Baignant dans une ambiance clair obscur, l'ouverture des Journées de Tunis a eu lieu hier à 16h30, au Palais des Congrès, presque méconnaissable pour l'occasion, entièrement couvert de noir et climatisé comme jamais. Organisé sur le thème : «Les défis de la démocratie», par le magazine français Le Nouvel Observateur, avec un certain nombre de partenaires, dont notre journal La Presse, le Forum a fait accourir du monde et certains officiels. Fouad Mbazaa ancien président de la République, était présent. Présent également François Gouyette, ambassadeur de France en Tunisie L'ami des Tunisiens, Jean Daniel, fondateur et éditorialiste de l'hebdomadaire devait présider l'ouverture, il n'a pu être présent pour des raisons de santé. C'est le directeur, Matthieu Croissandeau, qui en a donné le coup d'envoi et joué le rôle de modérateur de la première table ronde. Sur une Tribune, heureusement, suffisamment éclairée, s'étaient installés du côté tunisien, le ministre des Finances, Slim Chaker, la ministre du Tourisme, Selma Elloumi Rekik, et la présidente de l'Utica, Wided Bouchamaoui. Du côté français, Bertrand Delanoë, maire de Paris, et Eric Woerth, ancien ministre du Budget et député. . Matthieu Croissandeau s'est chargé, avant de lancer le débat, de lire un mot envoyé par Jean Daniel à l'adresse des participants. En voici un petit extrait traversé par une grande promesse : « Chers amis, pour moi la révolution a eu lieu lorsque j'ai lu le début de la nouvelle constitution.... Le prédisent Caïd Essebsi, dans les pires moments, ne m'a jamais déçu, le président m'inspire confiance depuis que je l'ai vu contenir les débordements de notre grand homme, c'est-à-dire le despote éclairé, Bourguiba. La façon dont il a triomphé de tous les obstacles et les pièges depuis les affrontements avec les extrémistes est absolument remarquable. En votre nom, je lui fais une promesse, celle de faire pression sur nos opinions publiques occidentales et des gouvernements français et américains notamment pour qu'ils procurent une aide économique sans laquelle la Tunisie peut s'effondrer. Jusqu'à présent, le président n'a trouvé à Paris que l'expression de grands sentiments et à Washington l'emphase des professions de foi ». Retrouver le chemin de la Tunisie La ministre du Tourisme, Selma Elloumi Rekik, en sa qualité de partenaire de l'événement ,a été la première à prendre la parole. Elle a déclaré en substance : « Nous sommes convaincus qu'un régime démocratique ne peut suffire. Il s'agit d'un défi majeur, et la Tunisie a besoin de la mobilisation de toutes ses ressources, et elle a besoin aussi de ses amis. Pour parler du secteur dont j'ai la charge, un secteur vital, et son développement représente un choix irréversible. Ce secteur a connu des difficultés au cours des dernières années et sa relance est aujourd'hui une des priorités. Au-delà de la relance, le tourisme a besoin d'une réforme structurelle profonde. Notre stratégie consiste à diversifier nos produits et nos marchés pour répondre aux attentes ». Au terme de son allocution, la ministre a lancé une invitation aux visiteurs français dont elle a regretté la baisse de fréquentation pour reprendre le chemin de la Tunisie. Slim Chaker a été, lui, appelé à dresser un diagnostic de l'état de santé de l'économie tunisienne. Il s'est exprimé avec franchise et exprimé un souhait, pour dire que « la situation est difficile, mais non catastrophique. Seulement, il est un fait que 600 mille emplois doivent être fournis, ce sont des jeunes qui attendent indéfiniment qu'il y ait quelque chose pour eux. La première problématique qui se pose en Tunisie réside dans le décalage de la perception du temps. Les temps des uns et des autres ne concordent pas. Le temps relatif aux jeunes qui veulent tout de suite travailler, le temps des couches moyenne et populaire qui veulent accéder à une meilleure qualité de vie, et enfin, le temps de l'économie qui a besoin de se remettre en place. Celui-ci ne peut être traité qu'à moyen et long termes. Nous avons un déficit de 6%, on a concédé des augmentations salariales, pour avoir la paix sociale, mais les grèves ont repris », a-t-il regretté. Au final, il a émis une aspiration, « que la Tunisie fasse partie de l'espace européen malgré la Méditerranée qui nous sépare ». La sécurité du monde en dépend. Bertrand Delanoë, ancien maire de Paris, a commencé par exprimer sa compassion et sa solidarité pour les trois membres de la garde nationale tués hier par les terroristes, et en sa double qualité de Français et de Tunisien, il a enchaîné : « cette attaque terroriste nous donne surtout conscience que la Tunisie doit être encore épaulée et ceci nous ramène directement à l'économie. L'économie représente un enjeu pour la sécurité du peuple tunisien, et pour la sécurité du monde entier. En 2011, les Tunisiens ont tissé leur histoire. Mais la réussite de la démocratie tunisienne est quelque chose qui nous importe, parce que nous aimons la Tunisie, mais c'est aussi notre intérêt. Il faut que le peuple tunisien réussisse pour lui-même et pour l'ensemble de l'espace euroméditerranéen. C'est un peuple dont la réussite économique assurera la sécurité de la Méditerranée. Je sais bien que les budgets des pays européens sont très contraints, mais l'enjeu historique que représente la réussite de la Tunisie démocratique n'est pas quelque chose qui porte sur des sommes considérables. L'enjeu économique est un enjeu politique, enjeu culturel, c'est un enjeu de valeurs, c'est un enjeu de la démocratie en Tunisie et dans tous les pays partenaires ». Six autres tables rondes sont annoncées par le programme, celles-ci plancheront avec un certain nombre d'experts et de politiques des deux pays sur des thématiques qui touchent à l'économie, à la démocratie et, en tout bien tout honneur, à l'exception tunisienne.