L'instance Vérité et Dignité se retrouve encore une fois au cœur d'une tourmente. Les critiques fusent contre sa présidente Sihem Ben Sedrine, accusée de nouveau de pratiques abusives contre ses collaborateurs. Mais cette fois-ci, ce ne sont pas ses détracteurs qui tirent la sonnette d'alarme, certains de ses plus proches défenseurs, qui ont toujours soutenu l'instance et sa présidente, se retournent contre elle. Et pour cause ! Seif Soudani, responsable de la communication au sein de l'instance Vérité et Dignité (IVD) vient récemment de payer les frais de la « paranoïa » de Sihem Ben Sedrine. Dans une déclaration accordée à Business News, dans la soirée du vendredi 8 septembre 2017, Seif Soudani a affirmé que la présidente de l'IVD l'a accusé de « comploter contre le processus de la justice transitionnelle » en faisant fuiter des documents confidentiels. Des accusations qu'il estime « ubuesques, surréalistes » et totalement « ridicules ». « J'ai toujours été le soldat de l'ombre, en contribuant aux succès de l'instance, et mes efforts sont reconnus à l'échelle internationale. Cependant, et depuis le 31 juillet, je fais l'objet de poursuites disciplinaires. Quatre conseils de discipline m'ont été consacrés, avec à chaque fois, un changement au niveau de la composition du conseil de discipline. Ce qui est clairement illégal, dans la mesure où le Conseil n'est plus paritaire », a-t-il indiqué. Sihem Ben Sedrine, désormais très critiquée parmi les siens, accuse en effet M. Soudani d'être derrière un complot visant à entacher la crédibilité de l'instance. Elle le taxe aussi de comploter contre l'IVD avec la complicité d'Ibtihel Abdellatif, autre membre dans son collimateur.
Des agissements « unilatéraux et intimidants », dénoncés également par 4 autres membres de l'instance, à savoir Alaa Ben Nejma, Ali Radhouane Ghrab, Saleheddine Rached et Ibtihel Abdellatif. Les membres de l'IVD ont publié un communiqué dans lequel ils ont dénoncé les pratiques « illégales », « abusives » et « dangereuses » de Ben Sedrine, lui faisant assumer l'entière responsabilité sur ce qui pourrait arriver à leur collègue Ibtihel Abdellatif, prise, selon eux, pour cible par la présidente. Selon lesdits membres, la présidente de l'IVD se serait opposée à toute restructuration visant une réorganisation des pouvoirs au sein de l'instance. SBS, accusée encore une fois d'hégémonie et de décisions unilatérales compromettrait, en effet, le travail de l'organe de la justice transitionnelle en alimentant la grogne qui monte parmi ses membres. En plus d'être incapable de fédérer son équipe, la présidente se met à dos la majorité de ses collaborateurs. Certains se ses collègues se sont même dits prêts à lever le secret sur certains documents incriminant Sihem Ben Sedrine et à porter plainte contre elle pour diffamation.
Mais ce ne sera pas la première fois que Sihem Ben Sedrine prendra à parti l'opinion publique pour jouer le rôle de la victime. Les déboires connus par l'instance, à cause de sa présidence, ne se comptent plus. Face aux nombreuses accusations dirigées contre elle, la présidente de l'instance privilégie la fuite en avant et préfère tirer sur l'ambulance. « Victime », « complot » et « lobbies ennemis » peut-on lire dans le communiqué émis par Sihem Ben Sedrine en réaction à la polémique qui a éclaté. « Ce complot consiste en la fuite d'un grand nombre de documents internes et de données à caractère personnel, ainsi que les documents comptables. Ces documents sont publiés afin d'induire en erreur l'opinion publique, en faisant croire que l'instance est corrompue », indique le texte du communiqué signé par SBS.
Les tirs amis ne sont certes pas venus uniquement de l'intérieur de l'instance. Ce sera au tour du bloggeur Yassine Ayari, qui a toujours défendu bec et ongles l'instrument de la justice transitionnelle, de tomber des nues. Sur son blog, il écrit une longue publication intitulée « où est la vérité dans l'instance de vérité ? » dans laquelle il pointe du doigt de nombreux abus incriminant Ben Sedrine. Documents à l'appui, il l'accuse de mauvaise gestion administrative et financière, de conflit d'intérêts, de malversations, d'impartialité, d'entrave au processus de la justice transitionnelle, etc. Celui qui avait annoncé, il y a à peine quelques semaines « la chute imminente et retentissante de la feuille de vigne » couvrant les dépassements que l'instance essaye de cacher, dit aujourd'hui ne plus croire du tout en cet organe de la justice transitionnelle alors qu'il en a été l'un des plus farouches défenseurs depuis les débuts de l'instance.
Parfaite dans son rôle de victime, Sihem Ben Sedrine s'est toujours réfugiée auprès de la presse internationale, boudée par une bonne partie des médias locaux. Tentant de se faire passer pour plus blanche que neige, elle tente de « réécrire l'histoire » à sa manière, de s'approprier des victoires qui ne sont pas siennes, ou de faire porter le chapeau à d'autres pour des abus dont elle est accusée. Aujourd'hui, nombre de ses collaborateurs disent « craindre pour leur intégrité physique » et dénoncent « des intimidations allant jusqu'aux menaces de mort ». Une atmosphère chargée qui compromet la mission dont l'instance a été chargée. Ses collaborateurs l'accusent aujourd'hui d'opérer « une fuite en avant et une victimisation » mais aussi « une tentative désespérée de manipuler l'opinion publique sur les graves dépassements dont elle est à l'origine ou qu'elle laisse passer au sein de l'instance ». En réponse à cela, Sihem Ben Sedrine a toujours eu la même réplique : se glisser dans la peau de la victime. Une stratégie qui ne fonctionne plus aussi bien même sur ses (anciens) plus proches soutiens…