La réalisation de la sécurité alimentaire, particulièrement, dans les filières céréalière et de production animale est tributaire de l'effort à fournir pour réaliser un taux de croissance de l'agriculture dépassant les 3,5%. C'est là la principale recommandation du comité de réflexion stratégique sur le développement du secteur agricole à l'horizon 2016. Dans un rapport, présenté, lundi, à Tunis, au cours d'un atelier de travail, le comité souligne que la réalisation de ces objectifs reste tributaire de l'adoption d'une politique agricole incitative, notamment, pour les exploitations agricoles appelées à fonctionner en tant qu'entreprises économiques attractives d'investissements et génératrices d'emplois. Toujours selon le rapport, il s'agit d'adopter une politique de prix et de marketing efficiente permettant à l'agriculteur d'améliorer son revenu et ses conditions de vie, outre l'institution d'incitations répondant aux besoins et aux objectifs du secteur. Le rapport rappelle que les tendances stratégiques du secteur se basent essentiellement sur la libéralisation irrévocable du secteur tout en accordant au marché intérieur, retenu comme le meilleur garant pour la réalisation de l'efficience économique et la consolidation de la compétitivité du secteur, une place privilégiée. Le rapport présente un nombre de recommandations à même de permettre au secteur de réaliser les objectifs tracés spécialement pour les produits de base. S'agissant des secteurs céréalier et d'élevage, le comité appelle à fixer un plafond de production pour chaque gouvernorat et à garantir une meilleure exploitation des fermes dans les régions humides et semi humides sur une superficie de 400 mille hectares. Le comité recommande d'élargir les superficies consacrée aux céréales irriguées. L'objectif est d'atteindre les 120 mille hectares. Il s'agit d'optimiser l'utilisation de variétés de semences à haut rendement pouvant s'adapter aux différents types de climats. Le comité encourage les exploitants agricoles (moyens et grands) opérant dans les périmètres irrigués à investir dans l'élevage intégré des bovins. Le comité souligne l'intérêt qu'il y a à porter la moyenne de production annuelle de l'huile d'olive à 250 mille tonnes et à exporter en moyenne 150 mille tonnes par an. Il recommande d'intensifier les cultures irriguées et de faire passer le rendement par olivier de 40 kilogrammes actuellement à 100 kg à l'horizon 2015. S'agissant de la recherche scientifique et de la vulgarisation agricole, le comité relève l'enjeu d'exploiter au mieux les résultats de la recherche dans les créneaux prioritaires à l'instar des grandes cultures, de l'irrigation agricole, de la production agricole, de la santé animale et des cultures exportables. Au sujet du financement des investissements agricoles, il appelle à accroître annuellement au taux de 10% le volume des investissements agricoles en vue de les porter à 1200 millions de dinars, d'ici 2016, d'autant que le financement bancaire des activités agricoles ne dépasse guère les 10% actuellement, compte tenu des critères contraignants imposés par les banques aux agriculteurs (taux d'intérêt élevés, obligation de garantie) Dans cette perspective, il invite les parties concernées à s'inspirer des expertises des pays, dont l'économie est très proche de celle de la Tunisie, dans le domaine du financement agricole (facilitation des conditions de financement, mutuelle agricole). Le comité met l'accent sur l'importance de respecter les règles du marché des produits alimentaires non sensibles, de développer les circuits de distribution et de commercialisation et de tirer profit des avantages compétitifs de la Tunisie (proximité de l'Europe) afin d'accroître la production des produits fort demandés tels que les produits biologiques. Ouvrant les travaux de cet atelier, M.Mohamed Habib Haddad, ministre de l'agriculture et des ressources hydrauliques, a indiqué que la stratégie mise au point par ce comité, vise à mettre en place des mécanismes efficaces sur les plans économique, social et environnemental dans le but de réaliser les objectifs de sécurité alimentaire escomptés. A cette fin, les actions futures devraient être focalisées sur trois axes qualifiés de « stratégiques ». Il s'agit pour l'essentiel d'améliorer la productivité des entreprises de production et de services en vue de répondre aux exigences des marchés local et international, d'exploiter au mieux les résultats de la recherche scientifique, d'investir davantage dans les créneaux productifs et d'en accroître la valeur au cours de la prochaine décennie, a-t-il souligné.