Après un apaisement et un certain soulagement quant à la maitrise de la situation sanitaire, liée au Covid-19 en Tunisie, les inquiétudes et les préoccupations reprennent le dessus. C'est dire qu'une certaine crainte est observée chez une grande partie des experts, mais aussi des citoyens quant à une nouvelle vague épidémique en Tunisie. Entre l'ouverture des frontières et l'annulation de l'isolement obligatoire, l'appréhension est palpable. Après une période d'absence de contamination au Covid-19, et quelques rares cas d'infection importés, la Tunisie a terminé les différentes phases de confinement ciblé et s'apprête à un retour total à la vie normal. Il faut dire que le confinement imposé par l'Etat pour limiter la propagation du virus a, déjà, eu des impacts économiques et sociaux considérables, sans parler du tableau assez sombre de l'économie nationale, bien avant cette crise internationale.
Cependant, avec le retour progressif à la normale, et les multiples vols de rapatriement, des cas de contamination commencent à réapparaitre, surtout, parmi les personnes en provenance de l'étranger. D'ailleurs, le bilan du ministère de la Santé annoncé, hier mardi 16 juin 2020, fait état de quinze nouvelles contaminations au Covid-19, toutes importées. Aujourd'hui, on recense trois nouvelles contaminations importées et un nouveau décès à Sousse.
Dans ce contexte, le ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, a fait part de ses inquiétudes quant à l'évolution de la situation pandémique en Tunisie, surtout que le pays rouvre ses frontières à compter du 27 juin courant. « Le danger du coronavirus demeure présent, fortement, surtout avec la réouverture des frontières et la recrudescence de la pandémie dans plusieurs pays », fait-il savoir sur son compte Facebook personnel. Et d'ajouter « La crainte est double surtout que plusieurs personnes ne respectent pas les mesures », a-t-il ajouté.
En effet, le gouvernement a annoncé que les Tunisiens rapatriés auront à appliquer les mesures d'auto- isolement pendant 14 jours. Le gouvernement a, en effet, suspendu les mesures de quarantaine des les hôtels aux frais des personnes rapatriées. En prévision de l'ouverture de l'espace aérien et des frontières terrestres et maritimes, le 27 juin, le gouvernement a également décidé que les touristes ayant programmé des séjours en Tunisie auront à présenter aussi les résultats négatifs d'un test PCR effectué pas plus tard que 72 heures avant leur date de voyage. Les touristes seront, également, amenés à renseigner un questionnaire de santé avant de quitter leur pays d'origine et seront soumis à des prises de température à l'aéroport.
Ainsi, plusieurs médecins et autres experts de la Santé, sont, réticents quant à l'ouverture totale des frontières, tout en annulant les mesures de l'isolement obligatoire. Et bien qu'une série de mesures ait été prises, dont la présentation d'un document attestant qu'ils ont subi un test 72 heures avant leur arrivée et que son résultat est négatif, la vigilance reste de mise. « La solution demeure entre les mains des citoyens et dépend de leur conscience. Tous ceux qui violent les mesures de l'auto-isolement seront poursuivis en justice. En cas de dépassements graves, la mesure de la quarantaine obligatoire sera réimposée », indique le président de la commission du confinement au sein du ministère de la Santé, Mohamed Rabhi, dans une déclaration médiatique. Cette crainte est tout à fait légitime, puisqu'il y a quelques jours, une citoyenne en isolement obligatoire s'est échappée de l'hôtel, où elle était en quarantaine, pour assister à un mariage. Le plus grave dans cette histoire, est que la personne en question était au courant qu'elle était porteuse du virus.
Toujours est-il, l'annulation de l'isolement obligatoire, revient au manque de moyens de l'Etat qui ne peut plus assumer les charges d'hébergement. Les pressions des hôteliers et les contraintes économiques font que l'Etat ne soit plus en mesure de supporter tous les frais engendrés par cette mesure préventive, d'autant plus que le nombre des personnes à prendre en charge sera bien plus important avec la réouverture des frontières.
En tout état de cause, la Tunisie a réussi à maitriser jusqu'à présent, le virus du Covid-19, avec toutes les stratégies adoptées. Le retour au rythme ordinaire doit être bien étudié. Certes que la relance économique est importante et la réparation des répercussions économiques et sociales de la crise est inéluctable, toutefois, cette reprise ne doit se faire au détriment de la santé des Tunisiens au risque de se retrouver dans une situation qu'on a évité grâce à un effort titanesque. Le confinement n'est certainement pas la solution, tenant compte de la situation du pays, mais prévenir vaut mieux que guérir, surtout avec l'état du système de la santé actuel.