouvement du peuple, le Parti du travail démocratique et le Mouvement des démocrates socialistes. Comme précité, ces partis se prévalent d'être des socialistes, en opposition à la coalition au pouvoir composée de formations réputées comme étant de tendance libérale, et veulent être considérés comme une force d'opposition crédible et une alternative sérieuse pour prendre la relève lors des prochaines échéances électorales.
D'autres analystes y voient, plutôt, une coalition de « mauvais perdants » qui n'ont jamais digéré leurs résultats calamiteux aux élections de 2014. En effet, ces sept partis réunis n'avaient pas obtenu plus de 10% aux législatives, alors que pour la présidentielle, leur score était pire puisque certains n'avaient même pas de candidat en lice. Ceci a fait dire aux observateurs qu'il s'agirait d'un rassemblement de loosers qui tentent de panser leurs plaies en se posant sur une nouvelle rampe de lancement en vue d'une nouvelle entrée dans la jungle politique. Ont-ils des chances de réussir un éventuel come-back ? Ou serait-ce encore un pétard mouillé ? Dans tous les cas, tous les indices leur prédisent un grand flop.
Tout d'abord, rien ne leur permet d'espérer un probable grignotage aux dépens de l'une des solides formations au pouvoir qui sont, toutes, pour un libéralisme économique pur et dur. Or, avec au total neuf députés seulement, ces sept partis disposent à peine de la moitié du nombre des élus du Front Populaire, unique force homogène de l'opposition actuelle. Il est bon de savoir que deux parmi les principaux leaders de cette coalition, étaient très proches de la défunte troïka. Ils en avaient même fait partie en tant que membres au sein du gouvernement 1 ou 2, ce qui laisse planer, déjà, des doutes quant à l'homogénéité des membres de cette nouvelle équipe.
On mentionnera, ainsi, Mohamed Abbou, leader d'Attayar, qui avait fait partie du premier gouvernement de la troïka présidé par Hamadi Jebali et qui a acquis la triste réputation d'être un proche et défenseur acharné des ligues dites de protection de la révolution (LPR). On le voit, donc, très mal assis cote-à-cote avec des dirigeants d'Al Joumhouri, ennemis farouches des violentes et extrémistes LPR.
On mentionnera, ensuite, Salem Labiadh, du Mouvement du peuple et qui a représenté son parti en tant que ministre de l'Education au sein du gouvernement de la troïka bis. Sachant que pour sauver la face et éviter l'embarras après l'assassinat du député Mohamed Brahmi, ex-secrétaire général du même parti, Salem Labiadh avait fait semblant de démissionner de son poste ministériel sans jamais rendre le tablier qu'avec le départ du gouvernement d'Ali Laârayedh. Ce qui revient à dire que sa prétendue démission n'était que fictive et de pure forme. Elle semblait vouloir dire qu'il ne cautionnait plus la troïka et plus particulièrement Ennahdha qui étaient pointées du doigt par l'opposition pour sa probable responsabilité aussi bien politique que morale dûe à son laxisme et indulgence à l'égard des groupes extrémistes qui prêchaient, ouvertement, la violence.
Au-delà de toutes ces considérations, ces partis coalisés ne semblent pas disposer ni de moyens réels pour pouvoir vraiment inquiéter le gouvernement actuel, ni d'un poids électoral leur permettant d'assumer une tâche aussi ardue. A moins qu'ils comptent sur une éventuelle alliance, le moment venu, avec le nouveau venu sur la scène, le « harak du peuple des citoyens » que tient à former l'ancien président de la République, Moncef Marzouki, malheureux vaincu lors du scrutin présidentiel de 2014, malgré le formidable coup de pouce de l'électorat du parti islamiste d'Ennahdha.
Or, atteint, probablement, de folie des grandeurs, M. Marzouki a voulu faire croire, dur comme fer, qu'il s'agissait de ses réels sympathisants et n'a jamais voulu reconnaître que sans cet électorat, il aurait obtenu, à peine, les voix du noyau dur du CPR et d'Attayar et, éventuellement, de quelques mécontents. D'ailleurs, Adnène Manser continue, jusqu'à nos jours, de remâcher l'excellent score de son « poulain » qui aurait pu remporter le scrutin sans la « tricherie » comme il l'avait affirmé avant et après la proclamation des résultats, ses recours multiples devant le Tribunal administratif sont là pour en attester. C'est dire qu'il s'agit là d'un autre looser qui pourrait se joindre, le moment opportun, à la coalition des sept.
Certes, nous ne sommes qu'au lendemain des dernières joutes électorales et que près de cinq ans nous séparent, théoriquement, des prochaines échéances, ce qui ferait dire à certains analystes que bien d'eau pourrait couler sous les ponts d'ici là. Tout laisse croire, cependant, selon d'autres analystes avertis, qu'à moins d'un miracle, rien ne laisse entrevoir de grandes mutations du paysage politique actuel.