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Immigration clandestine : la méditerranée, ce cimetière
Publié dans Business News le 08 - 07 - 2016

Selon l'organisation internationale pour les migrations (OIM), 2015 a été l'année la plus meurtrière de l'histoire pour les migrants avec plus de 3771 décès enregistrés rien qu'en Méditerranée. Retour sur le phénomène de la migration clandestine, ou économique, qui touche particulièrement certains Tunisiens qui croient encore en un Eldorado européen.

Khaled Labiadh, Badr Ferji, Radhouane Ragued, Mabrouk Zitouni, Salah Bessaoud et Chokri Labiadh, sont les noms des jeunes tunisiens retrouvés morts dans le dernier naufrage durant la nuit du 2 juillet 2016. Selon les informations dont nous disposons l'embarcation qui s'est renversée en mer près des côtes libyennes après une panne, comptait Vingt-huit jeunes, tous originaire de la ville de Ben Guerdène. Une ville sous le choc. Après avoir enterré les corps des jeunes retrouvés échoués sur une plage de la ville libyenne de Sabratah, les familles s'activent pour avoir des informations sur les cinq autres présumées victimes dont les corps n'ont pas pu être retrouvés au cours des opérations de ratissage. Des enfants partis à la fleur de l'âge et qui ne reviendront pas.
Ce drame une fois encore est presque passé sous silence, ou du moins dans une semi-indifférence. C'est que le phénomène n'est pas nouveau, et il y a toujours eu des malheureux qui partent se noyer en Méditerranée.
Mercredi 6 juillet les garde-côtes de Sousse font avorter une opération d'immigration clandestine au large de la ville. A bord, des jeunes dont l'âge varie entre 25 et 31 ans et le passeur activement recherché par les autorités pour trafic de drogue.

Selon le profil psychologique de l'immigrant clandestin, dressé par le professeur Mustpha Nasraoui, docteur d'Etat en psychologie sociale, l'âge moyen des clandestins est de 24 ans, 2/3 des migrants ont entre 20 et 30 ans. De ces jeunes, 50 000 serait parvenus à atteindre les côtes italiennes depuis 2010, plus de 2000 corps ont été repêchés en Méditerranée, sans compter les disparus.

Le nombre de Tunisiens qui émigrent chaque année illégalement vers l'Europe est en constante augmentation, celui des naufrages et par conséquent des morts, également. Selon l'OIM, le mois le plus meurtrier en 2015 a été le mois d'avril au cours duquel près de 1 250 migrants ont trouvé la mort, principalement en raison de la pire tragédie de l'histoire touchant les migrants qui traversent la Méditerranée depuis l'Afrique du Nord. Une tragédie au court de laquelle 800 migrants ont péri lorsque leur bateau a chaviré, une fois encore, au large des côtes libyennes. Toujours d'après l'organisation, 77% des décès ont eu lieu sur l'itinéraire de la Méditerranée centrale empruntée essentiellement par les passeurs qui œuvrent depuis les côtes libyennes. Le phénomène est accentué suite à la situation de chaos en Libye.
« Il est choquant et inexcusable de voir qu'un nombre record de migrants et de réfugiés désespérés ont perdu la vie cette année alors que cela pourrait être évité. La communauté internationale doit agir maintenant pour enrayer cette tendance contre les migrants désespérés », a déclaré le Directeur général de l'OIM, William Lacy Swing, en réaction aux chiffres de 2015. Une réaction qui ne sera pas entendue par une classe politique européenne divisée face à cette crise migratoire de grande ampleur.

L'écrivaine Tunisienne, Hélé Béji Ben Ammar expliquait durant La 19ème édition du Forum international de Réalités qui a eu lieu fin avril 2016, sous le thème « Enjeux et défis de la nouvelle politique de voisinage de l'Union Européenne», qu'en même temps que se constituait l'Europe se redressait le rideau de fer en Méditerranée. Et donc, selon elle, plus les Européens créaient l'Europe, et plus ils se détachaient de leurs voisins méditerranéen. Cette cassure provoquée alimente efficacement tous les extrémismes selon l'écrivaine et philosophe.
« Le voyage est depuis toujours l'outil de la connaissance du monde et maintenant que s'est construite la civilisation occidentale, on commence à parler de migrants, d'émigrés, de réfugiés mais encore d'exilés et on ne parle plus de voyageurs. Les jeunes Tunisiens ne pourrons donc jamais voir le monde dans sa grandeur, il ne le verront que dans les réseaux sociaux ou à travers le petit écran ce qui ne pourra que causer une déformation majeur de l'esprit avec une vision mutilé du monde car condamné à vivre dans leurs différence culturelle. Privés du contact avec le monde, ils deviennent des fanatiques. Le voyage qui est un droit de l'Homme nous a aujourd'hui été enlevé » a-t-elle déploré.

L'Italie est l'une des portes d'entrées principales de l'immigration clandestine sur le continent européen. Le naufrage survenu le 3 octobre 2013, coûtant la vie à 366 migrants, provoque une profonde émotion en Italie et Enrico Letta, alors président du Conseil, déclenche une opération militaro-humanitaire destinée à la fois à secourir les immigrants naufragés et à dissuader les passeurs, l'opération Mare Nostrum est née. Le nombre de migrants repêchés cette année-là par les marins italiens est considérable : plus de 100 000 en moins d'un an.
Le coût de ce déploiement militaire est important, estimé à environ 9 millions d'euros par mois, il est presque entièrement supporté par l'Italie. L'Europe est encore absente!
L'opération prendra fin le premier novembre 2014. En remplacement, l'agence européenne pour la coopération internationale et la surveillance des frontières, Frontex mènera l'opération Triton, mais, bien moins ambitieuse, celle-ci se contentera de patrouiller dans les eaux territoriales italiennes, elle n'aura ni mandat ni équipement pour procéder à des opérations de recherche et sauvetage en haute mer.

Une fois repêchés par la marine Italienne, les rescapés de cette route de la mort, sont placés dans des centres de permanences temporaires (CPT). Leur séjour dans ces centres peut durer des années souvent dans de très mauvaises conditions, comme l'avait déploré la Cour européenne des droits de l'Homme en 2015, avant qu'ils ne soient à nouveau rapatrier vers leurs pays d'origine. Très rares sont ceux qui obtiennent le statut de réfugiés.

Un constat amer qui résume bien les conséquences d'une politique dominant-dominé qui sévit depuis maintenant des décennies et qui a fait de la Méditerranée un véritable cimetière. En cause également, une situation économique qui se dégrade de jour en jour en Tunisie et des jeunes qui ne voient plus d'avenir dans leur pays. Ils se jettent tête baissée dans cette aventure pour conquérir un présumé Eldorado, alors qu'ils retrouveront, à presque tous les coups, la mort en route. A l'aune de ces événements désastreux, il devient évident pour les observateurs et les organisations sur le terrain que les appels aux politiciens afin d' éviter de nouvelles morts en mer n'ont aucune conséquence. Les politiques des pays de départ quant à eux se contentent de jeter des fleurs en mer en mémoire des disparus…


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