La réalité de la Tunisie est loin d'être confortable. Le tableau n'est guère rassurant. L'annonce de la formation gouvernementale a été différée à plusieurs reprises. Rien n'est encore fait pour l'élaboration de la Constitution. Le budget de l'Etat pour 2012 est en suspend. La conjoncture économique et sociale est en constante détérioration. Le citoyen a le droit de douter des promesses des nouveaux dirigeants. Il commence à se poser des questions quant à l'avenir qui l'attend : chômage en hausse ; entreprises économiques à genou ; pouvoir d'achat chancelant ; croissance zéro ; investissement inexistant… Face aux priorités qui interpellent la communauté nationale, la lutte pour les portefeuilles ministériels déchire les alliés d'Ennahdha. Aux urgences que requiert la conjoncture difficile, une lenteur exaspérante anime la coalition qui va diriger le pays. Le gouvernement a enfanté dans la douleur. Il fallait se soucier plus de l'équilibre de la coalition que de l'intérêt national. Faut-il que la situation empire et pourrisse un peu plus pour qu'on essaye de prendre le taureau par les cornes ? Veut-on exacerber la colère des Tunisiennes et des Tunisiens et les pousser à user du célèbre terme « dégage ! », tellement la confiance fait défaut ? Nous sommes loin en tout cas de la détermination du ministre du Développement régional pressenti, qui a prêché le concret, le réel et l'immédiat pour administrer la preuve que la Tunisie a changé dans le sens positif. Mais, les bonnes intentions suffisent-elles à convaincre le citoyen aux ressources très limitées que son pouvoir d'achat va enregistrer un bond historique ? D'ailleurs, M. Lotfi Zitoun n'a pas été maintenu à ce poste. Il est devenu conseiller politique auprès su Premier ministre. Une interrogation supplémentaire sur les conditions dans lesquelles a été la formé le gouvernement. Les nouveaux dirigeants, les hôtes provisoires de l'Assemblée nationale constituante, les partis politiques qui forment la troïka, et même ceux de l'opposition, doivent avoir présent à l'esprit que la rue est désormais assez mûre pour corriger les dérapages et les déviations. Son vœu le plus cher consiste à réaliser les objectifs de la Révolution, pour laquelle des martyrs ont payé de leur vie et grâce à laquelle elle a été libérée de la tyrannie. Loin de constituer un handicap, la prolifération des points de vue, les diverses sources, la profusion de l'information, même contradictoire, traduisent une prise de conscience du citoyen. Celui-ci réalise désormais l'importance d'être au courant de ce qui se passe autour de lui et de réagir immédiatement. Il en a été privé des années durant au point d'opposer une superbe indifférence, voire une sainte horreur, à tout ce qui est information, synonyme de propagande et de bourrage de crâne. Maintenant, les médias libérés assument la responsabilité d'éclairer l'opinion publique sur tout ce dont ils ont le droit de connaitre et de comprendre. La diffusion en direct des débats à l'Assemblée nationale constituante est utile à plus d'un titre ? Les journaux parlés, télévisés, écrits et électroniques ont définitivement rompu avec la langue de bois. Ils joueront leur rôle malgré les dérangements qu'ils procurent à certains nostalgiques de la pensée unique. Ces derniers essaient par tous les moyens de les museler et n'hésitent pas à les couvrir de ridicule, de les considérer de haut, de les traiter d'immatures et de les tourner en dérision. Vive la Révolution qui a permis ce précieux changement. Elle s'opposera aux tendances portant préjudice à la liberté d'expression et au quatrième pouvoir ! Moncef BEDDA