Le journalisme parviendra-t-il à assumer son rôle de quatrième pouvoir après en avoir été dépourvu si longtemps ? Les chevaliers de la plume pourront-ils remonter le chemin perdu durant ces dernières décennies ? Comment envisagent-ils leur adaptation à la nouvelle situation ? De quelle façon comptent-ils s'y prendre pour restaurer le capital-confiance qu'ils avaient perdu avant et après le 14 janvier 2011 ? Quel comportement épouseront-ils face aux nouvelles technologies de l'information et de la communication, notamment Internet avec ses blogs, ses journaux électroniques, ses réseaux sociaux… ? Les privilégiés d'hier ne perdraient-ils pas au change avec la montée en flèche de cette jeunesse avide de montrer ses talents, de vivre comme il se doit cette liberté d'expression chèrement payée ? La prolifération des partis politiques sera-t-elle accompagnée d'autant de nouvelles parutions, de titres nouveaux ? L'accès à l'information gagnera-t-il en fluidité ou sera-t-il aussi aléatoire et problématique comme c'était le cas sous l'ancien régime ? Le paysage médiatique changera-t-il à la faveur de la Révolution ? Dans quel sens l'évolution s'effectuera-t-elle ? Comment le public percevra-t-il cette avalanche de nouvelles souvent non vérifiées où l'intox prend souvent le pas sur l'information avérée, vérifiée et contrôlée ? Autant de questions que se posent les observateurs. Entre optimistes et sceptiques, les commentaires vont bon train. L'avenir dira à quel degré les journalistes s'acquitteront des tâches qui leur incombent. Mais, d'ores et déjà des actions vigoureuses sont entreprises. Le journalisme électronique est sur le point de gagner sa reconnaissance de droit. L'ATCE, cet épouvantail entre les mains de l'ancien régime, instance suprême de la propagande de Ben Ali et pourvoyeur des journaux dociles en publicité, véritable nerf de la guerre pour les médias. Les deux journaux du parti dissous quittent la scène. Des confrères de valeur seraient, au meilleur des cas, réinsérés dans d'autres organes de presse. Des stages de formation se multiplient pour aborder les prochaines étapes. Des syndicats se fourbissent leurs armes en prévision du nombre incalculable des médias à venir. Il est cependant grand temps que le journaliste se départisse des mauvais reflexes qui s'appellent paresse, autocensure, obéissance aveugle aux ordres venus d'en haut. Il doit se prendre en charge et retrouver les marques de son professionnalisme. Son effort, tendant vers plus d'objectivité, une neutralité sans faille et des questions pertinentes. Le citoyen tunisien n'en sera que mieux informé et plus apte à réagir avec conséquence aux impératifs du moment.