La Cellule des Jeunes Membres de l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprises a organisé le jeudi 25 juin 2009, une conférence internationale sur la «Transparence, Gouvernance d'entreprise et la crise Financière ». En marge de la conférence, M Adel Grar (Président de l'Association des Intermédiaires en Bourse et Directeur Général d'Amen Invest) a présenté une intervention intitulée «La qualité de l'information sur la Place de Tunis : rapport annuel vs communications financières ». En fait, le sujet est très important pour les entreprises tunisiennes surtout durant cette conjoncture économique difficile. La communication financière était depuis longtemps le numéro fort du management. Elle fait peur aux chefs d'entreprises qui évitent de communiquer leurs chiffres clés pour des raisons concurrentielles, fiscales et parfois psychologiques. Ces dirigeants sont de plus en plus obligés de changer leurs idées vers plus de transparence et surtout améliorer la divulgation des informations financières. Le cadre légal tunisien ainsi que les exigences du marché financier ont amélioré ce climat. La communication financière ? Cette communication peut être obligatoire. Le caractère obligatoire est soit défini par un texte réglementaire soit normé dans le contenu et la périodicité. A titre d'exemple, La communication financière réglementaire des sociétés FAPE en Tunisie se limite à : • La publication des états financiers périodiques (prospectus, rapport spécial du conseil d'administration), • La publication des indicateurs d'activité trimestriels (sociétés cotées), • L'établissement d'un rapport d'activité annuel à présenter aux actionnaires lors des Assemblées Générales. L'information obligatoire ne fait pas obstacle à toute information volontaire dont la divulgation n'est pas obligatoire par référence à un texte réglementaire. Ces informations peuvent être divulguées sur les journaux spécialisées ou tout autre support selon la cible de l'information elle-même. Teneur de la communication financière réglementaire En Tunisie, seuls les états financiers périodiques constituent des informations normées standards. Les indicateurs d'activité trimestriels sont normés au niveau du minimum légal. Cet insuffisance juridique demeure à corriger vu la qualité de l'information financière surtout au niveau des pays concurrents. Les actionnaires, surtout les minoritaires, n'ont qu'à exploiter les états financiers et le rapport d'activité (lors de l'assemblée générale). L'absence de model et normalisation stricte pour ce rapport a permis de donner plus de valeur au prospectus qui s'est qualifié d'important par les analystes financiers. A ce niveau, l'Association des Intermédiaires en Bourse recommande donc fortement l'établissement d'un modèle de rapport d'activité standard qui regrouperait l'ensemble des informations nécessaires aux différents acteurs de la société (et en particulier les petits épargnants) dans un esprit de comparabilité et de facilité de lecture. Ce modèle permettra de : • Accroître la notoriété de la société en lui attribuant une forte image financière, • Réduire le gap entre les différentes catégories d'actionnaires et réduit ainsi l'hétérogénéité des anticipations, • Accroître la valeur de l'entreprise : rapprocher la valeur du titre à celle signalée par les dirigeants, • Réduire le rendement exigé des actionnaires et par conséquent, le coût des fonds propres. Quels sont les facteurs qui influencent la communication financière ? Selon la théorie, la politique de la communication financière est tributaire de : La structure d'actionnariat : généralement, plus le capital est concentré (famille, maison mère, Etat…) plus la communication d'information est limitée. Cette indication est liée à la qualité de l'utilisateur de cette information. En plus, la diffusion du capital a une importance capitale : plus le capital est diffusé dans le public ou le flottant est relativement important sur le marché, plus la société a tendance à communiquer. Le mode de gouvernance : Les sociétés gérées directement par leur propriétaire ont tendance à communiquer moins. Plus le nombre d'associés est important, plus la communication est importante. L'AIB a constaté, à ce niveau, un ensemble d'observations sur la spécificité de la communication financière en Tunisie. Il est important de signaler que : • La communication financière en Tunisie s'adresse plus aux petits porteurs ; • La communication financière est plus développée dans les sociétés où le poids des petits porteurs est important ; • La communication financière est particulièrement plus développée dans les périodes de levée de fonds. Les entreprises tunisiennes sont amenées à plus de communication tout en respectant les contraintes du coût de cette information ainsi que les risques concurrentiels engendrés par la mauvaise communication. La communication financière constitue une condition essentielle de la confiance des investisseurs et un élément clé de la transparence du marché et même de la crédibilité d'une place financière.