Besma Khalfaoui Belaïd, veuve du martyr Chokri Belaïd a accordé une interview au journal algérien El Watan. Quatre mois après l'assassinat de son mari, elle parle d'un blocage de l'enquête sciemment entretenu et évoque le refus du juge d'instruction de vouloir prendre en compte des éléments essentiels dans l'affaire et d'explorer les différentes pistes fournies par les avocats. Besma Khalfaoui récuse le fait que ce dernier se soit déchargé de l'affaire en faveur de la brigade criminelle qui est, dit-elle, sous la coupe du ministère de l'Intérieur d'Ennahdha. Elle accuse le Premier ministre actuel et ancien ministre de l'Intérieur, Ali Laarayadh, de garder la main sur le dossier, dénonce le manque de sérieux de l'enquête, le refus d'entendre des témoins clés : « Beaucoup d'indices montrent qu'il existe beaucoup d'interférences dans le travail de la justice destinées à bloquer le processus ». Besma Khalfaoui s'est dit persuadée qu' « [ils] font tout pour empêcher que la vérité éclate ». Elle évoque l'éventualité de recourir à une juridiction internationale, mais seulement en cas d'incompétence de la juridiction nationale. « Ces gens-là » cherchent à nous faire du mal, mais nous sommes et resterons debout. Interrogée sur l'identité de « ces gens-là », la veuve de Belaïd n'hésite pas à pointer, encore une fois, Ennahdha du doigt, rapportant les pressentiments du défunt sur les dangers que fait courir le parti islamiste sur la société et sur ses adversaires. Parlant du rôle de Marzouki dans cette affaire et s'il s'était mobilisé aux côtés de la famille pour connaître la vérité sur l'assassinat de « son ami », Besma Khalfaoui a indiqué que Marzouki a menti au juge d'instruction et nié avoir proposé une garde rapprochée. La veuve accuse également Ahmed Néjib Chebbi d'avoir nié ses avertissements à Chokri Belaïd.