Nombreux sont ceux qui, face à un tableau sombre, en viennent à regretter les temps anciens... La période de l'intersaison ne sera pas ordinaire pour le Stade Tunisien. Encore qualifiée pour la coupe, les soucis de l'équipe dépassent les exigences de la meilleure préparation pour cette épreuve. Le ST n'a plus, aujourd'hui, les moyens nécessaires, mêmes pour assurer les dépenses quotidiennes de l'équipe seniors. Le maintien des joueurs en fin de contrat, les recrutements et les renforts susceptibles d'étoffer l'effectif, le paiement des salaires et des primes, autant de contraintes qui placent les responsables en position délicate vis-à-vis des engagements déjà pris et des ambitions nourries pour atteindre les objectifs tracés et pour répondre aux impératifs de la performance. Qu'il dispose des moyens et des ressources nécessaires ou non, le Stade a forcément accédé à un nouveau palier, avec un statut complètement différent. Ses ambitions et ses motivations ne sont plus, justement, les mêmes. Elles ne portent plus la même signification, et encore moins la même adresse. Sur le terrain, on voit l'équipe capable de tout faire et de tout obtenir. Mais dans les bureaux, il en est autrement, surtout que les solutions pour faire face aux problèmes et contraintes financiers sont quasi inexistantes. L'on déplore l'absence de l'homme, ou des hommes providence, capables de débloquer une situation de plus en plus alarmante. Il y a tant de contraintes et de frustrations chez un club en pleine détresse. C'est dire à quel point il a aujourd'hui besoin de la mobilisation et de l'adhésion des différentes parties prenantes, en exercice ou non. Combien elles doivent prendre la mesure et l'importance du rôle à jouer, de la responsabilité à assumer. La politique de l'autruche renvoie l'image d'un club en totale débandade. Ce n'est pas un constat, et encore moins un blâme, c'est un fait historique. La déception vient de ces hommes qui n'ont plus aucun lien d'appartenance avec le club. Qui ratent l'opportunité mémorable de prendre rendez-vous avec l'histoire. L'on ne sait pas s'ils en auront encore une fois la chance, mais surtout la conscience et l'honnêteté sportives pour se rattraper et pourquoi pas aussi reconnaître leur tort. On juge aux résultats, mais aussi et surtout au degré d'adhésion, et jusque-là personne ne montre la voie, ou encore ne donne l'exemple. La volonté, l'instinct de survie s'indiquent comme tels. On ne triche pas. La passion brise les tabous et les préjugés. Et quelque part, on est en train de détruire ce que d'autres ont mis longtemps, très longtemps à construire. La nouvelle vague de dirigeants semble se perdre, presque dans l'anonymat !... Un plongeon dans l'inconnu... Il faut dire que les défaillances ont été aggravées par les appétits débridés, les divergences et les divisions. Les écueils sont nombreux. Il est de plus en plus reproché aux responsables de faillir à leurs tâches. Nombreux sont ceux qui, face à ce sombre tableau, en viennent à regretter les temps anciens. Quelque part, ils ont raison, notamment par rapport à l'avilissement et les illusions perdues. Dans un contexte aussi défavorable, jusqu'à quand les joueurs continueront-ils à ne pas subir ce qui se passe autour du club? Les sacrifices ont des limites, mais ils demandent à se faire respecter, tout en étant respectueux. En football, comme dans tant d'autres activités sportives, c'est une frontière souvent difficile à trouver. De toutes les façons, on en sera aujourd'hui, lundi 15 juin, quelque peu fixé, notamment avec la reprise des entraînements prévue pour cet après-midi. Quoique l'on soit quelque part convaincu que l'effectif ne sera pas au complet. On voit mal des joueurs en fin de contrat et sollicités ailleurs répondre à l'appel. Haythem Ben Salem a été le premier à donner le ton en signant rapidement à l'Etoile. Il risque d'être suivi par Karim Aouadhi, très demandé lui aussi, ou encore Hachem Abbès, Amir Dridi, Hamdi Rouid et Alex. Pratiquement toute l'ossature de l'équipe. Les dirigeants stadistes n'ont plus aucun droit moral sur les joueurs en question. Mais le problème ne s'arrête pas pour autant là. Ils n'ont pas les moyens pour les remplacer. Il faut dire que ce n'est pas la première fois qu'ils soient incapables de préserver les fondamentaux. Il semble que la crise financière ait entraîné des obligations et des contraintes de gestion. C'est un peu dommage qu'on en arrive là. Il auraient pu suivre les bons résultats obtenus par les joueurs et par leur entraîneur. Tout ce qu'ils avaient laissé entrevoir, parfois, de bon n'a été finalement qu'une simple éclaircie. Sur fond de confusion, de déceptions et d'échecs répétés, le parcours du club du Bardo est donc l'histoire d'une véritable interrogation. Par quelque dimension que l'on saisisse, on ne savait pas exactement, et l'on ne sait toujours pas si on nage en pleine reconstruction d'un club, d'un espoir, d'un monde...