La Tunisie a participé aux troisièmes jeux africains de la jeunesse (JAJ 2018) qui ont eu lieu dans la capitale algérienne du 17 au 28 juillet 2018, Notre pays a occupé une honorable troisième place au tableau final après l'Egypte et l'Algérie, respectivement, en engrangeant 135 médailles (35 or, 46 argent, 54 bronze). Y a –t-il lieu d'applaudir cette performance ? Certes, si l'on considère que nos jeunes étaient allés «croiser le fer» avec les meilleurs athlètes des 54 pays africains qui y avaient pris part et qu'ils y étaient à rude concurrence. Certes, si l'on considère la béatitude des responsables sportifs qui considèrent que « leur mission a été couronnée de succès ». Cependant, rien ne nous empêche de crier haut et fort que les instances autant fédérales que gouvernementales se soucient comme d'une guigne de l'évolution des résultats des athlètes, de leur préparation sérieuse. Criant à la nécessité impérieuse d'accompagner les sportifs pour les faire progresser car représentant l'avenir du pays, ils ne tentent rien pour garantir les conditions minimales pour la réalisation de cet objectif. Pire, les clubs sont livrés à eux-mêmes : les techniciens chargés de la préparation sont abandonnés à leurs sorts et sont instamment appelés à se débrouiller. J'en veux pour preuve le cas du Starting Club de Bizerte, club spécialisé en athlétisme, qui vient de dépêcher une jeune athlète, Ghada Hemdani, qui nous a valu deux médailles en saut en longueur (5.44 m, bronze) et en triple saut (12.33 m, argent). Cette jeune athlète de 16 ans est parvenue à gravir les marches des podiums à plusieurs reprises et à collectionner les performances aux niveaux national, régional et international, à battre plusieurs records des sauts en longueur et en triple saut ainsi qu'en heptathlon (championne de Tunisie, championne arabe,...) En fait, les excellents résultats de cette cadette sont assez éloquents pour qu'on y insiste davantage. L'on dira, fort justement, pourquoi elle ? C'est qu'elle est la représentante d'une génération de sportifs individuels appelés à honorer le drapeau national avec toute l'abnégation souhaitée. L'esprit et le cœur encore épargnés par les contingences matérielles, ils se trouvent animés de leur seule volonté d'honorer les valeurs olympiques et purement sportives. La jeune Ghada Hemdani du Starting Club de Bizerte (SCB) ne doit ses brillantes performances qu'à sa seule détermination et celle de son coach Ghaïth Bellakhal qui s'est donné pour objectif prioritaire d'œuvrer afin d'aider cette petite à réaliser son rêve, malgré les difficultés insurmontables qui se dressent face à eux. Il est une vérité intangible que le SCB est de ceux qui enfantent les champions en sports individuels, l'on citera Mohamed Romdhana, Béchir Zaghouani, Abderrahman Tamedda (perche), feu Haythem Bellakhal (triple saut), Hamdi Béjaoui (javelot), Ilhem Hermi (hauteur) Et le SCB poursuit sa mission sans rechigner. Pourquoi rechignerait-il ? diriez-vous. Ce serait son plus légitime droit. C'est que tous ces champions n'avaient pas bénéficié du minimum requis pour leur formation, leur encadrement. Disons que le système D, la débrouillardise étaient les bases de la technique en usage chez les techniciens. Pour le cas de Ghada Hemdani, ses résultats prennent une valeur indéniable et exemplaire si l'on sait dans quelles conditions est mené le travail de sa préparation. Tout d'abord, le SCB ne dispose pas de terrain, pas de sautoir, pas le moindre équipement. Son coach et elle-même sont contrains d'effectuer leurs entraînements dans ....le parking du stade 15 octobre. L'on ajoutera à cela l'absence totale de soutien qu'il soit moral ou financier, sans compter le dédain des médias pour ce sport et ces sportifs, trop enclins à couvrir et promouvoir les « sports-rois-collectifs », ceux-là mêmes qui ont valu à la Tunisie les plus gros déboires et qui font de nous la risée des pays du monde. L'on ne saura oublier l'absence des stages préparatoires ou de perfectionnement, nécessaires pour la progression. Pour les responsables fédéraux et pour les techniciens du SCB les résultats d'une Ghada Hemdani sont-ils satisfaisants ? « Au-delà de nos espoirs, dira Ghayth Bellakhal, coach de la jeune athlète, si l'on considère les conditions horribles, le stress, la fatigue. Mais la satisfaction est là, fruit de tous les efforts consentis et que nous allons encore poursuivre pour arriver à nos fins. » Mais il n'y a pire sourd que celui qui ne veut rien entendre et différentes fédérations, dont celle de l'athlétisme, font preuve d'une surdité sévère, cependant que lors des hommages, ils sont les premiers à venir cueillir les fruits du travail des autres.