Mohamed Walhazi, gérant consultant de la Société des travaux publics Sogeb, représentant de la société offshore de négociation TurkMall en Tunisie et fils de Mahmoud Walhazi, ancien militant (Depuis 1969), a été l'une des victimes du clan Trabelsi à l'ère du Président déchu. Cet homme d'affaires nous a accueillis chaleureusement pour avoir plus de détails concernant les problèmes qu'il a vécus, avec le clan Trabelsi dès l'année 2008 jusqu'à la Révolution du 14 janvier. 1/ Pouvez-vous nous donner un aperçu de votre projet, cause principale de vos problèmes avec les Trabelsi ? TurkMall est une société internationale, leader dans le domaine des centres touristiques et commerciaux (en Europe, en Amérique, en Chine…). Le destin m'a offert l'honneur de contacter son propriétaire d'origine allemande, M. Hans Otto Nagel. Ce dernier est un milliardaire qui investit dans divers domaines, tels les loisirs, l'hôtellerie, l'industrie, le textile-habillement, la télécommunication, les banques, les finances, le commerce… En 2008, M. Nagel m'a confié la représentation d'un investissement en Tunisie d'un coût global de 400 millions d'euros, soit environ 770 millions de dinars, et ce sous forme d'un méga- projet touristique et commercial. Il est prévu de créer 3500 postes d'emploi dans sa première phase de construction, en plus de 1500 emplois permanents, soit un total de 5000 postes exclusivement tunisiens. L'accord de principe a été signé entre nous deux, avec la collaboration de MM. Slim Mimouni, expert comptable tunisien et Giacomo Taffo, homme d'affaires Italien. Par la suite, on a déposé le dossier du projet, en novembre 2008, au palais présidentiel. 2/ Normalement, cette étape était le point de départ de votre voyage de souffrance et de résistance… Certainement ! Le premier contact a été, au début de 2009, avec M. Foued Daghfous, ancien conseillé de président déchu et un médecin- propriétaire d'une clinique, qui a été un intermédiaire entre moi-même et Mohamed Sakhr El Matri, gendre de Ben Ali et Iyadh Wedherni, ancien Chef de Cabinet de l'ex chef d'Etat. Au début, ils ont confirmé leur accord de principe pour la réalisation de ce méga- projet. Néanmoins, après quelques semaines, ils ont demandé une commission comme étant leur droit légitime. En cas de refus, le projet ne sera jamais concrétisé, selon eux. Pour ma part, j'étais, à chaque fois solide, prudent et méfiant, sans bien sûr aucune réponse ni d'accord ni de refus. Entre temps, les mêmes personnes ont contacté M. Nagel dans le but de le convaincre de collaborer avec eux en me négligeant. Sans oublier l'intervention de Leila Trabelsi en personne. Mais, en vain. Heureusement, il a totalement refusé en me disant : «Par le biais de ce projet, mon but est d'investir en Tunisie et de servir l'économie tunisienne et non pas d'offrir des gratuités à la famille de Ben Ali et des Trabelsi ». Lors de cette période, l'Etat a classé le dossier du projet. Et par la suite le « traitement sécuritaire », comme l'a nommé le ministère de l'Intérieur et de développement local, a commencé. Rafik Hadj Kacem a ordonné mon arrestation. Ces personnes m'ont causé beaucoup de problèmes sous forme de pression, de recherche, de poursuite, d'écoutes téléphoniques, de piratage de mon compte facebook et d'arrestation de trois jours à deux reprises sans aucun motif. Mon entreprise a été fermée et j'ai subie une faillite énorme. Mes amis, mes proches, ma famille et mon ex-fiancée ont été, également, dérangé par tous les moyens. En dépit de tout cela, j'ai osé dire « NON » au clan Trabelsi. 3/ Dans cette période post-révolutionnaire, quelle procédure avez-vous entamé ? J'ai contacté l'ex- ministre de la planification et de la coopération internationale M. Mohamed Nouri Jouini, que je remercie infiniment pour son soutien. Juste après la démission de M. Jouini, le nouveau ministre de la Planification, M. Abdelhamid Triki, m'a également reçu dans son bureau. La justice tunisienne m'aidera sans doute à voir le bout du tunnel. Je vais demander mes droits moral et matériel des 3 ans précédents. Je ne pardonnerai jamais ceux qui ont été un jour la cause d'une perte énorme pour moi et pour la Tunisie. En guise de conclusion, je reste optimiste. Ce mégaprojet sera « inchallah » concrétisé dans les années à venir. Propos recueillis par I.Zine