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Pour quels objectifs et selon quelles modalités?
Tribune - Un Congrès sur le Terrorisme
Publié dans La Presse de Tunisie le 25 - 08 - 2015


Par le général de brigade (r) Mohamed MEDDEB
Les 3 et 4 octobre prochain, aura lieu le congrès national sur le terrorisme, annoncé déjà depuis belle lurette. Jusque-là, on sait que ce congrès sera présidé par le chef du gouvernement, mais rien n'a encore filtré ni sur les objectifs recherchés, ni sur les modalités de son déroulement, ni sur les acteurs qui y seront impliqués. Or ces données sont généralement révélatrices de la nature et la qualité des conclusions qui pourraient résulter de cette activité nationale importante. Compte tenu de la situation sécuritaire prévalant dans le pays et la région et au vu des efforts déployés et les résultats réalisés en matière de lutte contre le terrorisme, on est en droit de se demander sur les objectifs qu'on peut assigner à ce congrès, ainsi que sur les modalités de son organisation et déroulement, pour justement atteindre les objectifs fixés.
Le présent article se propose d'essayer de répondre à ces questions qui, à mon avis, restent déterminantes quant à l'issue finale et à l'utilité même de ce congrès.
Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, il m'importe de rappeler certaines considérations de base importantes :
- Le terrorisme n'est que l'une des formes de menace parmi tant d'autres qui guettent le pays et auxquelles il doit se préparer pour y faire face ; limiter la question de la défense du pays à la seule menace terroriste est très réducteur et ne permet de couvrir la problématique réelle «la défense du pays» que partiellement et seulement à court terme;
- Le système de défense d'un pays n'est que la concrétisation de la politique de défense arrêtée par la nation, au fait formulée par le pouvoir politique. En outre, la construction d'un système de défense efficace et son adaptation aux évolutions géostratégiques sont un défi de longue haleine, ce système doit être constamment revu et, au besoin, réformé pour qu'il soit en mesure d'affronter n'importe quelle menace qui se précise; d'où l'importance de la prévention car l'enjeu est tel qu'on ne peut se contenter de réactions initiées au moment du déclenchement de la crise ; la prévention dans ce cadre consiste à maintenir un système national de défense opérationnel, crédible et par là dissuasif.
- Cette politique de défense est, à son tour, conçue en tenant compte d'abord de l'évaluation de la situation sécuritaire dans le pays et la région, donc des menaces et risques à affronter ; et ensuite des moyens militaires, économiques, financiers, scientifiques, humains et autres que la nation consent à sa défense, évidemment sans négliger les relations étrangères et la diplomatie de défense.
Ainsi, parler de guerre contre le terrorisme nous amène forcément à considérer aussi toutes les autres formes de menace ; car le système de défense à construire devrait être à même de faire face à toutes les menaces potentielles identifiées. Et puisque ce système, comme précisé plus haut, n'est autre que la mise en œuvre de la politique de défense arrêtée, le débat sur la guerre au terrorisme ne peut avoir lieu sans aborder et revoir les fondamentaux de la politique de défense en vigueur. Ceci nous éclaire déjà sur certains thèmes que le Congrès devrait, par la force des choses, aborder.
Partant de ces considérations et de la situation prévalant dans la région et à l'intérieur du pays sous l'angle du terrorisme, on peut fixer au Congrès les objectifs suivants, qui se veulent plutôt réalistes et concrets:
1. Sur le plan politique, le seul objectif à rechercher serait une déclaration solennelle, forte, claire et sans condition aucune, de tous les partis politiques et organisations nationales, une déclaration de leur plein engagement dans cette guerre contre le terrorisme et par là leur soutien, moral et matériel, inconditionnel aux forces engagées dans cette lutte, l'armée nationale, les forces de sécurité Intérieure et autres corps armés.
