Dans les rues, les entrepôts, et les commerces, certains citoyens continuent à transgresser les mesures préventives contre le Covid-19 et les spéculateurs veulent profiter de la crise pour s'enrichir. Parmi eux, un député du peuple. L'heure est à la lutte contre la propagation de la pandémie de Covid-19, tout en veillant à ce que tout le monde respecte les mesures de confinement général. Les discours du président de la République Kaïs Saïed, appelant le ministère public à prendre les mesures nécessaires contre la monopolisation, et du chef du gouvernement Elyes Fakhfakh, qualifiant les spéculateurs de « criminels de guerre », n'ont toujours pas été bien compris par ceux qui veulent profiter de cette crise pour s'enrichir. Bien que l'augmentation du nombre de personnes infectées et l'apparition d'une contamination horizontale appellent à plus d'efforts et à une solidarité renforcée, certains citoyens continuent à transgresser les mesures préventives dont le confinement général et le couvre-feu. Des propriétaires de restaurants et cafés, des commerçants et des hommes d'affaires profitent de cette situation. Les autorités sont tenues à un double impératif sanitaire et socio-économique. D'une part, elles mènent une guerre contre la pandémie de Covid-19 ; d'autre part, elles œuvrent pour endiguer la spéculation, la monopolisation et les violations des mesures de prévention. Pas suffisant, d'autant que plusieurs citoyens refusent de se confirmer au confinement et d'autres tirent parti de la crise pour servir leurs propres intérêts.
L'article 9 du décret 78-50 du 26 Janvier 1978 relatif à l'état d'urgence stipule que : « Les infractions aux dispositions du présent décret sont punies d'un emprisonnement de six mois à deux ans et d'une amende de 60 à 2500 dinars ou de l'une de ces peines seulement. L'exécution d'office par l'autorité administrative des mesures prescrites en vertu du présent décret peut être assurée nonobstant l'existence de ces dispositions pénales ». Or, jeudi dernier, Hichem Mechichi, le ministre de l'Intérieur, a annoncé que 724 personnes ont été arrêtées pour non-respect du couvre-feu et 77 autres sont en en garde à vue pour violation du confinement général. Si les citoyens mettent en péril leur santé ainsi que celle de tous les Tunisiens, encore faut-il convaincre certains élus d'abandonner leur forfaiture.
Face à la crainte de pénurie de produits de base qu'avait créée la panique des consommateurs, un député, qui devrait donner l'exemple, a été impliqué dans une affaire de monopolisation et de spéculation. Le chargé de la communication à l'Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc) a révélé, le 29 mars, qu'un député – Mohamed Zaabi - représentant la circonscription de Kasserine, a délibérément monopolisé des produits alimentaires de base et les a distribués aux clients à des prix fluctuants. Cette affaire concerne une usine de vente en gros de semoule et de farine. Avec le confinement, et la forte demande de ces produits de base, l'usine en question, qui appartient audit député, avait décidé, selon des signalements faits par des citoyens à l'instance, de vendre désormais en détail. Mohamed Zaabi, contacté ce matin, lundi matin 30 mars 2020, par l'équipe de Hamza Belloumi dans l'émission La Matinale sur Shems FM, a tout nié en bloc. «Je n'ai rien reçu. Ce n'est pas moi qui gère l'usine. On ne m'a pas trouvé en train de vendre ou de spéculer ! C'est juste des ouï-dire. Je n'ai rien à me reprocher !», a-t-il affirmé.
Dimanche soir, une tentative d'import illicite de produits sanitaires périmés a été déjouée par la douane. Parmi les produits saisis, 92.000 masques-bavettes expirés depuis 2014, 133.400 gants médicaux expirés depuis 2017 et 9.280 blouses médicales de protection expirés depuis 2018. Des produits destinés sûrement au marché parallèle et aux citoyens lambda, qui les utiliseront en croyant se protéger alors que ce n'est nullement le cas. Une affaire que certains responsables du gouvernement ont qualifiée de « affaire de la mort ». Ghazi Chaouachi, ministre des Domaines de l'Etat et des Affaires foncières, en parle dans un post Facebook. « Les unités de la douane ont mené dimanche soir une descente dans les entrepôts de l'homme d'affaires impliqué dans ‘'l'affaire de la mort'' », a-t-il écrit, en soulignant qu'il est temps que la loi soit appliquée à tout le monde sans exception.
Quand la Tunisie commence à faire face à la pandémie de covid-19, plusieurs secteurs, en particulier le corps médical et paramédical sont allés au front pour préserver la santé des citoyens. Pour les rassurer et faire en sorte que tout le monde participe, à sa manière, à l'effort général face à la pandémie, il suffit de respecter les mesures annoncées… et sanctionner sévèrement toutes les personnes qui veulent profiter de cette crise.