Hier, dimanche 13 mai 2012, des centaines de jeunes gens et de jeunes filles ont convergé vers la capitale, en minibus, en louage, en voiture privée,…Convoqués selon un programme préétabli par la Fédération Tunisienne d'Athlétisme, FTA, ils venaient se mesurer « dans un esprit de saine émulation et de loyale concurrence » pour le compte des finales nationales individuelles et par équipes des épreuves d'athlétisme. Des jeunes de toutes catégories, des deux sexes, dont l'âge varie entre 14 et 20 ans, attendant avec l'impatience que l'on imagine ces moments d'ivresse que procure la montée sur les plus hautes marches du podium. Ils sont venus de toutes les régions du pays. De Gafsa, de Kairouan, de Bizerte, de Nabeul…consentant bien des sacrifices dans la perspective de ces instants rêvés. J'en connais qui payent de leur argent de poche le déplacement vers la capitale. Leurs clubs ont engagé des dépenses proportionnelles à la distance qui les sépare des lieux de compétition, outre les dépenses d'hébergement et de nourriture. Donc, voilà des centaines d'athlètes rassemblés dans le stade d'athlétisme d'El Menzah avec l'exaltation et l'enthousiasme que seuls les jeunes savent créer et ressentir. Hélas pour eux ! La déception allait être à la mesure de leur joyeuse excitation. On leur apprend avec un aplomb imperturbable et sidérant que la compétition n'aura peut-être pas lieu. La raison étant que les juges-arbitres, ceux qui sont chargés du chronométrage et autre validation des résultats, n'ayant pas été payé -ou payé avec quelque retard !- ont décidé de faire grève et de ne point officier. Tout simplement ! Arrivée dare-dare du nouveau et provisoire bureau fédéral -Avez-vous remarqué qu'en Tunisie, aujourd'hui, tout est temporaire !- conduit par notre légende nationale Mohamed Gammoudi. Discussions, longues palabres, vagues promesses… Rien n'y fait ! Seize arbitres acceptent de rester, tout le reste, une quarantaine choisit de déserter. Que vouliez-vous que les athlètes fassent ? Rassemblement devant le ministère, nouvelles palabres avec un haut responsable pour finalement se voir renvoyés à leur point de départ avec une décision de report de la compétition à une date ultérieure et indéterminée. Et promesse de remboursement des clubs. Bien, voilà les faits ! J'entends d'ici les bonnes âmes clamer le droit des referees au sit-in, à la grève, au débrayage, tant est qu'ils n'ont pas reçu leurs justes rémunérations. J'agrée, pour ma part. Mais cela ne m'empêche nullement d'imaginer les visages penauds et confus de nos jeunes, très jeunes athlètes, leur profonde déception et assurément leur incompréhension de la conduite des adultes. Ces arbitres ont bien choisi leur moment : cet important meeting que les responsables n'oseraient pas accepter de le voir échouer et qui seraient disposés à se plier aux exigences des grévistes. Cette situation a été générée par l'ancien bureau, démis de ses fonctions par le département de tutelle pour n'avoir pas tenu son assemblée générale dans les temps déterminés. Le nouveau bureau provisoire nommé il y a moins d'une semaine ne peut raisonnablement venir à bout de tous les problèmes. C'est ce qu'il faut se dire et c'est la voix de la sagesse. Car, est-il logique que pâtissent les clubs et que soient pénalisés de jeunes athlètes qui ont tous les droits de ne voir dans ces comportements qu'irresponsabilité, égoïsme et inconscience ? Surtout que se profilent pour nos athlètes les échéances du championnat d'Afrique -Benin, juin 2012-, celles du championnat du monde juniors -Espagne, juillet 2012-, championnat d'Afrique du nord -Maroc, juin 2012-. Doit-on penser que la notoriété de notre pays importe, aujourd'hui, si peu pour certains ?