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Du 9 avril 2012 à « Où est le pétrole » : l'hypocrisie des hommes politiques
Publié dans Business News le 09 - 06 - 2015

Deux samedis de suite, l'avenue Habib Bourguiba, cette artère fétiche pour les grandes manifestations et autres rassemblements, en plein cœur de Tunis, a vécu au rythme de la «recherche du pétrole ». Une campagne qu'on veut faire passer pour spontanée et hautement populaire, alors que nombreux sont les indices prouvant le contraire.
Comment ces manifestations peuvent-elles être considérées comme « innocentes et non programmées» alors que des pages entières et des statuts bien connus sur Facebook synchronisent les appels avec un timing, des lieux et des itinéraires bien précis ?

Le premier objectif de cette campagne étant atteint, à savoir la mobilisation des habitants du sud du pays, révoltés depuis des années contre une certaine marginalisation, et la sensibilisation de l'opinion publique par le biais des réseaux sociaux et des plateaux radiotélévisés, les auteurs de cette campagne semblent passer à la deuxième phase de leur plan.
Sachant que les agents de sécurité allaient réagir, puisque les manifestations n'étaient pas autorisées, les meneurs de la campagne sur le pétrole, exploitent bien ce filon en vue de faire monter l'opinion publique, aussi bien intérieure qu'extérieure, contre les « services de police qui retrouvent les anciens mauvais réflexes d'antan » en matière de répression et de tabassage.
De quoi susciter les réquisitoires et autres diatribes menées d'une main de maître par les « défenseurs des droits de l'Homme », ou du moins ceux qui se présentent comme tels, dont notamment le couple Mohamed et Samia Abbou, les membres du Congrès pour la République, Imed Daïmi en tête, et les nouveaux (anciens) du mouvement Al Harak avec pour chef de file l'inévitable Moncef Marzouki, Adnène Mansar, Tarak Kahlaoui, etc.

Nous assistions ainsi samedi 6 juin 2015, à une manifestation organisée par des membres des LPR et quelques inconditionnels de Moncef Marzouki, autour du slogan « Où est le pétrole ». Très vite et avant même que la manifestation n'ait commencé, la police dans un excès de zèle, est venue mettre son grain de sel et l'intervention devient rapidement musclée.
Résultat des courses, quelques manifestants sont arrêtés. Une manifestante aurait même était tabassée au point de ne plus pouvoir marcher. Nous y reviendrons. Sur les réseaux sociaux certains politiciens se sont donné à cœur joie, pointant du doigt ces excès inadmissibles, à raison. Car oui, les violences policières injustifiées, de surcroit, sont condamnables et intolérables dans un Etat qui se veut de droit. Il demeure, toutefois, juste d'admettre qu'il n'y pas eu, lors de cette manifestation, de gaz lacrymogène, de tirs à la chevrotine ou autres « armes de répression massive».

En Tunisie, force est de constater que la police réprime, la société civile et les médias condamnent et les politiciens instrumentalisent tout ce qui leur passe sous la main pour servir leurs intérêts. Pire encore, ils scénarisent même les faits. Il faut dire que certains sont passés maîtres dans cet art. L'intervention policière face à la manifestation « où est le pétrole », a bien évidemment suscité une vive indignation auprès de ces défenseurs des droits de l'homme, et fervents adeptes de l'Etat de droit.