Ainsi, le défi sur le plan politique serait plutôt d'éviter que certaines parties profitent de cette tribune pour essayer de régler leurs comptes politiques et jeter, à tort où à raison, la responsabilité de ce qui arrive au pays sur le plan sécuritaire, sur leurs adversaires politiques ; ce qui bien évidemment provoquerait des réactions du même type et conduirait les débats vers une spirale de surenchères politiques, idéologiques et identitaires sans aucun intérêt pour le pays ; au contraire, un tel dérapage produirait exactement le résultat inverse de celui recherché, accentuerait davantage les divergences internes et la désunion, ce qui ferait bien le bonheur des organisations terroristes.
Pratiquement, cela nécessite des concertations préalables entre les différentes parties politiques et une préparation minutieuse pour dépasser toutes les divergences ou au moins les reporter pour d'autres occasions. Sur le plan politique, ce Congrès ne doit être l'occasion que de l'expression forte d'une union nationale bien solide face au terrorisme et de la détermination de toutes les composantes de la société à en découdre, et cela sera l'unique objectif d'ordre politique attendu du Congrès;
2. Sur le plan stratégique, moins politique et plus pratique, deux objectifs peuvent être poursuivis :
a. D'abord, un large débat autour de la politique et du système de défense :
En effet, c'est une occasion inouïe pour revoir les fondamentaux de notre politique et système de défense nationales et au besoin y apporter les réformes jugées nécessaires. Ceci implique que sur le plan de la démarche, ne pas limiter l'objet du Congrès au seul thème du terrorisme, au contraire, celui-ci n'étant que l'une des menaces qui guettent le pays, la question fondamentale à étudier est en réalité : « Comment mieux défendre le pays », sous-entendu contre toutes les menaces et tous les risques potentiels, y compris le terrorisme. Et comme l'édification d'un système de défense efficace et dissuasif est un processus continu et de long terme et vu la situation sécuritaire dans la région appelée plutôt à s'envenimer davantage, il y a lieu de s'inscrire dans la durée, prévoir et planifier donc pour au moins la vingtaine ou trentaine d'années à venir. Ceci nous amène donc, en partant de l'évaluation de la situation sécuritaire dans la région et le pays et l'identification des menaces et risques, à répondre successivement aux différentes questions de fond suivantes :
- Quelle politique de défense adopter: politiques et relations internationales de défense? Fondements et grandes orientations en matière de politique de voisinage et de sécurité régionale? Type et étendue de la coopération militaire internationale ? Rôle des différentes composantes de l'Etat et de la société dans la défense du pays? ...
- Quel type d'armée faut-il mettre sur pied ? confirmer l'option «armée de conscription» en vigueur depuis l'indépendance et reconfirmée par la Constitution du 27 janvier 2014 ou passer à une armée dite «de métier»? Et pourquoi un modèle et pas l'autre ? Conséquences de chaque option ?
- Quels sacrifices sommes-nous contraints et disposés à consentir pour la défense du pays ?
- Quel service national obligatoire convient-il d'instaurer: sa durée ? ses formes et ses modalités ? son timing, surtout pour les étudiants du supérieur ?...
Le but donc de ce débat, qui pour des raisons multiples n'a jamais eu lieu dans le pays, serait de sensibiliser toute la société — gouvernants, partis politiques, élite, associations de la société civile et citoyens ordinaires — à ces questions fondamentales de défense et les mobiliser en vue de les faire prendre part activement, chacun à partir de sa position socioprofessionnelle, à la défense de la nation, au fait pour assurer sa propre sécurité. Cette prise de conscience collective des enjeux et de la nécessité de la participation de chaque citoyen dans la défense du pays, comme prescrit dans la constitution, reste la condition sine qua non pour la réussite de toute politique et stratégie de défense.
b. Dégager un consensus, le plus large possible, autour d'une stratégie globale de lutte contre le terrorisme : en termes simples, tenant compte du caractère multidimensionnel du phénomène du terrorisme, il s'agit d'élaborer un plan d'action pour chaque secteur concerné ; identifier un ensemble de mesures concrètes, réalisables et vérifiables couvrant le court, le moyen et le long terme. Pour y parvenir, il y a lieu d'accorder dans ce congrès aux vraies compétences dans les différents secteurs, la place qu'ils méritent et ne pas se laisser dominer par les politicards. Cela exige de faire participer les compétences et spécialistes des différents domaines concernés : bien sûr militaire et sécuritaire mais aussi dans les secteurs de l'éducation, de la religion, de la culture, de l'économie, des finances, des TIC, de la prospective ... et faire appel tant que possible aux compétences plutôt non partisanes.
