L'intermédiaire en bourse tunisien, MacSa, a publié une longue étude sur le secteur de la grande distribution en Tunisie qui est jugé « bien encadré mais suivant profondément les mutations et changement des comportements des consommateurs tunisiens ». Depuis 2001, le secteur de la distribution organisée en Tunisie a connu une intensification progressive de la concurrence avec l'ouverture des premiers hypermarchés en 2001 (Carrefour) et en 2005 (Géant). Ces nouveaux venus ont apporté une grande expérience et un savoir faire en matière de merchandising et de promotion de vente, ce qui a provoqué une modernisation du secteur de la distribution accompagné par un changement radical du comportement du consommateur tunisien. Ainsi deux pôles leaders de la grande distribution ont émergé sur le marché tunisien de la grande distribution. Par ailleurs, le secteur de la distribution en Tunisie est bien encadré par une législation contraignante. Consciente du poids économique de ce secteur et des potentialités de croissance importante, l'Etat a mis en place de nouvelles réformes et a institué une planification d'ouverture des hypermarchés en Tunisie. En effet, en 2009, une nouvelle loi est venue étoffer le cadre réglementaire de la distribution. D'ailleurs deux nouveautés ont été instituées : - La franchise : Il s'agit d'un contrat par lequel le propriétaire d'une marque ou d'une enseigne commerciale accorde le droit de son exploitation à une personne physique ou morale dénommée franchisé, et ce, dans le but de procéder à la distribution de produits ou à la prestation de services moyennant une redevance. Ce nouveau système de distribution est de nature à moderniser encore plus le paysage de la distribution, des biens et des services, en favorisant l'introduction des marques étrangères. - Les centrales d'achat : Désormais, toute personne physique ou morale peut créer une centrale d'achat dont l'objet est l'achat de produits à des prix et conditions préférentiels pour le compte des commerçants distributeurs en gros ou au détail qui y sont adhérents. Elle assure leur approvisionnement en produits selon leurs commandes. Le commerçant distributeur peut créer une centrale d'achat afin d'acheter des produits pour son propre compte. Ces deux nouveautés visent notamment à répondre aux mutations connues par le secteur dans le but de réorganiser et de moderniser l'exercice du commerce de distribution tout en garantissant un équilibre entre les différents intervenants du secteur. Par ailleurs, les autorités ont planifié, en premier temps, l'implantation de quarte nouveaux hypermarchés : 2 sur le Grand Tunis, un à Sousse et un à Sfax, à l'horizon de 2012. Sur le Grand Tunis : Les emplacements des deux grandes surfaces ont déjà été fixés. Un au Sud-Est de Tunis situé à Mornag et un au Sud-Ouest de Tunis à Morgaguia. Les promoteurs de ces deux hypermarchés ne sont actuellement pas dévoilés. A Sfax : La société Med Invest Company, consortium entre le groupe Poulina et Bayahi, et actionnaire majoritaire dans MAG, serait à l'initiative de l'ouverture d'un hypermarché à Sfax. Huit autres hypermarchés sont programmés, en second lieu, à l'horizon de 2016, et seront implantés à l'intérieur du pays. Une tendance qui affiche clairement l'évolution d'une demande en pleine croissance pour un secteur en expansion. En ce qui concerne l'étude des valeurs cotées à la bourse de Tunis, seulement deux valeurs appartenant à la distribution généraliste sont cotées à la Bourse de Tunis: Monoprix et Magasin Général. Avec 32% de part de marché, la valeur Monoprix est marquée par des perspectives de croissance prometteuses avec un développement centré sur la rentabilité. En 2009, Monoprix a été l'un des titres les plus haussiers du marché enregistrant une performance de 110,1% favorisée par l'amélioration des résultats de la société. Le titre a fini l'année à un cours (ajusté) de 45,35 DT après avoir atteint un plus haut de 46,31 DT. La bonne tenue du titre s'est prolongée en 2010. Le cours a connu un trend haussier tout au long des cinq premiers mois atteignant son plus niveau de 54,99 DTN au début du mois de Mai 2010. En date du 24 Mai 2010, la valeur de l'action s'est adjugée +18,2% par rapport au début de l'année. Notons que la valeur MONOPRIX est cotée à la bourse de Tunis depuis 1995 et est contrôlée par la société EXIS appartenant au groupe Mabrouk. Son capital social s'élève à 18 490 160 dinars tunisien divisé en 9 245 080 actions de 2 dinars chacune. Pour améliorer la liquidité du titre, l'AGE de MONOPRIX, réunie le 6 Avril 2010, a décidé de réduire la valeur nominale de l'action pour la ramener de 10 à 2 DT. Pour la valeur Magasin général, elle est marquée par une pleine exploitation du nouveau plan d'action et politique d'expansion du réseau avec l'ouverture d'un hypermarché en 2012. En 2009, le titre Magasin Général a affiché un rendement de 144% et ce après avoir clôturé l'année au niveau des 129 DT. Le titre a été boosté par des anticipations positives quant aux réalisations de la société pour l'exercice 2009 mais aussi par les perspectives de la société telles qu'elles ont été publiées dans le prospectus d'émission relatif à l'augmentation de capital. En 2010, le titre ne semble pas connaître le même sort. Après avoir commencé l'année à 126,46 DT, le cours a progressé durant le premier mois de l'année touchant son plus bas niveau (117,57 DT) au terme du mois de Mars. Ensuite il s'est inscrit dans une tendance haussière pour redescendre de nouveau au niveau des 119 DT. A partir du début du mois de Mai, le cours a stagné au niveau des 132 DT pour terminer à la date du 25/05/2010 à 130,49 DT affichant un léger rendement de 1,2% et ce par rapport au début de l'année en cours. A noter que le capital social de Magasin Général s'élève à 11 481 250 dinars tunisien divisé en 2 296 250 actions de 5 dinars chacune. Elle est cotée en bourse depuis 1999 et contrôlée par la société Med Invest Company SA suite à sa privatisation, en Octobre 2007, à travers la cession de 76,31% de son capital aux groupes Bayahi et Poulina. Pour conclure, la grande distribution en Tunisie semble en train de connaitre un tournant qualitatif. L'adoption d'une logique de modernisme semble plus adaptée aux mutations structurelles de l'économie tunisienne et aux nouveaux modes de consommation. En assainissant le climat commercial, l'Etat s'est engagé pour sa part dans la voie de mise à niveau des services en vue d'une approche stratégique visant à accroître la contribution du secteur et à la réalisation des objectifs de croissance économique. Espérant que l'entrée prochaine de ces nouveaux nés de la grande distribution et la libéralisation de ce secteur favoriseront une meilleure autorégulation et une concurrence qui profitera au final au consommateur tunisien.