Sur la page officielle de Mohamed Abbou, secrétaire général du parti « Attayar », un communiqué officiel a été publié le 7 juin, condamnant les arrestations abusives et accusant le gouvernement d'avoir eu recours à une démonstration de force, perpétrée dans le but de dissuader les Tunisiens de manifester. Il a accusé le parti au pouvoir d'être responsable de la détérioration des droits de l'Homme en Tunisie et a mis en garde le gouvernement contre de telles violations de la Constitution, des droits et des libertés.
Riadh Chaïbi, dissident d'Ennahdha, a aussi publié un communiqué sur la page officielle de son parti «Binaa Al Watani » le 8 juin 2015, dans lequel il dénonce les violences policières commises sur les manifestants. Il accuse certains politiciens et députés d'avoir incité les policiers à commettre ces abus en traitant les jeunes manifestants d'anarchistes.
Imed Deghij, quant à lui, a appelé les activistes et la société civile à se rassembler et manifester le 7 juin 2015 pour dénoncer les violences policières commises la veille et réclamer l'ouverture du dossier des richesses du pays. Il a précisé qu'une demande d'autorisation a été déposée auprès du ministère de l'Intérieur mais que celui-ci n'y a donné aucune suite.
Une vague d'indignation a donc envahi les réseaux sociaux, pointant du doigt l'appareil sécuritaire et le gouvernement, appelant à se mobiliser contre les bavures policières commises et à manifester pour la « recherche du pétrole ». Cet élan en faveur de la liberté de manifester et de s'exprimer est, certes, fort louable, mais bien trop beau pour être innocent. Faisons un petit retour en arrière, en évoquant la manifestation violemment réprimée du 9 avril 2012.
Le lundi 9 avril 2012, de violentes altercations entre policiers et manifestants ont eu lieu à l'Avenue Bourguiba et dans les ruelles qui lui sont adjacentes. Cette journée était dédiée aux martyrs tués par l'occupant français et à ceux de la Révolution du 14 janvier 2011.
Lors de cette journée commémorative, le ministère de l'intérieur avait interdit toute manifestation sur ladite artère, donnant ainsi aux policiers toute la « légitimité » pour attaquer les manifestants « rebelles ».
Les réactions furent, contre toute attente, dirigées contre les manifestants, et la violence inouïe dont a usé la police, à coups de matraque, coups de pieds et de bombes de gaz lacrymogènes (souvent à bout portant), relayée par la presse locale et étrangère.
Ali Laârayadh, ministre de l'intérieur à l'époque, avait défendu la police dans un débat diffusé le soir même sur la chaîne El Watanya en affirmant que les manifestants étaient armés de pierres et de cocktails Molotov. Il avait indiqué que la police n'a fait qu'appliquer la loi.
Le président de la République de l'époque, Moncef Marzouki, est allé jusqu'à reprocher la violence des manifestants contre les forces de l'ordre. Dans une déclaration à la télévision nationale, dans l'émission « Hadith Essaâ » du 9 avril 2012, Marzouki avait dit regretter « les actes de violence commis par les manifestants contre les agents de la police ». « Un degré de violence inacceptable » selon lui. Etonnant de la part d'un fervent défenseur des droits de l'homme.

Le ministre des Droits de l'Homme à l'époque, Samir Dilou, n'a publié aucun communiqué condamnant les violences policières commises contre les manifestants. Rached Ghannouchi, président du parti au poyvoir, avait qualifié, quant à lui, les manifestants d'« anarchistes staliniens», les accusant de vouloir semer le chaos pour que son parti Ennahdha échoue à assurer un travail honorable au cours de cette période délicate et post-dictatoriale.
Radhouane Masmoudi, Fondateur du Centre d'études sur l'islam et la démocratie (CEID), ingénieur de formation et sympathisant du parti Ennahdha, avait vivement critiqué les manifestants du 9 avril 2012, qui, selon lui, n'avaient pas respecté la loi. Il a promis de faire pareil si jamais les séculaires étaient parmi les manifestants. Promesse oubliée ! Le 8 juin 2015 il s'est indigné face à la violente répression policière et à l'arrestation de manifestants pacifiques.
Pour sa part, Mohamed Abbou, avait suscité la controverse en déclarant sur Mosaïque Fm que «tous ces gens qui se mobilisent dans la perspective d'une fantasmatique date-butoir du 23 octobre 2012 doivent avoir à l'esprit les peines encourues en cas de tentative de changer la forme de gouvernement par la force. Ça peut aller jusqu'à la peine de mort ».


La manifestation du 6 juin 2015 a été le théâtre d'une malheureuse comédie, incitée puis récupérée par certains sympathisants du CPR et d'Attayar, avec à la clé des premiers rôles et des stars en herbe. Nous citerons Ons, la militante tabassée au point de ne pouvoir plus marcher mais qui marche, étouffée au point de porter un masque à oxygène à l'envers. Cette manifestation a aussi été l'occasion de découvrir, sans surprise, la mauvaise foi des politiciens et autres militants des droits de l'Homme, et leur aptitude légendaire à tourner comme des girouettes.


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