Suite à l'article paru le vendredi 18 Février 2011 sur le site internet www.investir-en-tunisie.net intitulé “Tarek Ben Ammar quitte la Tunisie pour tourner son film au Qatar”, je voudrais apporter plusieurs précisions. En effet, ce qui a été écrit par votre journaliste est totalement faux, diffamatoire et n'a pour unique but que celui de nuire. Tout d'abord, il ne s'agit pas d'un court mais bien d'un long métrage. Ensuite, vous évoquez un tournage en Tunisie de “quelques semaines”. Cela contredit ce que vous affirmez en disant que le film “ne sera pas produit en Tunisie”. Le film a bien été produit en Tunisie : d'abord un travail de préparation pendant 1 an sur le terrain, notamment pour la construction de décors et accessoires et la fabrication de plus de 2000 costumes par des Tunisiens. Ensuite 13 semaines de tournage qui débute le 18 octobre 2010 pour s'achever le 25 janvier 2011 incluant 15 jours de repos pour les fêtes de fin d'année. Le budget total de dépenses en Tunisie s'élève à près de 13 millions d'euros (soit 26 millions de dinars) sans aucune subvention Tunisienne : 9 millions d'euros (soit 18 millions de dinars) ont été dépensés en salaires pour des décorateurs, artisans, techniciens, figurants et acteurs Tunisiens. Le reste, c'est à dire 4 millions d'euros (soit 8 millions de dinars), en hôtellerie, décors et transports (pour l'aérien exclusivement sur la compagnie nationale Tunisair). Je voudrais attirer votre attention sur la présence de plus de 50 acteurs Tunisiens chevronnés mais aussi sur les 200 techniciens Tunisiens du film pour seulement 30 étrangers. Au total, ce sont ainsi 65 000 fiches de salaire et 30 000 nuitées aussi bien dans le sud Tunisien (11 semaines) qu'à Hammamet (2 semaines) Il s'agit bien de “l'un des plus grands projets cinématographiques dans le monde arabe”. C'est même le plus important en Tunisie depuis plus de 30 ans, plus que La guerre des étoiles, Indiana Jones, Pirates ou Le patient anglais. En effet l'ensemble des décors a été construit dans des studios Tunisiens, et l'ensemble de la technique de laboratoire a été réalisé à Gammarth par des techniciens Tunisiens. Est-ce là “laisser tomber son propre pays '' que de se lancer en Tunisie dans un projet aussi important ? Est-ce là “laisser tomber son propre pays'' que d'injecter 26 millions de dinars dans l'économie locale en particulier dans le sud, l'une des zones les plus défavorisées ? Dois-je vous rappeler qu'Antonio Banderas lui-même a continué à tourner aux côtés des Tunisiens pendant les évènements qui ont bousculé la Tunisie, qu'il a lui-même parlé de son soutien à la Révolution Tunisienne en direct sur le Grand Journal de Canal + ? Venons-en au Qatar. Tout d'abord, la décision de tourner dans ce pays est absolument indépendante et bien antérieure à la révolution Tunisienne. Nous vous aurions volontiers donné toutes ces informations si vous nous aviez contactés. D'autre part, une très simple recherche sur Google vous l'aurait montré si seulement vous aviez voulu vérifier. En effet, la presse et non la “grande propagande” comme vous la qualifiez, a relayé ces mêmes informations à de nombreuses reprises lors des festivals d'Abu Dhabi et de Doha en octobre 2010. Le choix du Qatar pour 23 jours de tournage comparés aux 80 jours en Tunisie (soit seulement 1/5ème du tournage) a été pris par le réalisateur Jean Jacques Annaud connu pour ses films aux paysages à couper le souffle (7ans au Tibet, Stalingrad, L'amant). Si le tournage a été en très grande partie réalisé en Tunisie, c'est pour la beauté de ses paysages, la qualité de ses infrastructures, le professionnalisme et l'immense expérience des Tunisiens. Distribué par 2 majors compagnies (Warner et Universal) à travers plus de 3 000 écrans dans le monde, c'est la Tunisie que sera mise à l'honneur dans le monde entier pour ses paysages et décors naturels. Je persiste sur ce que j'ai dit : c'est un honneur pour moi que de tourner en Tunisie et je le referai encore. Le désert Tunisien est l'un des plus beaux paysages dans le monde, ce qui apportera un grand plus au film L'Or Noir. Au passage, le désert qatari n'est pas le Sahara comme vous le laissez entendre. En revanche, pour les besoins de quelques scènes, il fallait un désert de sable et de dunes se jetant directement dans la mer, que nous n'avons pas en Tunisie. Après de longues recherches, un tel site n'a été trouvé qu'au Qatar et en Namibie. C'est le Qatar qui fut retenu uniquement sur une base artistique et non pas lié à la révolution tunisienne comme vous le sous-entendez dans votre article. L'annonce de cette collaboration fut faite en octobre 2010. Ce long métrage est tout à l'honneur de notre pays et de ses talents. C'est le premier film sur le monde Arabe financé par des Arabes et notamment un Tunisien, avec pour acteur principal un Arabe (Tahar Rahim, nouvelle étoile du cinéma découvert dans le chef d'œuvre de Jacques Audiard, Un prophète). Tout comme Tahar, Antonio Banderas et Freida Pinto (la star de Slumdog Millionnaire) ont fait preuve de professionnalisme en continuant, même pendant la Révolution, à tourner en Tunisie jusqu'au 25 janvier, comme prévu à l'initial dans le calendrier de tournage. Autre précision Mr Banderas et Mlle Pinto ont tourné exclusivement en Tunisie, et non au Qatar, faisant la promotion de notre pays uniquement. Cet article n'a pour seul but que de salir mon nom et ce film en insinuant des contre-vérités basées sur des inventions. Il aurait simplement suffit pour vous de contacter les nombreux techniciens, acteurs ou artisans Tunisiens du film qui vous auraient éclairés sur ces informations. Il aurait été plus naturel qu'un media Tunisien comme le vôtre encourage un producteur Tunisien qui se trouve nommé pour la première fois aujourd'hui aux Oscars avec le film Hors la loi de Rachid Bouchareb. En effet il s'agit d'un long métrage algéro-tunisien lui aussi tourné à 90% en Tunisie dans les studios de Ben Arous et les laboratoires de Gammarth pendant 12 semaines. Le même nombre de techniciens et d'acteurs a été employé, pour une dépense en Tunisie de 7 millions d'euros (soit 14 millions de dinars). Je voudrais vous rappeler que depuis 30 ans, j'ai produit et coproduit 65 films en privilégiant toujours mon pays, pour un budget cumulé de dépenses en Tunisie de 550 millions d'euros, représentant 850 000 fiches de salaires pour des Tunisiens. N'est-ce pas cela qu'investir en Tunisie pour reprendre le nom de votre site? Tarak Ben Ammar