Dans une lettre ouverte adressée à Tunisie-Focus, M. Mezri Haddad, l'ancien ambassadeur de la Tunisie à l'UNESCO, réagit avec beaucoup de véhémence à la publication par la présidence de la République du « livre noir » dans lequel son nom a été mentionné et où il est présenté comme collaborateur de l'ancien régime. En fait, M. Haddad descend en flammes son ex-ami Moncef Marzouki. L'auteur de la lettre ne fait aucune concession à celui qu'il accuse d' « assouvir [sa] basse vengeance en essayant de souiller l'honneur de journalistes, d'avocats et d'intellectuels, y compris les plus illustres de ce pays ». Et l'ancien ambassadeur de citer des noms qui ont enrichi la pensée tunisienne qui, dit-il avec force, mettent en exergue [sa] bassesse intellectuelle et [sa] leucémieéthique et politique. Soulignant que, pour sa part, il n'a jamais cru à la révolution du 14 janvier ni à ses martyrs et considérant qu'elle n'est qu'une conspiration islamo-atlantiste aux visées géopolitiques et néocolonialistes et dont l'épilogue a été le coup d'état du 14 janvier 2011. M. Mezri Haddad a assuré qu'en publiant le « livre noir », Marzouki a voulu divertir le peuple pour prolonger [son] règne avilissant et perpétuer le mythe de la « Révolution bouazizienne ». L'auteur de la lettre ouverte qualifie Marzouki de crapule présidentielle qu'un caprice de l'Histoire a hissée à la tête d'un pays vassalisé et qui s'est empressée de parachever sa sinistre légende en détruisant les icônes de la patrie. Le président provisoire est dédaigneusement tutoyé et est littéralement étrillé « tu n'arrives pas à la cheville du plus petit journaleux, assène-t-il, …à plus forte raison les illustres journalistes et les personnalités académiques dont tu as voulu souiller l'honneur parce qu'ils t'ont toujours méprisé… » Qualifiant le livre de torchon noir, M. Haddad accable son commanditaire en parlant d'une âme tourmentée, d'un esprit rongé par le ressentiment et gangrené par la haine. Pire, assure-t-il, c'est l'œuvre d'un renégat, dictée par les libérateurs de la Tunisie qui entendent, selon lui, effacer de ce pays soumis toute trace de résistance et de patriotisme. Mezri Haddad, reproduit ensuite de larges extraits de son livre « Carthage ne sera pas détruite » qu'il présente comme un ouvrage caractérisé par sa hauteur morale et son objectivité politique. Il y évoque l'ambiguïté (déjà !) du CPR qui aurait dû s'appeler CPR islamique, dit-il, tellement son fondateur est aujourd'hui amené à courtiser les islamistes en les présentant comme des républicains et des démocrates. L'ex-ami de Marzouki rappelle aux lecteurs la propension mercantiliste du président provisoire lequel ne craint nullement de marchander sa littérature « mercenariale » avec Al-Jazeera, notamment, ni à manifester [sa] boulimie pour l'argent et [sa] servilité à l'égard du roitelet de Qatraël. M. Haddad termine en vouant Marzouki au tribunal de l'Histoire, car, dit-il, il est de son seul ressort de rendre un verdict équitable et définitif, comme il est de la seule compétence des historiens de garder et de protéger les archives nationales.