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Youssef Chahed : comment avoir 40 ans et en paraître 80 !
Publié dans Business News le 17 - 04 - 2017

« Youssef Chahed aurait dû faire l'économie d'une sortie inutile », c'est, grosso modo, l'impression qui est restée après l'interview accordée par le chef du gouvernement à Wataniya 1, Mosaïque FM et Hiwar Ettounsi, et diffusée, en différé évidemment, le soir du 16 avril 2017. Une sortie médiatique censée apaiser les esprits et montrer une vision. Au final, elle aura suscité plus de questions qu'elle n'aura fourni de réponses.

Dieu qu'elle était attendue cette intervention du chef du gouvernement ! La majorité des observateurs attendaient une réaction ferme, une vision, un plan, particulièrement suite aux différentes manifestations et contestations que connait le pays depuis bientôt trois semaines. Le résultat aura été une déception puisque le chef du gouvernement a varié entre jeter la responsabilité sur les anciens gouvernements et sur le thème de « l'auto-flagellation » et le fait de dire que ça ira mieux plus tard.

Youssef Chahed a dressé un diagnostic que l'ensemble, ou presque, de la population connait déjà. La situation est difficile, les finances publiques sont limitées et le pouvoir d'investissement de l'Etat est restreint. Il a ensuite évoqué une crise de confiance entre la population et l'Etat. C'est ainsi qu'il a expliqué que plusieurs promesses ont été faites avant qu'il n'accède au pouvoir et que plusieurs de ces promesses sont « irréalistes et irresponsables ». Par conséquent, la population, ne voyant pas les promesses se réaliser, se réfugie dans la contestation et la manifestation pour obtenir parfois des choses qui ont déjà été signées. Une réponse pour le moins décevante au vu de l'ampleur et de la diversité des contestations constatées dans les régions. Par exemple, Youssef Chahed n'a pas répondu concrètement à la délocalisation d'une usine de câbles à l'origine des manifestations dans cette région. Dire que les autres gouvernements ont promis des choses irréalisables ne peut être suffisant pour calmer les ardeurs des manifestants et ne saurait les inciter à avoir confiance dans le gouvernement actuel. Le locataire de la Kasbah a semblé vouloir mettre tous les mouvements de contestation dans le même sac et en jeter tout le poids sur ceux qui l'ont précédé dans la tâche de gérer le pays. Un peu trop facile…
D'un autre côté, le terrain désavoue ce qui est déclaré. Le ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, Imed Hammami, est allé à Tatouine pour…promettre des emplois.

Par ailleurs, Youssef Chahed a inscrit plusieurs de ses actions dans le futur. Sans prononcer le mot, il a plus ou moins demandé une trêve en promettant, à son tour, que des actions auraient lieu et qu'il se déplacerait partout en Tunisie pour régler les problèmes des gens. En somme, un ensemble de promesses. Certes étayées par ce qu'il a déjà accompli lors de ses sorties terrain, mais il est difficile de croire que Youssef Chahed va arpenter le pays pour régler les problèmes de chaque région.

Durant cette interview, il a également été question de politique. Youssef Chahed en a profité pour placer un élément de langage qui, semble-t-il, était préparé avant l'interview : « Opposez vous au gouvernement, mais pas à l'Etat ! ». Et c'est ainsi qu'il a commencé à faire des allusions concernant d'obscures « parties » qui voudraient entraver la reprise économique et le début de croissance que connait la Tunisie. Malgré l'insistance des journalistes intervieweurs, Youssef Chahed n'a pas daigné donner des noms ou identifier des parties précises. Il a ajouté qu'il y avait même des personnes en Tunisie qui ne voyaient pas d'un bon œil le fait qu'il règle les problèmes des régions et des quartiers populaires qu'il a visité. Toujours sans donner de précision supplémentaire sur l'identité de ces personnes ou leurs obédiences.

Youssef Chahed a tenté de donner une image positive, mais s'y est pris maladroitement. En éludant certains questionnements pourtant pertinents, le chef du gouvernement a donné l'image d'un chef déconnecté dans une certaine mesure. En dénonçant « l'auto-flagellation » à laquelle s'adonne une grande partie du peuple tunisien sans donner ni vision ni cap ni réalisation, le chef du gouvernement a laissé la population sur sa faim. Bien sûr, Youssef Chahed a raison de souligner l'auto-flagellation, la négativité et parfois l'irresponsabilité du discours politique, mais il faut en même temps donner de l'espoir, ce qu'il n'est pas arrivé à faire.

L'un des autres leitmotivs de cette interview, et du discours gouvernemental dans son ensemble, est celui du « retour de la croissance ». C'est le ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale, Fadhel Abdelkefi, qui a jeté les bases de ce discours sur le retour de la croissance, mais il est autrement plus convaincant que le chef du gouvernement. Pendant l'interview, Youssef Chahed a évoqué certains chiffres : 2,5% de croissance en 2017, 6,5 millions de touristes attendus cet été et une amélioration de 14% dans le taux de recouvrement fiscal. Donc deux projections qui restent malgré tout incertaines pour ne pas dire irréalistes, et un chiffre de recouvrement fiscal qui ne suffit pas à inverser la tendance. Dans cette volonté de renforcer la confiance et de montrer positivement les choses, le chef du gouvernement a mal choisi les chiffres et s'est basé sur des espoirs et des projections économiques. Il n'a pas manqué de noter la fragilité de ce début de reprise économique en disant qu'il était très facile d'entraver cette relance et qu'on était loin du potentiel possible de notre économie si elle était à 100%.

Autre sujet abordé lors de l'interview, et pas des moindres, celui de la lutte contre la corruption. Youssef Chahed a donné l'impression de s'être heurté au mur de la réalité après la fougue et la détermination de ses premiers discours. Aujourd'hui, il se trouve que lutter contre la corruption nécessite « l'arsenal juridique » idoine et un plus grand nombre de juges pour qu'ils puissent travailler plus à l'aise. Selon le chef du gouvernement, ses services auraient transféré à la justice des milliers de dossiers que les juges n'ont pas eu le temps de traiter vu qu'ils sont encombrés de travail. En guise de solution, Youssef Chahed a autorisé le recrutement de 500 juges et a dégagé le pôle financier de toutes les affaires n'ayant pas de lien direct avec la lutte contre la corruption. Malheureusement, aucun des journalistes sur place n'a demandé pourquoi, dans ce cas là, le DJ qui a mixé un appel à la prière a, lui, été jugé en à peine 24 heures. Aucun n'a demandé quel pourrait être l'impact de ce genre de jugement sur les 6,5 millions de touristes qu'on dit attendre. Sur ce sujet là, pourtant l'un des chevaux de bataille de Youssef Chahed, ce dernier s'est contenté de promettre et de dire qu'il y aurait bientôt des résultats.

Même si Youssef Chahed a raté un exercice dans lequel il était plutôt à l'aise, il faut rappeler qu'il se trouve dans un contexte particulier. D'une part, on lui demande de plus en plus souvent de rendre des comptes alors qu'il n'est au pouvoir avec son gouvernement que depuis près de 7 mois. Un délai trop court pour tirer un bilan. D'autre part, l'assise politique qui l'a amené au pouvoir et la pseudo « union nationale » tant vantée sont parties en lambeaux et il reste seul contre tous, y compris, et surtout, ses alliés. Youssef Chahed et son gouvernement semblent isolés et esseulés dans le paysage politique actuel, d'où une certaine difficulté à convaincre lors de cette interview. L'ambition et la bonne volonté, même si elles sont présentes et perceptibles, ne suffisent plus.


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