Depuis son lancement, le processus de justice transitionnelle ne cesse de piétiner et d'essuyer les revers. L'adoption de la loi et l'établissement de l'Instance Vérité et Dignité (IVD) ont trop trainé en longueur, accusant toute sorte d'entraves, bassement politiciennes pour l'essentiel. Aujourd'hui, l'IVD ressemble beaucoup à une coquille vide qu'à un instrument dédié à la réconciliation, à la justice transitionnelle et à la démocratisation. L'Instance peine à mener sa mission et à opérationnaliser son mandat. Trop de temps perdu, au mépris de l'intérêt national et notamment aux frais des contribuables tunisiens. L'instance est mise sur pied pour faire évoluer le pays et ramener la paix social et non pour ajouter une autre couche de sédition et de désordre. Jusqu'à présent, il y a lieu de constater, et aussi et surtout de déplorer que, depuis sa création, l'IVD n'a brillé que par les controverses, les démissions et les manœuvres dilatoires. Cette Instance, qui n'arrête pas de faire couler beaucoup d'encre et grossir les rangs de ses détracteurs, n'a avancé sur aucun des quatre chantiers structurant la justice transitionnelle, à savoir la vérité, la poursuite, la réparation et la réforme institutionnelle ni valorisé les droits immanents. Depuis le 15 Décembre 2013, date de la promulgation de la loi organique, la justice transitionnelle reste un projet, les ailes plombées, elle n'est plus qu'un vœu pieux sinon un doux euphémisme. Que d'écrans de fumée, de joutes oratoires et de coups tordus. Il est quand même interpellant et non moins pitoyable que, chaque fois que l'IVD anime l'actualité, ce sont les frasques et autres lubies de sa présidence qui défraient la chronique. Sihem Ben Sedrine (SBS) ne laisse pas indifférent et ne passe pas inaperçue, et pour cause ! Ses casseroles rivalisent de vacarme. Ses bras de fer avec la classe politique, la société civile et la communauté médiatique sont légion. D'aucuns reprochent à SBS son esprit revanchard, son ego surdimensionné, sa piètre gestion et son instrumentalisation de l'IVD. Toujours au cœur de la polémique et de la tourmente, SBS semble éprouver un malin sinon malsain plaisir à susciter les foudres noires et les critiques acerbes. Elle cherche le combat alors qu'elle est, de par sa fonction à l'IVD, censée forcer le consensuset traquer le compromis. Les épreuves de force ne sont rien que des obstructions à ce genre d'exercice dont la sérénité, la concertation et la médiation constituent les principaux piliers. En tant que présidente de l'IVD, SBS est appelée à nourrir le sens de l'arrangement et non alimenter les feux de la discorde. Faire l'objet d'un large accord sur sa personne et sur son modèle de gouvernance et non être la cible de tous les reproches. Sur les quinze (15) membres de l'IVD, quatre (4) ont déjà claqué la porte, manifestement pour le même motif, en l'occurrence, « les pratiques dictatoriales » de la présidente(dixit Noura Borsali) et « l'absence de climat propice » au sien de l'IVD (dixit Mohamed Ayadi).Les quatre démissionnaires (les deux précités en plus d'Azouz Chaouali et KhemaïesChammari) pourraient être rejoints par Zouhaier Makhlouf qui, dans une lettre fuitée, adressée au président de l'ARP, a tiré des boulets rouges sur SBS, pointant dixit » ses défaillances de gestion et ses décisions unilatérales« . Pire encore, il a accusé la présidente de « mener une mobilisation et une véritable croisade contre l'Etat« . De toute évidence, le projet de loi sur la réconciliation économique et financière, initié par le Chef d'Etat et approuvé par le Gouvernement, donne le tournis à SBS, qui, de crainte d'être fauchée de son piédestal et de réduire son périmètre de compétence, ne ménage aucun effort et ne lâche aucune piste pour tordre le cou audit projet et faire échouer le plan présidentiel. Il est de notoriété publique que SBS n'est pas en odeur de sainteté chez le résident actuel du palais de Carthage. Peut-être que faute de pouvoir déloger la controversée SBS de l'IVD, promesse électorale oblige, BCE aurait-il conçu l'idée de réconciliation économique et financière, entre autres mobiles, pour lui marche sur les platebandes et lui limiter son champ d'action.