A l'encontre de ce que déclarent les responsables politiques tunisiens, le dernier en date était le président provisoire Moncef Marzouki, quant à la « bonne santé de l'économie tunisienne, la reprise qu'elle enregistre, ou encore la reprise du même niveau de la croissance économique d'avant la Révolution », les rapports négatifs et les critiques ne cessent de déferler. Selon Hachemi Alaya, Docteur et Ingénieur Conseil, et dans un article paru, lundi sur les colonnes de la revue française spécialisée en économie « Les Echos », « les quelques indicateurs économiques publiés cette semaine indiquent que l'économie tunisienne est restée à la peine au cours de la première moitié de l'année 2012. C'est le contraire qui aurait étonné au regard d'une part, du contexte actuel difficile de l'économie mondiale et, d'autre part, de l'agitation et du brouillamini qui marquent l'environnement interne des affaires ». En effet, souligne l'auteur, les signes qui s'accumulent annoncent que l'économie tunisienne, loin de prendre le chemin de la reprise et de la croissance, est au contraire en train de sombrer dans la stagflation. L'inflation reste plus menaçante que jamais. Le taux d'inflation qui ressort des statistiques que vient de publier l'INS pour le mois de juin, reste le plus élevé enregistré par notre pays au cours des dix dernières années. Le tourisme est toujours déprimé comme en témoigne le flux de recettes touristiques engrangées au cours de la première moitié de l'année et qui n'arrive même pas à retrouver son niveau de l'année 2007. D'une autre part, la dégradation du compte extérieur de la Tunisie est en train de prendre une ampleur inquiétante comme le révèle l'érosion du matelas devises du pays qui a atteint au cours de cette semaine son plus bas niveau depuis au moins une dizaine d'années : 95 jours d'importation. L'enflure du crédit bancaire a contribué à fragiliser encore davantage un secteur bancaire déjà bien mal en point comme en témoignent la confirmation à un niveau très désavantageux du BICRA de la Tunisie par Standard & Poor's, la hausse subite en ce début de mois de juillet, du taux du marché monétaire et l'affaissement du volume des transactions interbancaires. Comme pour confirmer ce diagnostic, l'abaissement, encore un, de l'évaluation de la « résilience économique » de la Tunisie par l'agence Standard & Poor's. Ce diagnostic est, à l'évidence, à l'opposé du triomphalisme ambiant. Il procède du constat -et de la conviction- que la croissance économique ne se décrète pas, ne se maquille pas avec des artifices statistiques ; elle se construit. La politique de relance proposée actuellement pour la Tunisie -Go and Stop- est trop conjoncturelle et ne peut aboutir qu'à aggraver la dégradation de la situation extérieure du pays, l'alourdissement du fardeau de la dette de l'Etat et son impécuniosité, le maintien à un niveau élevé du chômage des jeunes qui attendent autre chose que des emplois mal rémunérés dans les chantiers à inaugurer par les « investissements publics », etc. Les maux de la Tunisie s'enracinent dans les faiblesses structurelles de notre compétitivité qui ne se cesse de se dégrader et ce n'est pas la relance de la consommation par une politique salariale généreuse dans une économie qui souffre une productivité par tête fort médiocre qui va booster les exportations. De même, ce n'est pas n'importe quel investissement public qui va relancer l'économie. Il en va des dépenses d'investissements publics comme des dépenses courantes : certaines contribuent à la productivité et la croissance, d'autres au contraire, la freinent ou l'étouffent. Encore faut-il prouver aux différentes classes du peuple tunisien que les politiques prônées par les nouveaux décideurs risquent de mener nulle part. Les responsables politiques de la « Troïka » ne cessent de sombrer le pays dans l'incertitude par le biais de décisions arbitraires et par l'ambigüité de leur ligne. Reste cependant de se demander si les compétences dont grouille la Tunisie continuent d'être marginalisées, surtout que les appels à opter pour des directives sereines et rassurantes ont été bafouées par un gouvernement qui a préféré opter pour un budget de l'année 2012 ou la plus grosse part est destinée aux affaires sociales dites « urgentes », alors rien au monde ne laisse à douter de l'existence d'une intention de financer, par le biais de cette part du budget, une campagne électorale imminente !