L'exportation du lait vers la Libye, l'Algérie et les pays africains pourrait résoudre le problème de l'abondance actuellement constaté. Les unités industrielles refusent le lait qui parvient des producteurs sous prétexte que les quantités stockées sont élevées. Le marché du lait se caractérise, actuellement, par une perturbation, ce qui ne permet pas de commercialiser toutes les quantités produites et qui ont nécessité des fonds importants supportés par les éleveurs. Une telle situation a eu des impacts négatifs sur toute la chaîne du lait et notamment au niveau de la production. Selon l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap), les perspectives de ce secteur ne sont pas rassurantes dans la mesure où il est encore fragile et sensible aux bouleversements constatés sur le marché local. Toujours selon cette organisation professionnelle, il est devenu nécessaire, aujourd'hui, de prendre les dispositions urgentes qui s'imposent en vue de sauver le secteur et les producteurs. Ces derniers ont sollicité des autorités compétentes d'agir dans les plus brefs délais pour pouvoir poursuivre leur activité en tenant compte de la qualité et des besoins du marché. Une prime pour l'exportation Parmi les doléances formulées, celle qui concerne la prime pour l'exportation d'une valeur de 100 millimes par litre de lait vendu à l'extérieur. Il s'agit aussi de prendre en charge par l'Etat une quantité d'au moins 5 millions de litres pour la stocker et les distribuer aux différents établissements sanitaires, éducatifs, et casernes. Les professionnels recommandent, en outre, de faire du groupement interprofessionnel des viandes rouges et du lait un interlocuteur unique de tous les intervenants dans le secteur en vue de mettre fin à l'anarchie et à la contradiction des mesures. Par ailleurs, le mécanisme d'exportation du lait devrait être revu et développé pour qu'il soit en mesure de répondre aux besoins des exportateurs d'une façon efficace et durable. Ainsi, une partie de la production peut être écoulée sur les marchés extérieurs où les potentialités sont énormes et les prix pratiqués avantageux. Le lait tunisien qui se distingue par sa qualité et sa conformité aux normes nationales les plus rigoureuses pourrait trouver des acheteurs dans plusieurs pays et particulièrement les pays voisins comme la Libye et l'Algérie. Les marchés africains présentent, eux aussi, des opportunités de commercialisation importantes. Des actions de prospection de ces marchés permettraient de résoudre le problème de l'abondance de la production. Les professionnels sont favorables à la mise en fonction de l'usine d'assèchement du lait à plein régime et d'une façon permanente, et ce, pour absorber les excédents de lait. L'Utap a souligné, dans ce contexte, que l'accroissement des quantités de lait destinées aux stocks stratégiques ont atteint, pour la première fois, près de 67 millions de litres au cours du mois d'août 2015, ce qui signifie que le dispositif d'exportation ne fonctionne pas d'une façon fluide. Le manque de visibilité, la défaillance au niveau des prévisions et le souci de satisfaire les besoins du marché local sont mis en cause. Pourtant, le secteur est en mesure de fournir les quantités nécessaires pour le marché local et d'exporter notamment vers le marché libyen. Une quantité de la production est, en outre, refusée par les unités industrielles, actuellement, vu l'augmentation des quantités stockées qui atteint dans certains cas plus de 200 mille litres par jour. Ce refus lèse les producteurs qui sont toujours appelés à supporter un coût de plus en plus élevé. Spécificités liées à l'exportation L'exportation du lait est confrontée à plusieurs problèmes structurels, dont notamment la fluctuation de la production d'une année à l'autre, ce qui ne permet pas de fidéliser les marchés extérieurs. En outre, les commandes de l'exportation se font généralement au cours de la haute lactation pendant le printemps pour couvrir la période la basse lactation pendant l'hiver. Par ailleurs, le marché européen, principal partenaire de la Tunisie, est pratiquement saturé. Tous les Etats membres de l'UE produisent du lait et ce secteur représente une part importante de la valeur de la production agricole commune. La production laitière représente, également, un élément très important de l'économie agricole de certains Etats membres. Par voie de conséquence, la Tunisie devrait concurrencer ces pays pour écouler son lait, qui souffre déjà de problèmes structurels de qualité. Aussi, il ne faut pas oublier que la production agricole européenne est fortement subventionnée, ce qui limite nettement la marge de manœuvre devant les exportateurs tunisiens. Même le marché africain est déjà conquis par des exportateurs traditionnels, présents de longue date sur le continent.