Les services rendus par la santé publique sont considérés comme une sorte de baromètre qui permet de mesurer le degré de développement des pays à travers le monde. La Tunisie, était, auparavant, reconnue par le développement de ce secteur et réputée par le haut niveau des compétences médicales. Sauf que de nos jours, l'état de nos établissements publics laisse souvent à désirer. Dernier constat en la matière date d'hier. C'est suite aux fortes averses enregistrées, que le toit du service de la maternité à l'hôpital régional de Bizerte a fuité et a été envahi par la pluie. Le staff médical s'est trouvé dans l'obligation d'évacuer tous les nouveau-nés du service de maternité en les transférant vers le service de pédiatrie. Cet incident était attendu par le personnel de l'hôpital dans le sens où les travaux d'aménagement n'étaient pas encore achevés. On rappellera, pourtant qu'une somme avoisinant les 3 millions de dinars était mise à la disposition de l'administration régionale de l'Equipement, et ce, afin d'engager des travaux d'aménagement dans les différents services de l'hôpital de Bizerte. Malgré cela, une lenteur a ponctué l'avancement desdits travaux, sans que les responsables concernés ne puissent y apporter une explication plausible.
Encore un cas enregistré, cette fois-ci àl'hôpital régional Tahar Sfar de Mahdia où s'est rendue la ministre de la Santé, Samira Meraï, fraîchement nommée, le 3 septembre 2016. Au cours de cette visite, la ministre s'est engagée à prendre des mesures pour améliorer la qualité des services de santé dans la région. Elle a évoqué le cas du scanner de l'hôpital en disant qu'il était inadmissible qu'un Centre hospitalo-universitaire de cette importance ait un scanner défectueux. Mme Meraï a, également, déclaré que le secteur de la santé souffrait de problèmes liés à la gestion et à la gouvernance et qu'il fallait remplacer du vieux matériel. Elle a ajouté que la volonté du ministère était d'aller vers plus de décentralisation afin que les problèmes soient réglés au plus vite au niveau des directions régionales.
Un autre établissement qui n'a rien à envier aux précédents quant aux aspects négatifs, est l'hôpital régional de Kasserine. L'état des lieux fut constaté par le chef du gouvernement d'union nationale, Youssef Chahed, au moment où il s'est rendu au chevet des blessés de l'accident survenu mercredi au marché de la localité de Khemouda, et qui a fait 16 morts et 85 blessés.
Et c'est bien l'état délabré de cet hôpital qui a poussé M. Chahed à prendre un certain nombre de mesures en faveur de cet établissement de santé à Kasserine.
Le chef du gouvernement a donné au ministère de la Santé ainsi qu'aux directions centrales et régionales, un délai de 24h pour commencer à mettre en place la concrétisation de ces mesures décidées avec le département conerné ainsi que celles exceptionnelles, qui seront annoncées ultérieurement.
Youssef Chahed a annoncé, en effet, les mesures suivantes : - Augmentation du budget de l'hôpital - La mise en place de trois machines respiratoires mobiles - La mise en place d'un nouveau bloc de chirurgie dédié à la chirurgie des os - La fourniture au service des urgences des équipements de radiologie et de cardiologie - La fourniture à l'hôpital des appareils de respiration artificielle et de radiologie numérique - La mise en place d'un stock stratégique de médicaments à la disposition de l'hôpital - La mis à la disposition de la direction de l'hôpital d'un budget dédié au réaménagement de l'hôpital et de son infrastructure - L'organisation des circuits du sang dans le gouvernorat en collaboration avec la banque du sang.
Face à cette situation, et à l'incapacité des autorités d'apporter des solutions urgentes et efficaces, certaines composantes de la société civile ont choisi d'agir par leurs propres moyens. Ce qui est le cas de l'association Maram Solidarité qui avait totalement rénové le service d'oncologie pédiatrique de l'Hôpital Salah Azaïez. Or quelques mois plus tard, le service ressemble à un service quasi délabré. « Nous avons organisé une fête pour les enfants dans le service il y a un mois et nous n'avions rien constaté de tout cela. En l'espace de quelques jours, des fournitures ont disparu, du matériel a été dégradé et la crasse a envahi le lieu » nous a confié, abasourdie, la vice-présidente de l'association, Manel Gharbi.
Très remontée contre le cadre médical et paramédical relevant du service en question, Manel Gharbi a expliqué, dans une déclaration à Business News, que les draps brodés à la main qui ornaient les dix lits que compte le service ont disparu, que la climatisation ainsi que le système d'alarme très sophistiqué, installés pour le confort et la sécurité des enfants, sont, à présent, défectueux, que le lave-linge qui permettait au service d'être autonome a été saccagé, jusqu'à la résine, au marbre et aux poignées des portes qu'on a voulu arracher.
C'est dire qu'il faudrait procéder à une mise à niveau des infrastructures de base, des équipements et des compétences humaines, plus particulièrement au niveau des mentalités avec une prise de conscience généralisée quant à la préservation du matériel, des médicaments et de l'état des lieux, en général. Ce sera une action de longue haleine et de suivi au quotidien des moyens existants tout en œuvrant à les développer et à les promouvoir au grand bonheur et des patients et du staff médical.