S'il a donné l'impression pendant de longues années de ne pas pouvoir rattraper le temps perdu, le ST peut aujourd'hui arrêter de perdre son temps. Les écarts de conduite, la dispersion et la passivité sont cet abîme qui absorbe le ST sans résistance ni espoir. Dans le parcours de tout club, il y a des valeurs qui marquent leur temps, donnent à leur époque des lettres de noblesse. Mais il y a aussi des dérives qui les frappent du sceau de l'incompétence et de l'impuissance. Certaines périodes célèbrent la beauté et le savoir-faire. D'autres annoncent l'insignifiance, l'aberration et les maladresses. Le Stade vit aujourd'hui, particulièrement dans les bureaux et dans l'entourage du club, et certainement pas sur les terrains, une situation assez délicate. La présidence du club et l'élection au nouveau bureau directeur font tourner la tête à tous ceux qui y voient une belle opportunité pour se faire connaître et attirer les médias. Après avoir été annulée sur décision de la Cnas, au moment où Anouar Haddad s'est porté seul candidat à la présidence, l'assemblée générale élective aura lieu finalement le 28 août prochain. Entre-temps, beaucoup de choses ont changé. D'abord, Haddad n'est plus seul dans la course au titre. D'autres candidats postulent à ce poste. Ensuite, le président sortant ne manifeste plus la même position. Il n'est plus aussi catégorique et il ne s'est pas encore décidé sur son avenir au ST. Indépendamment des noms et des personnes, le club du Bardo a besoin aujourd'hui de trouver sa voie. Tout candidat, quelles que soient son appartenance et son affiliation, est appelé à défendre une approche centrée sur les trajectoires individuelles et collectives. L'objectif est de saisir le sens de la rupture non pas au temps, mais comme un processus long dont il sera possible de retracer les différentes étapes et analyser les conditions émergentes d'une nouvelle gestion. Cette approche suppose de ne pas en rester à la seule sphère des prises de position ordinaires, mais de comprendre le sens du changement au regard des nouvelles contraintes et obligations structurelles. Cette reconversion devrait-elle se traduire par des façons d'être, de faire et de penser différentes ? Là encore, on est obligé de souligner la variété des ambitions et des objectifs qui motivent les uns et les autres. Si pour certains, il est urgent de « changer pour tout changer », pour d'autres, le changement rime avec rupture. Passivité et renonciation à l'effort!... A travers ce que l'équipe seniors ne cesse de laisser entrevoir sur le terrain, le Stade ne peut plus accepter, dans sa version actuelle, de se résigner à être moyen, un peu mieux que mauvais, en se situant dans une zone de confort, vivant à se complaire et satisfait d'échapper au sort des plus mauvais. La passivité est cette renonciation à la lutte, à l'effort et au combat pour devenir meilleur. Le ST est actuellement ni parmi les cancres ni parmi les bons élèves. Il se place au juste milieu . Il faut dire que l'incompétence de certains responsables en exercice est visible à tous les niveaux. Elle inspire les dirigeants les plus invertébrés, sans idées ni valeurs, et dont la seule ligne de conduite est le populisme, préférant caresser les bas instincts des gens, au lieu de les hisser à d'autres niveaux. S'il a donné l'impression pendant de longues années de ne pas pouvoir rattraper le temps perdu, le ST peut aujourd'hui arrêter de perdre son temps. La vérité de demain se nourrit bien de l'erreur d'hier. On le sait, les défis et les épreuves ne sont pas souvent gagnés par les plus forts, ni par les plus avertis, mais par ceux qui n'abandonnent jamais. Il est temps d'ajuster une stratégie qui favorise les succès plutôt que de sanctionner les échecs. Les pratiques dans la gestion du groupe gagneraient à la fois à favoriser les réussites et à façonner leurs interprétations. Une piste pour y parvenir consiste à combiner des objectifs communs dans un système dans lequel chacun sera en mesure de percevoir ses convictions et son évolution. Les conditions favorables à la réussite de la nouvelle équipe dirigeante sont aussi d'ordre relationnel. Il s'agit d'instaurer un climat de confiance réciproque. Et donc une composante de la qualité du travail, pas un «à côté des prérogatives et des attributions». Faire régner l'ordre ne suffit pas à construire un climat positif au sein d'un club. La confiance et le sentiment d'appartenance nécessitent un travail qui cultive le respect, la sérénité et les obligations mutuelles. Le but est certainement encore loin, mais est-ce une raison pour ne pas y penser? Autant il est permis au club de grandir, autant on devrait comprendre qu'un autre monde devrait naître. C'est toujours peu de dire qu'il existe des hommes capables de forcer le cours des événements...