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Quand le Forex Club conjugue le futur au présent
Publié dans Business News le 11 - 11 - 2019

Posez la question à des jeunes cadres tunisiens de banques : qu'est-ce que le Forex Club. Rares sont ceux qui fourniront la bonne réponse. Forex Club qui est l'acronyme de Foreign Exchange Club est en fait l'Association des cambistes de Tunisie. Même le terme cambiste est devenu obsolète dans le langage des banquiers. Tout à fait ringard pour la jeune génération. Pourtant, c'est la définition même du métier d'agent de change. « Le cambiste est à la banque ce que le trésorier est à l'entreprise : l'homme de réconciliation des comptes. Son rôle est d'acheter et de vendre très rapidement des devises en essayant d'assurer des gains et de limiter les pertes de change, ou mieux, de ne pas les subir », indique en substance l'encyclopédie Universalis.

Ce métier a tellement évolué durant ces dernières décennies. Avant les années 1970, travailler dans un service de « change » d'une banque ne nécessitait aucune formation particulière. Toute nouvelle recrue y faisait ses classes. Les risques étaient minimes dès lors que le système monétaire international reposait sur le régime de la parité fixe des monnaies. Toutes les monnaies étaient arrimées au dollar, le billet vert étant directement convertible en or, à 35 dollars l'once. Tout ce système va s'effondrer avec l'annonce par Richard Nixon au cours de l'été 1971 de la suspension de la convertibilité du dollar en or. Aujourd'hui, travailler dans une salle de marchés exige une formation très poussée, un sens développé des mathématiques financières et de l'informatique, une maîtrise technique sans faille, une rapidité et un sang froid à toute épreuve. Autant dire, le bon cambiste, on se l'arrache.
C'est à la veille de ce bouleversement du système monétaire international que le Forex Club a vu le jour. Cette année, cette association fête son 50e anniversaire. Durant toute cette période, l'association aura connu son heure de gloire, mais également ses moments de vicissitudes. Gloire à la fin des années 1980, coïncidant avec le premier programme du FMI avec la Tunisie, jusqu'à la convertibilité courante du dinar introduite en 1993. A partir du milieu de la décennie 1990, le Forex Club entamera une longue période d'hibernation. Le réveil a eu lieu l'année dernière. Hasard de calendrier, il coïncide avec la dégringolade du taux de change du dinar.

La crypto-monnaie signe-t-elle la fin de la banque centrale
Cette année, ses membres ont voulu lui donner plus d'éclat d'autant que le taux de change du dinar enregistre un certain redressement. Deux thèmes ont été retenus pour les assises de ce congrès. L'un est d'actualité sur « la politique monétaire et de change dans un pays en transition » et l'autre carrément futuriste sur ce que pourrait être le paysage bancaire à la lumière du développement de la crypto-monnaie. A ce propos, l'ordre de déroulement des assises ne fut pas celui-là. Le futur fut privilégié au présent. Sauf que, dans le cas présent, on ne pouvait saisir les dimensions du futur de la monnaie qu'à travers le contexte actuel de la politique monétaire et de change et ses arcanes.
En tout cas, s'agissant de la crypto-monnaie, on a assisté à un véritable show où, Marouane Abassi, Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), en hologramme, interroge Elyssa sur le futur de la BCT. La conclusion a jeté quelque peu le froid quand Elyssa, lui répondit qu'en 2027, il n'y aura plus de banques suggérant implicitement l'inutilité d'une banque centrale, du moins sous sa forme actuelle. En effet, il suffit d'imaginer le paysage avec des monnaies virtuelles et des banques qui le sont aussi. Le gendarme du système financier aura peut être un autre visage, mais ne pourra jamais disparaître.

Même si on en est loin, « il est déjà important d'en parler car les enjeux sont considérables », avertit Elyes Ben Rayana, membre du conseil d'administration de la BIAT. C'est que la monnaie ne représente pas seulement le symbole de souveraineté d'un Etat, elle constitue son élément matériel fondamental. C'est pour cette raison d'ailleurs que plusieurs Etats ont exprimé leur extrême réticence sinon leur refus catégorique d'accepter Libra, la monnaie numérique que compte créer Facebook en association avec de très grandes entreprises (Visa, Mastercard, Paypal, Ebay, Booking.com,…). Ils n'acceptent pas qu'une entreprise multinationale privée ait la même puissance monétaire que les Etats souverains qui sont soumis au contrôle démocratique, à l'inverse des conglomérats d'entreprises privées qui ne sont redevables que devant leurs actionnaires et leurs membres. Libra serait-elle mort-né, signant de la sorte la mort de la crypto-monnaie ? Ce serait aller un peu trop vite en besogne. Actuellement, des dizaines de crypto-monnaies ont cours. Plusieurs sites leur sont dédiés (courscryptomonnaies.com, par exemple).

