L'ancien général Habib Ammar s'est exprimé ce lundi 6 février 2017 sur les circonstances du coup d'étatqui a eu lieu le 7 novembre 1987 et sur l'actualité récente du pays dans la matinale de Borhène Bsaies sur les ondes de Cap FM. Il est d'abord revenu sur les principaux évènements qui ont eu lieu en 1987 et qu'il a rapporté dans son ouvrage autobiographique intitulé « Général Habib Ammar, parcours d'un soldat : entre le devoir et l'espoir » publié aux éditions Simpact. Il s'est par la suite exprimé sur l'actualité récente en indiquant que le droit de vote accordé aux militaires et aux sécuritaires est une mauvaise idée et que ceux-ci « devraient être tenus loin des préoccupations relatives aux élections municipales ». A ce sujet, il a ajouté que « notre démocratie est fragile. Faire participer les militaires et les sécuritaires aux élections municipales va entrainer un tourbillon et une amplification des pots-de-vin ».
Sur le coup d'Etat de 1987 que le général qualifie plutôt de « changement », il a avancé que Zine El Abidine Ben Ali et lui- même ont « sauvé le pays et le leader Habib Bourguiba qui étaient tous deux en grand danger à ce moment précis de l'Histoire. Habib Bourguiba était alors la cible d'un plan d'assassinat islamiste prévu pour la fête de l'arbre». Ainsi, dans une maison située à la Soukra, l'ancien président et lui-même se retrouvaient chaque nuit pour se mettre d'accord sur la logistique à mettre en œuvre pour la réussite du coup d'Etat. Habib Ammar a déclaré que seul Zine El Abidine Ben Ali et lui-même étaient dans le secret et que, par la suite, l'idée de mettre au courant Hédi Baccouche s'est imposée. « Si une tierce personne avait eu connaissance de ce plan, le changement aurait échoué » a-t-il avancé précisant plus loin qu'aucune force étrangère n'était au courant : « les autorités algériennes et italiennes n'étaient au courant de rien ». Par ailleurs, Habib Ammar a indiqué qu'au départ, le coup d'Etat était prévu pour le 8 novembre 1987 mais que des agents infiltrés de Ben Ali dans la sphère islamiste l'avaient prévenu, 12 jours à l'avance, qu'un plan dangereux planait sur la Tunisie, ce qui obligea les commanditaires du coup d'Etat a avancé la date au 7 novembre.« Au lieu de planifier pour le 8, notre plan de sauvetage a été avancé au 7. Suite à la réussite du coup d'Etat, Rached Ghannouchi et les islamistes se sont d'ailleurs calmés ».
Sur l'existence d'un plan B en cas d'échec, Habib Ammar a déclaré : « Ben Ali et moi avions chacun notre pistolet sur nous pour nous tirer une balle dans la tête en cas d'échec. Notre plan B était le suicide, pour ne pas souffrir ni faire souffrir nos familles respectives. Nous n'avons jamais eu en tête de fuir le pays, la seule solution plausible était le suicide, nous partagions ce point de vue avec Ben Ali ». Concernant le départ de Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier 2011, le général a affirmé : « Je ne crois pas une seconde que celui-ci a pris l'avion pour prendre la fuite. Jusqu'à aujourd'hui le point d'interrogation perdure ».