Tensions à la CPG    Tensions accrues entre l'Inde et le Pakistan : des dizaines de morts et de blessés    Tunisie: Trois nouvelles secousses telluriques enregistrées mardi    Orages attendus l'après-midi et vents forts au sud    Travaux de l'entrée sud de Tunis : mise en service prévue pour décembre 2025    Ce que vous réserve le 7 mai 2025 selon votre signe : équilibre, décisions et révélations en vue    Transport ferroviaire du phosphate : montée en charge progressive jusqu'à 340 wagons d'ici juillet 2025    Bourse de Tunis : Le Tunindex en légère hausse    Inflation, grève des taxis, affaire de complot 2… Les 5 infos de la journée    Affaire "Complot contre la sûreté de l'Etat 2" : Le tribunal reporte l'audience et rejette les demandes de libération    Tunisie : Sauver le quartier consulaire, un enjeu économique autant que culturel    QNB soutient les hôpitaux « Aziza Othmana » et « Béchir Hamza »    Le gouvernement irakien décide de faire don de cinquante mille tonnes de blé à la Tunisie    Décès de Fathi Ennaïfar : l'ingénieur polytechnicien, le poète, et le soufi    Tunisie – Amélioration du taux de remplissage des barrages à Zaghouan    Zina Jeballah : « Le Parlement est visé car il incarne la réussite du président Saïed » (Vidéo)    Mustapha Djemali et Abderrazak Krimi, un an de prison : Amnesty tire la sonnette d'alarme    Diaspora tunisienne : Transferts de 120 dollars par mois, bien en dessous des 200 dollars de la moyenne mondiale    Enseignement supérieur : deux nouvelles institutions en préparation à Médenine    Port-Soudan sous les drones : L'aéroport et des sites stratégiques frappés pour le troisième jour consécutif    Orange Tunisie inaugure un nouveau Data Center à Sousse pour répondre aux enjeux numériques de demain (Vidéo)    Allemagne : Merz devait mener le combat contre Trump, il chute au Parlement, très mauvais pour le pays et l'UE    Drame à Menzel Bouzelfa : Un élève met le feu à son lycée    Festival « Thysdrus » : El Jem célèbre les romains ce week-end    Migration : la Tunisie réaffirme son refus d'être un pays de transit    Natation : la Tunisie accueille le 8e Open Masters avec 18 pays représentés    Tunisie–BAD : L'ARP examine un crédit de 80 millions d'euros pour la modernisation du réseau routier    Masters 1000 de Rome : Ons Jabeur espère rééditer son exploit de 2022    Santé: Roche Pharma inaugure son nouveau siège pour la Tunisie et la Libye    Complot contre la sûreté de l'Etat 2 : début du procès de figures politiques tunisiennes    Par Habib Ben Salha : La Bsissa prend la route de l'UNESCO    ES Sahel : soutien à Ben Amor après une violente agression à Sousse    Youssef Mimouni condamné à deux ans de prison    Retailleau durcit les conditions d'accès à la nationalité française    Crise des médias : 82 % des Tunisiens pointent du doigt les chroniqueurs    Météo : Averses isolées au nord et au centre et températures maximales entre 21 et 38 degrés    Sami Mokadem : la 39e édition de la Foire du livre était un échec !    Recevant la cheffe du Gouvernement : Le Chef de l'Etat insiste sur un projet de loi de finances à vocation sociale    Volley-Coupe de Tunisie: L'Espérance ST rejoint l'Etoile du Sahel en finale    L'EST remporte le classico : Ces petits détails....    En pleine crise de paranoïa, les fans de Saïed l'exhortent à bouder les sommets en Irak    Homo Deus au pays d'Homo Sapiens    Affluence record à la Foire du livre 2025, mais le pouvoir d'achat freine les ventes [vidéo]    Classement WTA : Ons Jabeur chute à la 36e place après son élimination à Madrid    Syrie : Après L'Exclusion De Soulef Fawakherji, Mazen Al Natour Ecarté Du Syndicat    Trump annonce des droits de douane de 100 % sur les films étrangers pour "sauver" Hollywood    Gymnastique rythmique : la Tunisie en lice au Championnat d'Afrique au Caire    La Liga: Le Rwanda désormais un sponsor de l'Atlético de Madrid    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Huile d'olive tunisienne : une nouvelle polémique pas si innocente
Publié dans Business News le 04 - 04 - 2018