Au niveau de l'organisation, il est opportun de constituer, le plus tôt possible, des groupes de réflexion composés de spécialistes de l'administration et d'ailleurs, et de charger chacune de ces équipes de l'élaboration d'une stratégie explicitée dans un plan d'actions spécifique au domaine en question qui sera présenté à la présidence du Congrès pour approbation et au besoin modification, avant de l'intégrer dans les conclusions générales du congrès et leur adoption finale. Y faire participer le maximum de compétences spécialisées reconnues de l'administration et d'ailleurs ne fera qu'élargir davantage l'engagement de la société civile et de la masse des citoyens en général dans cette entreprise de défense et sécurité nationale, et c'est bien là l'un des buts recherchés par ce débat.
Aussi, il est vivement recommandé d'encourager les centres d'études et les Associations de la société civile et les Médias, à organiser en amont et en marge du Congrès des manifestations telles que conférences, colloques, journées d'études, ateliers, rencontres de réflexion, plateaux de télévision et autres formes de rencontres autour des thèmes de défense et sécurité ayant trait au thème du congrès. La problématique étant nationale, ces activités devront s'étendre au maximum dans les régions du pays et à toutes les catégories de citoyens, abstraction faite de toute autre considération. Cela constituerait la meilleure façon de mobiliser toutes les composantes de la société et les inciter à méditer sur la question de défense et sécurité et les faire prendre conscience de leurs responsabilités et devoirs en tant que «citoyen responsable et réellement engagé», en connaissance de cause, dans la défense du pays et pour le cas d'espèce dans la guerre menée contre le terrorisme.
Enfin, dans un souci d'efficacité et de pragmatisme, le congrès sur le terrorisme devrait être placé au niveau, plutôt stratégique, c'est entre le politique et l'opérationnel/technique, et non pas strictement politique ; ceci permettrait d'évacuer les divergences et les querelles politiques qui risquent d'éveiller les démons et cristalliser les débats plutôt sur des dissensions idéologiques et identitaires au lieu de concentrer l'attention et les efforts sur la conception de plans d'actions concrètes et réalisables.
Faut-il rappeler aussi que la réussite du congrès dépendra largement de la bonne organisation et conduite des travaux préparatoires, c'est là que seront élaborées les conclusions et recommandations finales du congrès; réserver seulement le mois de septembre pour ces travaux préparatoires serait assez périlleux.
En conclusion :
1. Un congrès à trois objectifs :
- la réaffirmation politique solennelle de la détermination de toutes les composantes de la nation, partis politiques et organisations nationales civiles, à combattre le terrorisme et le renouvellement de leur appui inconditionnel aux forces engagées dans cette guerre, armée, forces de sécurité intérieure et douane ;
- l'élaboration d'une stratégie globale, multidisciplinaire, explicitée dans des plans d'actions concrètes bénéficiant et couvrant le court, le moyen et le long terme, pour la défense du pays contre toute menace et en premier lieu contre le terrorisme;
- la mobilisation de toutes les composantes de la société, partis politiques, organisations nationales, associations civiles et citoyens et leur implication dans les travaux du congrès pour débattre aussi de leurs rôles de «citoyen responsable engagé» dans la défense du pays;
2. L'entente politique devant être assurée avant même son démarrage, le congrès devrait être placé au niveau plutôt stratégique que politique, avec la contribution significative de compétences et de spécialistes de l'administration publique et d'ailleurs aux travaux du congrès dans les différents domaines liés au terrorisme.
- Que Dieu garde la Tunisie


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