Entre Haddad et Ben Tounès, les supporters stadistes devraient choisir l'homme qui sera capable de redresser la barre. Il est temps d'ouvrir les grands dossiers. Le pouvoir peut attendre... La décision du CNAS relative à la désignation d'une nouvelle date pour la tenue de l'Assemblée générale élective a redistribué les cartes concernant le nom du nouveau président du ST. Anouar Haddad n'est plus justement seul candidat à ce poste. Ghazi Ben Tounès postule lui aussi à la présidence du club. Il bénéficie du soutien d'une bonne partie des supporters qui voient en lui l'homme de la situation, celui qui est capable de redresser la barre, notamment sur le plan financier. Il faut dire que le Stade est appelé aujourd'hui à entamer une nouvelle ère. A se doter de nouvelles prérogatives et à éponger le cumul d'un déficit financier qui ne cesse de conditionner le parcours de l'équipe et qui a engendré des répercussions négatives sur la gestion du club. Les contraintes d'ordre financier et l'absence de ressources ne sont pas simples. Elles ne le sont désormais pour aucun club, et pas davantage pour le Stade dont les grands hommes figurent plutôt dans le livre d'histoire. On est de plus en plus convaincu que l'instabilité technique est liée à l'instabilité financière et on se rend compte que le ST n'a plus, sous la conduite de Anouar Haddad, les moyens nécessaires pour se permettre des recrutements à la hauteur des aspirations. Le constat fait mal: les joueurs auxquels s'est intéressé Lassaad Dridi pour renforcer l'effectif peuvent à tout moment changer de cap, dans la mesure où d'autres clubs sont prêts à leur proposer des offres plus intéressantes. C'est le cas de Bouazzi, convoité par le CAB, ou encore Bellakhal visé par l'ESZ. Hicheri, auquel tient beaucoup l'entraîneur stadiste, peut à tout moment changer de direction. A l'origine de cette déstabilisation, la lenteur des négociations qui a fini par impatienter les joueurs en question et qui a permis à d'autres clubs d'entrer dans la course des transferts. Entre Haddad et Ben Tounès, les supporters stadistes devraient choisir celui qui sera vraiment capable de redresser la barre. Mais derrière la lutte des hommes, il est temps qu'émerge un débat d'idées même s'il est clair que l'appétit pour le pouvoir semble plus aiguisé que l'appétit pour les grands dossiers. C'est difficile de l'admettre, mais on réalise de plus en plus que le football est entré dans une phase de transition. Nous sommes passés, en effet, des responsables qui en étaient les premiers supporters, à des dirigeants préoccupés par la seule réalité économique et qui, finalement, n'ont plus nécessairement des liens de cœur avec lui. Nous sommes, d'ailleurs, dans un marché où il y a une concurrence artificielle qui tire toutes les contraintes budgétaires vers le haut. Finalement, quelles perspectives pour un club comme le ST? Quelles ressources et quels moyens pour faire face aux dépenses quotidiennes qui n'en finissent pas et qui ne semblent satisfaire personne? Là où les valeurs sportives n'ont plus de sens, là où le sentiment d'appartenance au club se trouve conditionné par des considérations extrasportives, les saisons sportives dans leurs différentes versions commencent et finissent avec la même allure, et souvent les mêmes acteurs. Quelque part, le Stade était perdu. Depuis le temps qu'il vit dans la grande désillusion, nous déplorons qu'il n'y ait eu jamais personne pour avertir et pour rappeler à l'ordre. Les hommes vont, les hommes viennent, mais les défaillances et les insuffisances portent toujours la même marque, la même signification. Bien entendu, le sort du club n'est pas encore scellé, mais il tient désormais à peu de choses. Sans faire de mauvais jeu de mots, ce n'est pas rassurant, encore moins assuré. Et ne parlons plus surtout de l'opération «reconquête des cœurs par les fausses promesses». Le ST affiche justement trop de carences pour aborder les prochains jours avec confiance. Des années durant, on a fait un fort mauvais usage des notions et des valeurs sportives. Par conséquent, on ne peut pas faire disparaître magiquement les réalités auxquelles elles correspondent par un simple sursaut d'orgueil. Confusion, inquiétude, grogne des supporters et difficultés économiques rythment le quotidien du club du Bardo. Il faut dire que les fractures sont quelque part aggravées par des appétits aiguisés. En somme, le chemin est encore long et les écueils sont nombreux. Il faudra certainement du temps, beaucoup de temps, pour que le Stade puisse vraiment se mettre sur la bonne voie. Nombreux sont ceux qui, face à ce sombre tableau, en viennent à regretter les temps anciens. Il n'en demeure pas moins qu'on aurait intérêt à y voir plus clair, pour faire le point et surtout aussi les comptes. Au point où en est arrivé le ST, c'est-à-dire au fond du gouffre, il est vital d'abattre la forteresse de la nullité, de recomposer les priorités, de redéfinir les structures de commandement. Bref de s'appuyer sur de vraies valeurs...