Par M'hamed JAIBI La cause est entendue, les caisses sociales pâtissent de l'accentuation quotidienne d'un déficit structurel qu'il est impératif de résorber. Reste à imaginer le moyen le moins coûteux en termes de manque à gagner au niveau de la création d'emplois, de l'alourdissement des cotisations sociales des entreprise et de l'érosion des salaires des employés. Des options douloureuses On a longtemps pinaillé, depuis plusieurs années déjà, du temps de Ben Ali, sur les avantages et les inconvénients des diverses options pouvant être mises en route, bien que tout le monde reconnaisse la nécessité de «décisions douloureuses» à ce niveau. Mais l'on a toujours craint les retombées sociales et l'accentuation des charges pesant sur les entreprises ou sur les salariés, et fini par renoncer au «sauvetage des caisses», renvoyé, à chaque fois, à plus tard. De multiples problématiques se recoupant Les deux solutions évidentes qui se présentaient étaient l'augmentation de l'âge légal de départ à la retraite et l'augmentation des taux de cotisation. Cette deuxième option se déclinant en diverses possibilités de répartition de la pression entre patrons et salariés. L'augmentation de l'âge de la retraite diminue les opportunités d'emploi en faveur des nouveaux arrivants sur le marché du travail, tout en mettant à mal le dogme de la retraite à 60 ans, auquel s'attachent les syndicats. Notamment pour les ouvriers manuels et les employés dont le travail est pénible, et qui ont logiquement droit à un repos compensateur au terme d'une longue carrière. Ce alors que l'augmentation des cotisations patronales affaiblit la compétitivité de nos entreprises, autant que celle des cotisations sociales des salariés grignote le salaire net et affaiblit le pouvoir d'achat. L'inversement de la pyramide des âges Dans l'ensemble des options et choix possibles à ce niveau, une question structurelle pèse plus que tout, c'est que l'inversement de la pyramide des âges fait que, désormais, le nombre des retraités s'est terriblement accentué par rapport aux travailleurs actifs qui financent la retraite. De sorte que se pose l'impératif d'un renflouement des «recettes sociales» qui soit à la hauteur des dépenses sociales consenties, soit ici au niveau de la retraite. En lançant dernièrement l'idée d'un départ à la retraite optionnel dont l'âge serait fixé par le cotisant, le gouvernement a accéléré le débat et ouvert de nouvelles perspectives. Il a, au même moment, dédramatisé le renoncement au dogme des 60 ans, et donné aux salariés en bonne santé qui ont peur de la retraite et de l'oisiveté, la possibilité de retarder librement leur départ. Les réserves de l'Ugtt A l'annonce du projet de loi, l'Ugtt a émis des réserves attendues. Inspirées de son attachement de principe au refus de toute érosion des droits sociaux des travailleurs, ces critiques se sont, à ce stade, focalisées sur la forme : la nécessaire concertation avec les partenaires sociaux. Elle reconnaît que le système de protection sociale a besoin de réformes, mais considère que c'est à la sous-commission mise sur pied, suite à la signature du «Contrat social», le 14 janvier 2013, que revient la tâche d'imaginer les solutions et d'en débattre. C'est pourquoi, elle demande le retrait du projet de loi dont le contenu doit donc être soumis à la sous-commission. Sachant qu'il s'agit d'un recours au plus pressé pour le sauvetage des caisses, en attendant d'autres réformes globales de long terme, aussi bien pour la retraite que pour l'assurance maladie.