De notre envoyé spécial à Abidjan Ridha MAAMRI Une bonne dizaine de jeunes Ivoiriens attendent l'ouverture du salon Campus Tunisie qui se tient à Abidjan du 4 au 6 août dans la salle d'exposition de l'immeuble de la Caistab (Caisse de Stabilisation), sise au Plateau, quartier des affaires de la capitale économique de la Côte d'Ivoire. Pendant ce temps d'attente, ces nouveaux bacheliers, discutent des filières les plus prisées, des destinations les plus prometteuses, des bourses, de ce que les universités tunisiennes offrent comme spécialités. Bref, ils parlent à bâton rompu de tout et de rien. Un peu plus loin, à quelques mètres de ce premier groupe, Kouffi Sanz Romaric, jeune lauréat de la promotion 2015, voit plus clair. «Après avoir décroché un bac D (scientifique), je suis à la cherche des études en électronique qui me permettraient de devenir roboticien», dit-il. Pour ce faire, il compare les destinations. «J'ai déjà trouvé une place dans une université ivoirienne, mais je vise plus haut, une formation meilleure, un diplôme de renommée», continue-t-il, indiquant qu'il avait assisté à tous les salons et événements organisés par des universités étrangères, à l'instar de dernier salon en date organisé par les établissements marocains. De bonnes adresses Toutefois, le jeune bachelier n'a pas caché ses craintes, partagées semble-t-il par plusieurs de ses compatriotes, par rapport au traitement réservé aux ressortissants subsahariens à l'étranger, s'appuyant sur une récente vidéo circulant sur Facebook qui montre «un jeune Ivoirien sauvagement tabassé par un groupe d'individus, au Maroc», précise-t-il. A l'entrée du Salon, il ne perd pas de temps. Balayant du regard les treize stands des universités tunisiennes, il se dirige directement là où s'affiche le mot numérique, «le plus proche de la formation que je cherche», explique-t-il. Pas de chance pour lui, il s'agit du stand d'une école d'audiovisuel et non pas d'ingénieurs. Il continue son chemin. Mais pour Urielle Mobio, c'est une des bonnes adresses. Etudiante, elle cherche plutôt une formation de troisième cycle en communication. Tout sourire, elle confie : «J'ai trouvé une bonne adresse». «Nous sommes le seul établissement privé, en Tunisie, qui offre un master en audiovisuel», se vante le responsable du stand, directeur adjoint de l'Institut International du Numérique de l'Audiovisuel (IINA), Raouf Saâd, précisant que son institution est la seule structure spécialisée, entièrement, dans la formation des métiers de l'audiovisuel. «Faisant partie d'un groupe, nous garantissons les débouchés !», tient-il à préciser. Jeunes et rêveurs, de nouveaux bacheliers se sont amassés devant le stand qui affiche des formations dans les métiers de l'air. Le représentant de l'Air Flight Academy et de l'Ecole Supérieure de l'Aéronautique, Fethi Bouzid, a passé de longues heures à expliquer les différences entre les formations dispensées, et aider les jeunes à remplir les formulaires de préinscription. «Nous sommes la seule école en Afrique qui forme des ingénieurs en aéronautique», précise-t-il, l'un des atouts majeurs de son institution. Du pilotage à la mécanique avion, en passant par les autres métiers liés à l'exploitation, chaque étudiant entretient son rêve à sa guise. La Tunisie, c'est déjà un pied dans le nord Plusieurs établissements tunisiens offrent des études sanctionnées par un double diplôme, tunisien et étranger. D'autres portent le nom emblématique d'universités étrangères. A la recherche d'étudiants brillants, l'animatrice du stand de l'Université Paris-Dauphine à Tunis confie que son objectif est de recruter un à trois étudiants, seulement. «Postulez, motivez votre candidature», ce sont les recommandations que donnait la directrice exécutive de Campus Paris-Dauphine à Tunis. Après la clôture des candidatures pour la saison 2015-2016 à Paris, l'étudiant est en mesure de postuler pour le Campus Paris-Dauphine à Tunis pour bénéficier des mêmes formations. A la recherche de lauréats, l'école d'ingénieurs «Esprit» vise à renforcer le nombre d'étudiants africains en son sein. Notre objectif est de passer à un taux de 10% d'étudiants étrangers dans trois ans, alors que nous en sommes à seulement 2%, actuellement, précise le directeur d'Esprit Ingénieurs, Lamjed Bettaieb. Cet objectif s'inscrit dans le cadre d'une stratégie visant à préparer les ingénieurs à une carrière internationale, notamment en Afrique, et de faire d'Esprit un «Hub africain», continue-t-il. De l'autre côté de la salle, l'emblème de British Academy attire les nouveaux bacheliers. Le propriétaire de l'Ecole Supérieure d'Ingénieurs à Gafsa confie que plusieurs ont signé des préinscriptions, dans la matinée, à telle enseigne qu'il avait demandé à certains de prendre leur temps de visiter d'autres stands pour se faire une idée plus complète avant d'opter pour son établissement. Mais, préparer un diplôme britannique à Gafsa, où l'université, le foyer et le restaurant se situent dans un périmètre de 200 mètres, avec un tarif fort compétitif, est de nature à attiser l'appétit des apprenants. «Pas besoin de prendre le bus chez nous», précise-t-il. La tutelle aux abonnés absents Le stand réservé au ministère de l'Enseignement supérieur est vide. Finalement, l'énigme est élucidée : le ministre ne vient pas. Et comme conséquence directe, son homologue ivoirien ne viendra pas, protocole oblige. Ce qui prive le salon d'une couverture médiatique spéciale, suite à la visite d'un officiel de premier rang. Une telle couverture aurait donné une plus grande visibilité à l'événement, au journal de 20h et à la une des journaux de la place. A une journée du salon, ni l'organisateur, ni les autorités ivoiriennes n'avaient aucun détail au sujet de la visite du ministre. Les représentants des universités privées n'ont pas caché leur colère et n'ont pas mâché leurs mots. «C'est regrettable de la part d'un ministre qui ne reconnaît pas la place de l'enseignement supérieur privé dans l'économie nationale.», s'accordent-ils à dire.