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Le gage de souveraineté
Recherche scientifique
Publié dans La Presse de Tunisie le 16 - 06 - 2015

Il n'y a pas d'enseignement supérieur, ni de progrès technologique sans recherche scientifique. C'est elle qui permet de faire évoluer les programmes enseignés, de faire avancer l'humanité et de révolutionner la vie. Autrement dit, elle est le moteur de l'économie, c'est elle qui la fait croître, notamment, au moyen de l'un de ses piliers, à savoir l'industrie dont l'essor repose sur la constante innovation technologique. Alors, en tant qu'une véritable locomotive du développement économique, la recherche scientifique devrait faire l'objet de beaucoup d'intérêt de la part de l'Etat. Où en est la Tunisie dans ce domaine? Cette recherche jouit-elle du soutien financier étatique dans notre pays? Ou bien, au contraire, elle est négligée et délaissée par l'Etat? M le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Chiheb Bouden, vient d'annoncer que la Tunisie est devenue le premier pays à intégrer un programme européen pour la recherche et l'innovation dans le sud de la Méditerranée, un projet qui se poursuit jusqu'à l'année 2020, qui permet à la Tunisie de faire partie des partenaires de l'Europe dans la recherche scientifique, et où les subventions européennes s'élèvent à 80 milliards d'euros. Mais, ce partenariat résout-il les difficultés majeures de la recherche scientifique en Tunisie?
A la merci de l'étranger
De l'avis des scientifiques, dont le Dr Ameur Chérif, biologiste, le système de la recherche scientifique dans notre pays est un système qui doit être revu et consolidé, bien qu'il ait fait ses preuves dans le sens où la Tunisie compte parmi les premiers pays arabes et africains en termes de nombre de publications scientifiques et de qualité de ces publications, ce qui est la résultante de tout un processus de restructuration de la recherche scientifique s'étalant sur une vingtaine d'années. Toutefois, ce système reste en deçà des attentes des chercheurs, essentiellement, à cause de l'absence d'un bon financement. Les fonds de fonctionnement des laboratoires nous édifient sur l'intérêt qu'accorde l'Etat à la recherche scientigique. Pour vous y édifier davantage, sachez que sur deux années, c'est-à-dire depuis sa création, celui de biotechnologie et de valorisation des bio-ressources, de Sidi Thabet, les fonds perçus étaient de l'ordre de 60.000 dianrs/an alors qu'il compte plus que cinquante chercheurs, ce qui est loin de leur permettre de mener à bien leurs recherches. Le laboratoire de micro-organisme et biomolécules actives de la faculté des sciences de Tunis, ayant une expérience d'une quinzaine d'années, a obtenu 100 à 120.000 dinars pour soixante-dix chercheurs. Il s'agit là d'une situation générale. Les fonds provenant de l'Etat, dans le domaine de la recherche scientifique, se situent entre 20 et 30%, le reste vient d'autres bailleurs de fonds, que ce soit de la Commission européenne, dans le cadre de projets où la Tunisie est partenaire, ou bien des projets bilatéraux avec d'autres pays. C'est-à-dire que ces subventions étatiques n'atteignent même pas le 1/3. Devant cette quasi-démission de l'Etat, nos chercheurs se trouvent contraints de se démener tous seuls pour trouver des bailleurs de fonds, et ce, en monnayant leur haute qualification et en mobilisant tous leurs réseaux de connaissances. C'est dans ce cadre que s'insèrent, par exemple, le projet «Ulixes» (Ulysse), qui est de l'ordre de 3 millions d'euros s'étalant sur trois ans, qui compte douze partenaires, huit du Nord et quatre du Sud et qui a tenu sa conférence internationale à Hammamet, au mois de janvier 2015, ou bien encore le projet européen de 3O millions d'euros qui s'appelle « kill spill » (tuer les fuites), dont la conférence était organisée par l'Association tunisienne d'écologie microbienne. Ce projet, qui s'étale également sur trois ans, qui comprend soixante partenaires européens et auquel participent des industriels à côté des académiciens, a pour objectif de trouver des solutions à ce qu'on appelle les fuites aux hydrocarbures en milieu marin. Cela nous donne une idée sur les disparités énormes entre les laboratoires européens et les nôtres au niveau du soutien financier pour la recherche scientifique. Donc, excepté ces quelques grands projets de recherche financés par l'étranger, nos chercheurs n'ont pas grand chose à faire ou bien chôment, carrément, la plupart du temps. Le pire, c'est qu'il y a de vrais chômeurs parmi eux.
Une richesse humaine abandonnée
En effet, le chômage compte parmi les problèmes structurels de la recherche scientifique en Tunisie; la discipline la plus touchée par ce fléau, c'est celle des sciences biologiques et de biotechnologie où il y a, environ, 500 docteurs chômeurs. Ce problème a commencé avant la révolution et s'est accentué ces dernières années, nous révèle le biologiste, Ameur Chérif. Et on peut se représenter les dégâts incommensurables qui découlent d'une telle situation, lorsqu'on sait que ces secteurs de pointe participent à l'essor économique des grandes puisances mondiales, l'Europe et les EU. Selon l'Association Tunisienne des Docteurs et Doctorants en Sciences (ATDocS), Le chômage des docteurs scientifiques, dont le nombre augmente d'une manière exponentielle d'année en année, atteint des proportions inquiétantes ces dernières années en raison de l'inadéquation entre le nombre des docteurs diplômés et les opportunités d'embauche. En dépit de son importance capitale, le chômage des docteurs scientifiques reste pourtant ignoré par les autorités compétentes. Ce problème crucial entraîne de graves conséquences économiques et sociales pour le pays qui se trouve ainsi privé de l'apport de cette élite qui est en butte à la précarité et à de profondes frustrations, vu qu'elle est empêchée de mettre son savoir-faire scientifique au service de la patrie. En outre, il ne faut pas oublier qu'une telle situation est propice à la fuite des cerveaux vers l'étranger. Aussi, les pertes du pays ont-elles doublé étant donné qu'en plus du fait qu'il ne profite pas de leur savoir, il consent des dépenses énormes pour leur formation pour, en définitive, les concéder à d'autres pays, ce qui constitue un gâchis considérable et une hémorragie économique. Le problème empire d'année en année, voire de jour en jour, et les autorités ne daignent pas broncher, pourtant les solutions existent bel et bien et sont simples.
