Béji Caïd Essebsi est rentré hier d'une visite d'Etat aux Etats-Unis lors de laquelle il a participé, aux côtés de la délégation tunisienne, aux travaux de l'Assemblée générale des Nations-Unies et au Forum des affaires afro-américaines. Une visite de 4 jours lors de laquelle il s'est entretenu avec des dirigeants mondiaux dont le président US, Barak Obama, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, le secrétaire d'Etat américain aux Affaires étrangères, John Kerry, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, le président de la Banque Mondiale, Jim Yong Kim, et la secrétaire d'Etat américaine du Commerce, Penny Pritzker. « Ma visite [ndlr : aux Etats-Unis] est une réussite inattendue », tels ont été les mots de Béji Caïd Essebsi pour qualifier sa visite américaine. Depuis la ville de New York, jeudi 22 septembre 2016, le chef de l'Etat tunisien s'est dit très satisfait de sa visite précisant que, dans l'état actuel des choses, l'aide américaine était « suffisante ». Suffisante certes, mais elle devra être, « développée », et ceci « dépend de nous », selon le chef de l'Etat. Mais qu'est-ce que la Tunisie est allée chercher lors de cette visite ? Le chef de l'Etat tunisien avait quitté, le 18 septembre 2016, la Tunisie à destination de New York afin de participer à l'Assemblée générale des Nations-Unies et au forum afro-américain en tant qu'invité d'honneur du président Barack Obama. Le forum avait démarré le 21 septembre réunissant 35 chefs d'Etats différents et 200 entreprises américaines ainsi que des bailleurs de fonds. Et le message est clair, la Tunisie est considérée comme un « partenaire prioritaire », à condition toutefois qu'elle mette en place les réformes nécessaires afin de « drainer l'investissement et renforcer ses relations économiques avec les Etats-Unis ». La Tunisie, aux côtés d'autres pays africains ayant pris part à cet événement, devra « débattre avec l'administration américaine des conditions de création de nouveaux modèles de coopération dans les secteurs des finances et de l'investissement », selon les déclarations du porte-parole du département américain des Affaires étrangères chargé des Affaires africaines, Brian Neubert, à la TAP. Lors de cet événement, Béji Caïd Essebsi s'est réuni, le temps d'une table ronde, avec John Kerry et Christine Lagarde afin de se pencher, notamment, sur les perspectives de l'investissement en Tunisie. Une entrevue dite « positive », selon le président tunisien qui a également eu l'occasion de s'entretenir avec Barak Obama, lors d'un diner organisé par l'ONU. Le président américain lui a donné « la garantie que les Etats-Unis se tenaient aux cotés de la Tunisie ». Béji Caïd Essebsi a aussi eu une entrevue avec le président de la Banque Mondiale, Jim Yong Kim, qu'il a qualifiée de « plus positive qu'on ne l'espérait ».
Mais pour apporter leur aide « salvatrice », les conditions émises par les Américains sont aussi claires. Ouvrant les travaux, Barak Obama a affirmé que les US étaient impliqués dans la promotion du capital humain en Afrique, à travers « l'enseignement, la formation et l'amélioration des conditions de vie », invitant ainsi les gouvernements des pays africains, et parmi eux la Tunisie, à lutter contre corruption et le clientélisme et à instaurer la transparence et le progrès du citoyen. De quoi rejoindre les « conditions » énoncées par le Parlement européen, dans sa résolution émise le 14 septembre à Strasbourg, quant à l'exécution d'un Plan Marshall en Tunisie. Une résolution qui compte 70 points touchant les réformes politiques, les institutions, le développement économique et social, la sécurité et la défense, l'éducation et la culture, etc. A noter qu'un appel à un « soutien international à la Tunisie » a été lancé lors d'une rencontre organisée conjointement par le think tank tunisien Le Cercle Kheireddine, le Cercle des économistes et la Fondation prospective et innovation et réunissant 150 personnalités, tunisiennes comme françaises. Exprimant « l'inquiétude grandissante en Tunisie face à la sensibilité des défis sociaux et économiques auxquels elle doit faire face », le texte exhorte la communauté internationale à honorer ses engagements passés à « soutenir la transition en Tunisie » à un moment critique où la « situation sécuritaire reste fragile » et où « la situation économique s'est détériorée ». Les signataires évaluent à 20 milliards d'euros le montant du soutien international dont la Tunisie a besoin pour réaliser son plan de développement 2016-2020.
A peine créé, le nouveau gouvernement, dit d'union nationale de Youssef Chahed, devra faire face à des défis de taille, à la lumière d'une situation économique plus que fragile et une aide internationale, longtemps sollicitée mais qui tarde à venir. Alors que le président de la République, Béji Caïd Essebsi multiplie les déplacements à l'international et les appels au soutien à la Tunisie, estimant à plusieurs reprises que « le pays ne peut réussir, seul, sa transition socioéconomique », les aides se font, jusque-là, insuffisantes. Comme garanties à fournir, le nouveau code d'investissement tunisien et la loi de Finances 2017, devront comprendre les mesures souhaitées afin d'ouvrir de nouvelles perspectives aux investisseurs et impulser le développement. On rappellera que les USA participeront à la conférence internationale sur l'investissement prévue en Tunisie les 29 et 30 novembre 2016. Une importante aubaine sur laquelle beaucoup d'espoirs restent accrochés. Béji Caïd Essebsi formule le souhait que cet événement soit « un franc succès » expliquant que si la transition peut se faire sur 10 ans, elle prendre 4 ou 5 ans si le pays « donne à ses amis l'occasion d'intervenir ».