Par M'hamed JAIBI Un débat particulièrement chaud «oppose» pacifiquement, dans les coulisses, les partisans de diverses visions quant aux réformes «urgentes» que la Tunisie aurait à engager «ici et maintenant». Ces débats traînent en longueur, ayant commencé sous Mehdi Jomâa par une levée de boucliers quant aux options libérales alors suggérées, options que les gouvernements de la Troïka, bien qu'encouragés dans ce sens par les suggestions des financiers du Golfe, n'ont pas osé mettre à exécution. Le fait est que ce débat, qui est bien naturel au niveau de la diversité qu'offre l'échiquier politique national, met aujourd'hui aux prises diverses «ailes» dans les couloirs et les arrière-boutiques du gouvernement Essid, qui tient à concrétiser à ce niveau le choix consensuel qui a plaidé pour une telle équipe et pour son animateur, homme de dossiers porté sur la pondération. Les deux variantes qui polarisent le débat sont, en gros, le programme de Nida Tounès, d'une part, et les suggestions des institutions financières internationales de Bretton Woods, d'autre part. Avec, entre les deux, toute une variante de nuances méritant discussion. Le temps presse certes et la crise frappe aux portes, mais le gouvernement souhaite s'assurer un appui le plus large au sein de la classe politique, des forces sociales et de l'aire associative, afin que les choix de réforme soient réellement consensuels et bien assumés par le peuple tunisien dans son ensemble. Or, dans cette perspective, il serait utile de conforter le processus par une certaine décentralisation des débats et une «popularisation» des multiples problématiques et contraintes dans l'étau desquelles se joue l'avenir prochain du pays. Le modèle de développement dont chacun se targue à sa manière peut voir définir ses contours dans de tels débats sans frontières : sectoriels, régionaux et catégoriels, entre tous les acteurs de la vie publique. Tout comme cela a cours en ce moment entre les quatre partis de la majorité parlementaire qui appuie le gouvernement. Les appels au débat adressés au Front populaire, à l'Ugtt, à l'Utica, à l'Utap... et même au fameux mouvement du «peuple des citoyens» plaide pour cette démarche participative.