Le service de réanimation à l'hôpital régional de Tabarka est toujours fermé, et ce, depuis sa création en 2013. L'hôpital de Tabarka a connu plusieurs difficultés depuis son ouverture en 2013. La pénurie de médicaments, de matériel et le manque de personnel en seraient les principales raisons. A vrai dire, la situation de la plupart des hôpitaux en Tunisie est devenue critique, notamment ceux des régions de l'intérieur. Et si les médecins ont commencé à déserter le secteur de la santé publique, c'est parce qu'ils ne trouvent plus les moyens pour bien exercer leur travail. Néanmoins, l'hôpital régional de Tabarka est doté de toute une unité de réanimation, comportant six lits avec les appareils d'assistance respiratoire artificielle nécessaires, alors une question s'impose : pourquoi n'est-il jamais entré en service? Manque de personnel ou matériel en panne ? Afin de faire la lumière sur ce sujet, nous avons posé la question à M. Mohamed Rouis, directeur régional de la Santé à Jendouba qui nous a expliqué que la fermeture de ce service s'explique par l'absence de médecin réanimateur et le problème de maintenance des appareils. « Toutefois, ce service sera opérationnel dès le mois de juillet… », rassure-t-il. Un spécialiste russe Cependant, à notre visite à l'hôpital, nous avons remarqué la présence d'un médecin réanimateur russe et d'un personnel paramédical ! Afin de pousser encore plus notre investigation, nous avons contacté le directeur de l'hôpital, Khaled Hassine, qui a expliqué que le service de réanimation est fermé depuis l'ouverture de l'établissement hospitalier. Le service de pédiatrie rencontre également des difficultés à cause du départ à la retraite du pédiatre chargé du service. Il a été mis « en veilleuse » et reste fonctionnel avec seulement un médecin généraliste qui accomplit toutes les tâches. «En revanche, pour le service d'anesthésie-réanimation, c'est vrai que nous avons le matériel nécessaire, acheté depuis 2012, sauf que les experts ont confirmé que sa maintenance est nécessaire ». Question de compétence ? D'autre part, le plus grand obstacle à l'ouverture de ce service s'explique par l'absence de médecins spécialistes ! Qui plus est, l'hôpital rencontre de grands problèmes financiers qui rendent difficile la prise en charge efficiente du service de réanimation, tout en sachant qu'il nous manque un scanner…» Quant à la présence d'un médecin réanimateur russe, le directeur de l'hôpital se montre sceptique quant aux compétences de ce dernier. « Nous n'avons pas la confirmation que ce médecin est compétent surtout que les échos qui nous sont parvenus de l'hôpital de Jendouba là où il exerçait auparavant disent le contraire… », relève le responsable. Tous ces arguments, bien qu'ils semblent véridiques, ne peuvent pas expliquer la fermeture d'un service aussi indispensable à l'hôpital ! Le nombre de décès évitables est estimé à un cas par jour selon les spécialistes ! Nombreuses sont les familles tabarkoises qui ont perdu un proche au cours du trajet vers l'hôpital de Jendouba qui dure plus d'une heure et demie, alors qu'il aurait pu survivre si seulement les premiers soins de réanimation leur étaient fournis à temps ! Ouverture prochaine « Je peux vous annoncer une bonne nouvelle : le service sera fonctionnel d'ici juillet, grâce au renfort de notre équipe médicale par de nouveaux résidents. Le recrutement d'un nouveau médecin spécialiste est prévu également. Cette équipe prendra en charge ce service très prochainement ! Nous vous assurons que nous avons tous la volonté d'ouvrir ce service, néanmoins nous devons faire face à de nombreuses difficultés. C'est pour cela que nous avons décidé de démarrer avec une seule salle dotée de trois lits afin d'assurer une bonne gestion », a relevé le directeur de l'hôpital. Il y a lieu de noter qu'une tentative d'ouverture de ce service de la part du directeur régional de la santé de Jendouba a échoué à cause du syndicat qui s'y est opposé. Une ville côtière, à l'instar de Tabarka qui abrite des Algériens et accueille des Tunisiens tout au long de l'année avec un flux important de visiteurs en été qui viennent de partout, notamment durant le Festival international de jazz, mérite d'avoir un hôpital digne de ce nom et qui peut accueillir et assurer des prestations de qualité aux touristes et aux habitants en cas de besoin ! Hôpital régional de Tabarka : Le service de réanimation toujours fermé