Après les carnages au camion fou survenus à Nice et Berlin en 2016, les autorités allemandes, françaises ou encore italiennes, ont procédé ces derniers mois à l'expulsion de plusieurs individus d'origine tunisienne, jugés constituant une « menace grave à l'ordre public ». Après avoir séjourné dans les prisons occidentales où ils ont été, pour la plupart, radicalisés, ils reviennent aujourd'hui au pays avec des idées « nouvelles ». En décembre 2016 toujours, le journal allemand, Der Spiegel, publiait une information selon laquelle les autorités allemandes œuvraient pour le rapatriement en Tunisie de réfugiés se trouvant actuellement sur le sol allemand et la mise en place « pour l'occasion » de « centres d'accueil » dans le sud tunisien, en contrepartie de quoi, le gouvernement allemand aurait offert d'aider la Tunisie en matière de sécurité et de développement. Cet accord n'a, jusqu'à ce jour, pas été rendu public et n'a pas non plus été confirmé.
Il est décrit par les services de sécurité italiens comme étant un personnage charismatique et très dangereux. Jilani Ben Mahmoud, 46 ans, a été expulsé par la police des frontières italienne vers la Tunisie pendant le mois de décembre 2016. Il a été pendant une longue période surveillé par la « Digos » avant la décision d'expulsion. Dans les rapports, on note que pendant ses séjours en prison, Ben Mahmoud, a toujours eu la capacité d'attirer des personnes autour de lui.
Vincenzo Frontera, un dirigeant sécuritaire italien explique dans une déclaration au journal « Il Fatto Quotidiano » que dans le cas « Ben Mahmoud », les écoutes téléphoniques ont joué un grand rôle. Selon le 007 italien, elles auraient permis de mettre à jour le lien que l'homme entretenait avec des personnages de « Jabhat al Nosra » opérant sur le théâtre syrien, ce qui a accéléré son expulsion via un vol direct Catania-Tunis.
Août 2016, l'Italie procède à l'expulsion de Bilel Chihaoui. Un Tunisien de 26 ans, qui avait menacé sur sa page Facebook de commettre un attentat ciblant la Tour de Pise. Déjà connu des services de police comme dealer de stupéfiants, l'homme avait à maintes fois fait les louanges « des martyrs » tombés lors d'opérations kamikazes revendiquées par l'organisation terroriste Etat Islamique.
Anis Amri, responsable de l'attaque sur le marché de Noël à Berlin a lui aussi fréquenté les prisons italiennes. C'est ici l'histoire de jeunes délinquants, qui, attirés par le gain facile comme le veut l'époque, finissent, après leur passage dans quelques institutions pénitentiaires, sous l'influence d'autres personnages plus dangereux cette fois.
Moez Fezzani est l'une de ces « têtes » dangereuses. Considéré par les services de renseignement italiens, comme l'un des recruteurs pour le compte de l'organisation terroriste Daech, Fezzani est arrivé à Tunis le 23 décembre 2016 via l'Egypte. Il fait aujourd'hui l'objet de quatre mandats de dépôt émis par le pôle judiciaire anti-terroriste, qui le considère comme l'un des responsables des attaques de Sousse et du Bardo. Ridha Aissaoui. Un autre nom, un autre Tunisien expulsé d'Italie après avoir manifesté des signes de radicalisation. Ancien détenu de la prison de Treviso, Aissaoui, âgé de 37 ans, a immédiatement été expulsé après avoir fini de purger sa peine. Pour la « Digos », il est hors de question de le remettre en liberté, après ce qui s'est passé avec Amri, qui, lorsqu'il avait fini de purger sa peine s'en est sorti avec un ordre d'expulsion. Un papier qui ne l'a pas empêché ensuite, de passer la frontière pour se rendre en Allemagne et commettre l'un des pires attentats qu'a connu le pays. « Je suis indécis sur le fait de rester sage ou bien de commettre un carnage. Je dois y penser » cette phrase écrite par un Tunisien de 26 ans résidant, depuis plusieurs années, dans la province de Ravenne, en Italie, lui a valu l'expulsion. Après enquête, il s'est avéré qu'il était en contact avec des individus en Syrie.
Comme l'Italie, la France a elle aussi ordonné l'expulsion de plusieurs individus suspectés de terrorisme. Parmi eux, des imams tel que Mohamed Hammami, 77 ans, responsable religieux de la Mosquée Omar (Paris, XIe). L'homme a été expulsé par le ministère de l'Intérieur. En application d'un arrêté du 8 octobre 2012, il a été arrêté devant son domicile à Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne) par la Police aux Frontières, puis expulsé par avion vers la Tunisie, son pays d'origine.
Les faits qui lui sont reprochés par les autorités « sont particulièrement graves », car lors de ses prêches, l'imam a tenu des propos ouvertement hostiles aux valeurs de la République. « Ces provocations, délibérées, répétées et inacceptables incitant à la discrimination et à la violence constituaient une menace pour la société française et pour sa sécurité » avait déclaré Manuel Valls, alors Premier ministre, à la presse. L'Italie, l'Allemagne et la France parlent aujourd'hui, d'intensifier les procédures de renvoi des citoyens tunisiens qui ne bénéficient pas de titres de séjour en règle. « J'ai annoncé au président tunisiens que nous allons augmenter le nombre d'expulsions vers la Tunisie » a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel lors d'un point de presse le 23 décembre à Berlin. Le ministre italien de l'Intérieur, Marco Minniti, s'est lui, rendu en Tunisie cette semaine pour renouveler « un accord bilatéral de rapatriement », en échange d'aides diverses, ont fait savoir les médias de la péninsule. En résumé, en quelques mois, les citoyens tunisiens, devront offrir refuge à des délinquants devenus soldats et recruteurs pour le compte d'organisations terroristes avec des ramifications internationales. A ces personnes s'ajouteront ceux qui sont en train de rentrer du théâtre syrien, car là-bas « l'Islam en colère » a perdu sa plus grande bataille. Une question s'impose alors : comment contenir tout ce beau monde alors que les dossiers de justice sont vides?
Le processus de retour des « esprits dangereux » a été enclenché depuis maintenant quelque temps et il ira en s'accélérant. Même si la polémique concernant le retour des terroristes est relativement récente, il faut savoir que les retours s'opèrent depuis 2014 et vont en s'intensifiant. De leur côté, les autorités sécuritaires tunisiennes maintiennent un certain black-out sur leur sort une fois sur le territoire national mais on sait qu'ils sont dispatchés entre séjours en prison, assignations à résidence et simple remise en liberté.