Les solutions
Elles peuvent être apportées par la création de nouveaux centres de recherche s'intéressant aux priorités du pays pour abriter tous ces chercheurs-là. On peut, également, remédier à la situation par l'instauration du statut de post-doctorant. En Europe, aux Etats-Unis et partout dans le monde, un docteur, après avoir fait son doctorat en trois à cinq ans, n'intègre pas directement la fonction publique ou l'enseignement, mais fait ce qu'on appelle une période de post-doctorat qui lui permet d'affiner ses recherches et d'avoir un salaire dans le cadre de projets de recherche nationaux ou internationaux, et c'est à l'Etat d'appliquer ces statuts et de trouver les moyens nécessaires pour payer ces post-doctorants pendant trois/quatre ans dans des centres de recherche. En Tunisie, nous disposons d'une ressource humaine inestimable et qui est, malheureusement, en train d'être délaissée et abandonnée à son sort. Aucune action n'a été entreprise en vue de débloquer la situation de ce nombre impressionnant de chômeurs parmi ces scientifiques de haut niveau qui bercent l'espoir de se voir, un jour, admis dans des concours qui sont, très souvent, entachés de népotisme. C'est pour toutes ces considérations qu'un groupe de scientifiques a lancé un appel au ministère de l'Enseigement supérieur et la Recherche scientifique, au temps de l'ex-ministre, Moncef Ben Salem, en lui présentant treize propositions dans le but de contribuer au sauvetage de la recherche en Tunisie. Elles se rapportent, notamment, à l'amélioration de l'infrastructure des laboratoires universitaires, afin que les étudiants puissent recevoir une formation pratique en adéquation avec la formation théorique, à la nécessité pour les institutions concernées (Université, laboratoires, instituts, centre de recherche, entreprises) d'instaurer un cadre juridique pour l'exercice de la recherche en laboratoire et en entreprise (convention de stage, convention de thèse, pratiques conformes aux règles d'hygiène et de sécurité), et, enfin, à l'obligation pour l'Etat d'aider la recherche en proposant des appels d'offres et des financements ciblés par thématiques et qui doivent garantir la mise en place d'une recherche de bonne qualité, donnant lieu à des publications et des retombées économiques à court et long termes.
Interconnexions entre la recherche et l'économie
Il ressort de l'état des lieux qu'on vient d'établir que l'Etat se désengage de ses responsabilités en matière de recherche scientifique, un désengagement qui s'ajoute à celui qu'il est en train d'opérer vis-à-vis de l'enseignement supérieur, à travers le tarissement délibéré des subventions, que trahit l'infrastructure dégradée ou insuffisante de plusieurs établissements universitaires. Cependant, si cette démission au niveau de l'enseignement, qui s'explique par une tendance de sa part à la privatisation graduelle de ce secteur, est fort inquiétante, son retrait total du domaine de la recherche est encore plus inquiétant. Une telle attitude est d'autant plus alarmante qu'il est inconcevabe qu'un Etat, qui se respecte et qui ambitionne d'évoluer, puisse se permettre de renoncer à un secteur aussi stratégique. Il est impératif que l'Etat tunisien se prenne en charge et compte sur ses propres moyens, en développant une politique scientifique, basée sur la recherche, c'est-à-dire créer un espace économique qui soit fondé sur la science, en vue de promouvoir l'économie nationale. Une telle option est d'autant plus urgente que les indicateurs de progrès de tout pays dans le monde vont de pair avec l'évolution de la recherche scientifique. Si, avant la révolution, on comprenait la négligence qu'affichait le pouvoir à l'égard de ce secteur, et qui s'expliquait par sa dépendance vis-à-vis des grandes puissances et par le fait qu'une dictature est l'ennemie jurée de toute innovation dans laquelle elle voit une menace pour l'assise de son autorité, maintenant, on ne la comprend plus cette nonchalance. D'autre part, où est la part de la recherche scientifique dans les abondants et intarissables débats de nos prolixes politiques et intellectuels ? Elle est nulle part. On parle de tout sauf de science ; décidément, l'époque n'est pas aux discussions savantes et rationnelles. Il faut bien comprendre que la recherche scientifique est une priorité au même titre que l'emploi, le progrès social, la réduction des disparités entre les régions, la santé... Elle en est plutôt la base, sans elle rien ne va et on ne peut pas aller très loin, sans son apport, on sera toujours dépendant de l'étranger. Alors, à ce titre, la recherche scientifique n'est-elle pas le garant de la prospérité, de l'indépendance et de la souveraineté nationale?


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