Invité par le Centre des jeunes dirigeants (CJD) de Bizerte, lors de la tenue de la conférence sur « la préparation à la vie professionnelle et entrepreneuriale », M. Saïd Aïdi a livré à Investir en Tunisie ses impressions quant à l'état des lieux du secteur et avancé quelques suggestions pour une nouvelle vision de la formation professionnelle et de cette notion d'entrepreneuriat. Investir En Tunisie : Les programmes de la formation professionnelle actuels sont-ils de nature à aider les jeunes à intégrer la vie active ? M. Saïd Aïdi : Commençons par dire que ces programmes ont parfaitement fonctionné pour certaines filières. Mais nous devons à la vérité d'affirmer que le secteur a connu ces dernières années des faiblesses au niveau qualitatif. Des lacunes que l'on a tenté de combler grâce à des correctifs qui n'ont pas résisté à une analyse profonde, qui ont montré leurs limites et qui ont eu pour conséquences une perte de confiance des jeunes dans ces dispositifs pourtant essentiels dans l'acquisition de l'expérience, les connaissances et les savoir-faire exigés comme préalables à leur recrutement. Il faudra, à mon sens, rendre ses lettres de noblesse à la formation professionnelle. Quelles mesures ou quels mécanismes peuvent restituer l'intérêt des jeunes pour la formation professionnelle ? Il est clair que notre pays possède ses spécificités et que de ce point de vue nous ne devons pas succomber à la tentation de calquer une quelconque expérience étrangère. Je vois pour ma part dans la formation par alternance une solution alternative assez intéressante. A condition, toutefois que certaines révisions soient faites. Ainsi, est-on persuadé que cette formation par alternance est souvent imposée aux jeunes sans que l'on soit certain de leurs motivations ni de leurs préférences. La durée des stages, le suivi et les contrôles de l'assiduité, le choix des programmes qui doivent être établis avec les entreprises, sans oublier une application stricte de mesures envers les infractions et les cas d'indisciplines des stagiaires. Si l'on parvient à maîtriser ces facteurs, la formation par alternance présente des avantages certains dont l'harmonisation avec les besoins des entreprises n'est pas la moindre. On parle de plus en plus d'entrepreneuriat, pensez-vous que ce nouveau concept constitue la panacée aux problèmes de l'emploi ? Cela est intéressant et nous avons pris connaissance aujourd'hui de certaines expériences menées tant au Canada que chez nous en Tunisie. Certes, la tentation est forte d'en suivre l'exemple mais je continue à penser que les spécificités de notre pays nous dictent de faire preuve de circonspection. Certains établissements semblent avoir trouvé des formules d'équilibre eu égard à la perception qu'en ont les étudiants de cette approche. Si la motivation peut naître de cette nouvelle pratique et si l'engagement se fait dans un climat de partenariat entre les différents acteurs de ce processus, je dirais tant mieux car il ne faudrait pas que la désillusion soit à l'arrivée. Il semble qu'un surplus de recherche pour une adaptation de ce concept à nos propres réalités soit nécessaire. Propos recueillis par M.BELLAKHAL