Après le « Go and stop », le choc de l'offre
Ceci dit, verra-t-on un jour des crypto-dinars s'échanger sur les marchés de changes ? Sûrement en 2027. Alors, revenons à nos soucis actuels : la politique monétaire et de change dans un pays en transition.
Pour en parler, le Forex Club a fait appel à de très grosses pointures dont les connaissances, les compétences et l'expérience sont incontestables : Christian de Boissieu (vice-président du Cercle des économistes), Mustapha Kamel Nabli (ancien ministre et ancien gouverneur de la BCT), Mongi Safra (professeur universitaire) et Elyes Jouini (président de l'Université Paris-Dauphine). A vrai dire, ils se sont particulièrement focalisés sur le prolongement de la politique monétaire et du taux de change, laissant le soin de la présentation technique de cette politique à Rym Kolsi et Béchir Trabelsi, respectivement Directrice générale de la politique monétaire et Directeur général de la gestion des réserves et des marchés à la BCT. Ils expliqueront les raisons du resserrement de la politique monétaire et de la dépréciation du taux de change du dinar. Pour résumer, elles résident dans le choc de demande, ce fameux « Go and stop », opéré dès 2012 qui a brutalement désarticulé le cadre macroéconomique plongeant le pays dans une spirale inflationniste, de déficits et d'endettement, sans que la croissance n'ait été au rendez-vous. « Depuis 2011, nous dépendons des performances de l'agriculture. Autant dire de la pluie et du beau temps », résumera Rym Kolsi avant d'indiquer que l'avenir sera tributaire de l'avancée sur certains dossiers comme par exemple celui de l'avenir des entreprises publiques, de la stratégie de décashing, de la restructuration du secteur financier, de la flexibilité du marché du travail ou de la politique de subvention. Pour sa part, Béchir Trabelsi a estimé que « la dépréciation du dinar n'est pas une fatalité », s'appuyant sur la récente remontée du taux de change en démontrant, graphiques à l'appui, qu'elle n'est pas artificielle mais reflète l'état du marché des changes compte tenu des mesures prises par la BCT pour en casser les anticipations négatives.

A ce propos, Christian de Boissieu estimera que « la BCT a fait son job en matière de politique monétaire, même s'il est encore tôt pour que cet avis soit définitif ». En tout cas, le pays semble s'éloigner progressivement du cercle vicieux de la dépréciation du taux de change dont le gain en termes d'exportation est vite mangé par l'inflation. « Il est vrai que rien n'est déjà acquis et qu'on ne peut pas parler d'une évolution tendancielle positive du taux de change tant que le taux d'inflation demeure encore élevé et que la croissance économique reste toujours molle », indiquera-t-il en substance.

Ce qui préoccupe Mustapha Kamel Nabli, c'est qu'on est aujourd'hui en présence d'une simultanéité de politique monétaire et budgétaire trop restrictive, rappelant que le taux de pression fiscale a gagné 5 points de pourcentage en 3 ans. Du coup, l'impact aussi bien sur la croissance que sur la balance des paiements courants n'atteint pas l'ampleur qui rassure. Quant à l'inflation, son recul est réel, mais le gain n'est pas énorme. En clair, « on n'a pas réussi à venir à bout des déséquilibres macroéconomiques », résume MKN expliquant cela par le fait qu'on s'obstine à provoquer un choc d'offre par une politique de demande. Or le choc d'offre ne peut être efficace qu'en mettant en œuvre des politiques structurelles à la hauteur.

Une transition, cela signifie aller d'un point A à un point B. « Il faut que la Tunisie passe d'une économie de rente à une économie d'innovation », plaide Elyes Jouini. Pour cela, il faut préalablement assurer une certaine stabilité. « Depuis 2011, le pays a connu 3 gouverneurs à la BCT et une dizaine de ministres des Finances, plus que le nombre de lois de finances et sans y ajouter les lois de finances complémentaires. La relative stabilité dans la direction de la BCT a cristallisé toutes les critiques vis-à-vis de l'institut d'émission, évacuant les griefs qui pouvaient être exprimés à l'égard du gouvernement ou du ministère des Finances. Toutefois, Elyes Jouini affiche un certain optimiste, pour peu « qu'on sache définir ce que l'on veut, car le pays souffre encore d'un défaut d'offre et d'une absence de projection ».
C'est dans le même sens que versera Mongi Safra. Et plus encore, en insistant sur le fait que le resserrement monétaire et fiscal a réduit le déficit courant, le déficit budgétaire et l'inflation sous-jacente. Certes, cela n'a pas relancé la croissance. Mais c'est déjà cela de gagner.


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