Le Premier ministre du gouvernement de transition sortant, M. Béji Caïd Essebsi, a exprimé son scepticisme quant à la coalition au pouvoir, sortie des urnes le 23 octobre 2011, à savoir Ennahdha, le Congrès pour la République et Ettakatol. Dans une interview accordée au journal « Le Maghreb », M. Caïd Essebsi a évoqué la situation politique actuelle en Tunisie. Il a notamment donné son avis sur la troïka, en passe de prendre le pouvoir. Interrogé sur son évaluation des élections du 23 octobre 2011, le Premier ministre sortant a regretté les voix perdues. Il estime que les résultats obtenus ne reflètent pas la réalité de la situation actuelle. M. Caïd Essebsi, se basant sur sa propre expérience, a soutenu que toutes les coalitions sont provisoires. Cela est valable pour cette coalition comme pour d'autres, et spécialement celle-ci, vu les nombreuses contradictions qui divisent les parties en présence. Il s'agit plus d'intérêts qu'autre chose. Il a fait art de son pessimisme. Il n'exclut pas l'échec de la coalition. M. Caïd Essebsi considère que « les électeurs ont voté pour une Assemblée nationale constituante dont la tâche principale consiste en la rédaction de la Constitution et exceptionnellement la conduite des affaires de l'Etat. Ce qui s'est déroulé est juste le contraire. Certains veulent le pouvoir, ce que je leur ai dit directement. Il est normal, du reste, que les partis pensent au pouvoir. Mais, jusqu'à présent, on n'a rien fait pour la rédaction de la Constitution… Au lieu de se mettre d'accord sur la forme de la Constitution, Ils ont d'abord pensé à distribuer les portefeuilles ministériels. J'ai alors pris l'initiative de présenter la démission du gouvernement. Je pense surtout à la crédibilité et à l'intérêt de mon pays que je place avant le mien. Ce n'est pas le cas pour d'autres ». Et l'ancien Premier ministre d'ajouter : Nous aurions pu reporter la démission. Mais nous avons voulu un message fort, à savoir que nous avons institué de nouvelles traditions. Nous avons organisé des élections libres, transparentes et pluralistes. La démission du gouvernement est une tradition positive. Je conseille aux les dirigeants qui viennent de consacrer le processus démocratique. Nous sommes encore au début. Nous avons donné le signal de départ. Nous avons mis le train sur les rails, mais il est à la première étape ». Interrogé sur les conditions d'asseoir le processus démocratique, M. Caïd Essebsi a indiqué que « premièrement, ce qui s'est passé aux élections que nous avons organisées et dans lesquelles nous avons réussi avec ce témoignage de tous doivent être perpétuées. C'est-à-dire que les prochaines échéances électorales ne soient pas moindre que la précédente quant à leur transparence, leur honnêteté. La seconde tradition est la démission volontaire du gouvernement de transition. Elle n'a pas attendue d'être démise, ce qui constitue un précédent. Nous espérons que celui qui nous succèdera présentera sa démission après une année sans que des problèmes soient soulevés. Il quittera avant que les affaires se compliquent ».