La Tunisie est l'un des plus grands producteurs d'huile d'olive à travers le monde. Si l'Etat tunisien arrive à exporter aussi massivement son produit, c'est parce que l'huile d'olive locale se distingue par sa qualité, ce qui explique les différents prix remportés ces dernières années notamment. Manifestement, cette réussite ne fait pas que des heureux de l'autre coté de la méditerranée…

« Les résultats sont contrastés dans la famille des huiles d'olive : cinq produits contiennent des résidus de pesticides et six des plastifiants… Cette migration, qui touche surtout des huiles de Tunisie, peut provenir des contenants ou des joints de machines utilisés sur la chaîne de production ». C'est cet extrait du dernier rapport du très sérieux magazine français 60 millions de consommateurs, rattaché à l'Institut national de consommation qui a créé une vaste polémique dans le milieu de la production d'huile d'olive en Tunisie.

Est mise en cause dans ce rapport, repris ensuite par l'Association française de défense de consommateurs européens et plusieurs médias français et tunisiens, la présence de résidus de pesticides et de plastifiants, notamment de phtalates, un composé chimique dérivé qui est utilisé dans les emballages. Sauf que les phtalates sont soupçonnés être une substance cancérigène, d'avoir des effets nocifs sur la fertilité, le développement du fœtus et du nouveau-né également en plus de suspicions quant à leur rôle de perturbateur endocrinien. On peut déduire donc que ce qui est mis en cause dans cette affaire est l'emballage et non la nature même de l'huile d'olive tunisienne, comme cela a été repris par plusieurs médias.
Alors certes le rapport publié par 60 millions de consommateurs fait état de présence de pesticide dans l'huile d'olive tunisienne, mais sans étayer cette affirmation ni préciser un quiconque taux. Le rapport ne fait que mentionner cette présence, par ailleurs fortement démentie par le ministère de l'Agriculture tunisien. Pour 60 millions de consommateurs, ce sont surtout les phtalates qui posent problème.

Intéressons-nous maintenant à la substance en elle-même, les phtalates. En dépit de fortes suspicions quant à leurs graves effets secondaires (évoqués ci-dessus), il n'existe aucun texte de loi ou norme au niveau national, européen et mondial qui fixe un seuil maximal à cette substance. Il faut se rendre en Allemagne pour trouver trace de recommandations, qui n'ont pas d'effets juridiques donc non obligatoires, qui fixent le seuil de phtalates à 1 mg/Kg.
Or d'après les précisions apportées par le ministère de l'Agriculture tunisien, le taux de phtalates trouvé dans 7 échantillons de bouteilles d'huile d'olive prélevées s'établit à 0,7 mg/Kg, soit en dessous des recommandations pratiquées en Allemagne, d'où le qualificatif d' « infimes mole » utilisé par le département tunisien de l'Agriculture dans un communiqué.
Le ministère précise que des contrôles sont effectués régulièrement pour analyser et détecter la présence de pesticides et de substances chimiques dans l'huile d'olive produite en Tunisie, et ce avant sa commercialisation et son exportation vers d'autres marchés.

Partant de ce constat, le ministère tunisien de l'Agriculture a annoncé à travers la directrice générale du département agriculture-biologie Samia Maâmer qu'il allait demander un rapport détaillé sur les méthodes et les résultats d'analyses effectués dans des laboratoires français qui ont conduit à mettre en cause l'huile d'olive tunisienne.
Intervenant dans une radio le lundi 2 avril 2018, le directeur général de la production agricole Ezzeddine Chalghaf a abondé dans ce sens en affirmant qu'il s'agissait « avant tout de s'assurer de la pertinence de ces analyses conduites par les laboratoires français avant de conclure que notre huile est contaminée. On doit revenir sur les procédures de l'échantillonnage et les méthodes d'analyse afin de mieux comprendre comment elles étaient effectuées. De plus, s'il s'avère qu'il existe réellement une contamination, le pourcentage serait extrêmement faible et négligeable et il n'est en aucun cas nuisible à la santé des consommateurs ».

Si la partie tunisienne tient autant à révoquer les arguments avancés par les médias européens, c'est qu'elle est avant tout consciente des enjeux. Le ministère de l'Agriculture et des hauts responsables du département mènent une campagne médiatique agressive et menacent, de recourir à la justice pour poursuivre « quiconque touchera à la réputation de la qualité des produits nationaux avec des arguments fallacieux ».
De toute évidence, la Tunisie se doit de préserver sa réputation d'un des plus grands producteurs mondiaux de l'huile d'olive à l'échelle mondiale. Ce n'est pas une question de fierté ni de nationalisme affirmé mais bien de réalisme économique.
Economiquement justement, et vu la situation difficile des finances publiques tunisiennes, la Tunisie se doit de valoriser ses atouts. Une perte du marché européen concernant l'huile d'olive aurait des effets néfastes sur l'état des deniers publics tunisiens. Ainsi, pour l'année précédente (2016/2017), la Tunisie a exporté 82.000 tonnes, pour des recettes estimées à 792 Millions de dinars (MD). Sur ces 82.000 tonnes, le marché européen accapare une bonne partie (56.700 tonnes prévues dans l'accord d'association entre l'UE et la Tunisie, plus un quota supplémentaire accordé après la révolution de 2011). La Tunisie n'a donc pas intérêt à perdre ce marché ou à laisser des rumeurs ou des études ternir son image.

De l'autre côté de la méditerranée, et bien que l'Union européenne ait officiellement consenti à augmenter le quota d'importation de l'huile d'olive tunisienne, certaines voix n'hésitent pas à exprimer une position totalement contraire. Ainsi par pur protectionnisme économique, le parlementaire européen Salvo Pogliese avait qualifié l'augmentation du quota tunisien d'exportation de l'huile d'olive de « massacre ». A la même époque, des médias italiens ont parlé « d'invasion et de siège de l'huile d'olive italienne ».
En réalité, ce n'est pas la première fois que la qualité de l'huile d'olive tunisienne est dénigrée. En mars 2016, des journalistes italiens s'étaient en effet déplacés dans la ville de Zaghouan pour filmer les conditions sanitaires et d'hygiène dans une huilerie. La diffusion du reportage lors de l'émission italienne Ballaro avait fait grand bruit en Italie notamment, à la grande joie de certains agriculteurs Italiens. Aussi, la droite et l'extrême droite n'avaient pas manqué cette occasion pour surfer sur l'événement pour des fins politiciennes.

Pourtant, l'huile d'olive tunisienne est régulièrement primée dans les grandes compétitions internationales. En 2012, le produit local a obtenu plusieurs médailles d'or au concours international de l'huile d'olive extra vierge organisé par l'Association japonaise des sommeliers de l'huile d'olive (OSAJ) lors du salon Foodex qui a eu lieu du 6 au 9 mars à Tokyo.
Une reconnaissance qui ne semble pas arranger tout le monde, notamment du côté européen. La parution de l'étude de 60 millions de consommateurs ou alors le récent reportage réalisé par un média italien sont-ils un moyen pour faire baisser les prix d'achat de l'huile d'olive ou bien une preuve de la rigueur et du respect minutieux des normes du côté européen? Le débat est ouvert.
Du côté tunisien, il est temps de faire marcher les lobbies pour défendre les intérêts économiques tunisiens. En réalité, dès la « première » polémique de 2016 relative au reportage italien, le président de la chambre de commerce tuniso italienne Mourad Fradi avait appelé de ses vœux la création d'une Task Force pour communiquer sur l'excellente qualité de l'huile d'olive en Tunisie et sur sa renommée internationale. 2 ans après, cette proposition est plus que jamais d'actualité…


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.